Grandes composantes des paysages départementaux

Résultant de l’histoire du territoire et des conditions naturelles, les paysages se différencient par la présence des éléments qui s’offrent à la vue. Nous observons ici comment le bois, la haie, le champ, la ville, la route… se déclinent et s’associent différemment selon les lieux.

    Des forêts sur les buttes et dans les fonds de vallées

    La forêt occupe le plateau surmontant légèrement la vallée de la Briande, en contrebas de la butte cultivée de Monts-de-Guesnes visible sur la gauche à l’arrière-plan.

     

     

    Une forte relation au relief

    Bien que les dénivelés soient peu importants sur l’ensemble du département, la plupart des forêts occupent soit les plateaux ou buttes les plus hauts, soit les plaines les plus basses. Les positions intermédiaires, plus favorables à l’agriculture, sont moins boisées.
    Au centre et au sud du département, les forêts privilégient les hauteurs, souvent sur formations tertiaires altérées ou mélangées à des limons éoliens : massifs de Moulière et de Chitré, de la Guerche et de la Groie(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais), de Vouillé-Saint-Hilaire, bois situés au nord de Scorbé-Clairvaux, forêt de Verrières, bois du plateau d’Usson-du-Poitou, forêt de Saint-Sauvant.

    Au nord, la forêt de Scévolles et les formations du Loudunais occupent surtout les dépressions.
    Quelques forêts font exception en occupant des versants de vallées comme la forêt de Lussac, les reliefs proches de la Roche-Posay ou les petites vallées de Chauvigny.

    Les principaux massifs et notamment la forêt de Moulière sont présents depuis des siècles (voir partie historique). Les types de peuplements privilégient les feuillus mais dans les parties centrales et aussi sommitales des massifs importants, des conifères, en particulier des pins maritimes ont été largement plantés.
    Les peupleraies sont également nombreuses dans les vallées humides du Loudunais-Mirebalais.
    Les châtaigniers restent présents dans de nombreux bosquets sur les terres rouges au sud de Valence-en-Poitou.

     

    Sur le plateau à dominante sableuse ou marneuse séparant le Clain de la Vienne, la disposition des parcelles de conifères dans l’ensemble du massif permet de minimiser les effets des contacts trop tranchés.

    Composition de la forêt

    • 129 000 ha (1/5 du territoire) en progression de 10 % sur la dernière décennie, dont 124 000 en production
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    • Propriété privée à 92 %
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    • Destination : 46 % grumes pour bois d’œuvre ; 33 % énergie ; 17 % trituration
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    • Principales essences : 39 % de chênes pédonculé, rouvre et rouge ; 26 % d’autres chênes et charmes ; 20 % d’autres feuillus ; 15 % de résineux
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    Source : Chambre d’agriculture, Panorama de l’agriculture - chiffres Agreste 2017

    Prairies et bocage près des massifs anciens

    Les landes ont disparu mais les haies restent nombreuses

    Si les terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) ont longtemps occupé une part importante du territoire, les landes sous toutes leurs formes ont quasiment disparu aujourd’hui. On les trouve sous forme de quelques taches résiduelles, souvent maintenues volontairement au titre de la biodiversité ou à des fins pédagogiques (ENS(Espace Naturel Sensible. Les ENS sont le cœur de la politique environnementale des départements.)) : Pinail, Sainte Marie, Grandes Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) de Lussac…

    Également hérité des formes anciennes d’utilisation du sol, le bocage, associant haies, prairies et parcelles cultivées est resté beaucoup plus présent que les landes.
    La carte des haies traduit la conservation de formes bocagères à l’approche du Limousin au sud-est, et de la Gâtine à l’est. Elle montre aussi qu’avec une moindre densité, les haies restent assez nombreuses dans toute la moitié sud du département.

    Entre champs ouverts et bocage dense, ce type de composition associant un parcellaire plus ou moins regroupé et des haies partiellement connectées est assez fréquent dans le sud du département.

    La présence contrastée des prairies

    Comme les haies auxquelles elles sont souvent associées, les prairies sont surtout présentes sur les marges hercyniennes du département et sur les plateaux et dans les vallées du sud du département.
    En revanche, elles sont peu présentes dans le nord-ouest du département : plaines et plateaux du Loudunais, du Mirebalais et de Neuville.

    Des cultures spécialisées de terroirs

    Principalement représentées par les vignes et les cultures légumières, les cultures spécialisées sont concentrées dans le Loudunais, le Mirebalais et les environs de Neuville-de-Poitou. Les vergers et les fruits à coques, peu abondants, sont mieux répartis.

    A l’instar des surfaces en herbe, la plupart des cultures spécialisées telles que fruits, légumes, vergers restent assez concentrées dans des secteurs particuliers auxquels elles apportent une touche d’originalité, même si leur extension spatiale est peu importante.

    Des terres de grandes cultures peu différenciées

    Lorsque les surfaces sont planes et que les sols ne présentent pas trop de contraintes, notamment de texture et d’hydromorphie, les vastes parcelles céréalières se juxtaposent.

    La carte montre une faible diversité des types de culture, le travail effectué sur les sols ayant permis d’étendre les surfaces cultivées aux secteurs autrefois peu fertiles, au prix d’une certaine homogénéisation des paysages agricoles.

     
    L’agriculture représente près de 69 % de la surface du département, et lorsque les plateaux présentent des surfaces assez planes et que la qualité des sols le permet (à l’état naturel ou modifiés), l’agriculture intensive devient hégémonique.

    La moitié des cultures sont des céréales, suivent les oléagineux et les prairies temporaires. Les autres productions totalisent moins du quart de la surface cultivée.

    L’urbanisation concentrée entre Poitiers et Châtellerault

    Le réseau urbain de la Vienne avait connu un développement historique précoce (voir partie historique) mais était resté assez stable à travers les siècles. Les surfaces urbanisées n’ont vraiment commencé à croître qu’à partir du milieu du XXe siècle autour de Poitiers et Châtellerault, et de la vallée du Clain qui les relie, s’étendant rapidement en quartiers de maisons individuelles à la périphérie des noyaux urbains historiques. Il en résulte une conurbation, surtout autour de Poitiers, et un large étalement des bourgs et villages situés un peu plus loin des centres principaux.

    Cette dynamique s’exprime dans des petits centres latéraux tels que Vouillé, Neuville-de-Poitou, Mirebeau, vers l’est jusqu’à la vallée de la Vienne, en remontant le Clain jusqu’à Vivonne, en descendant la Vienne au-delà de Châtellerault jusqu’à la frontière départementale.

    Hors de cette zone d’influence, quelques centres secondaires se maintiennent avec plus ou moins de réussite ; Loudun, Montmorillon, Chauvigny, Civray…

    Le reste, notamment un vaste croissant couvrant le sud-est du département et un groupe de communes autour de Saint-Jean-de-Sauves, a beaucoup moins évolué.

    Outre l’extension des tâches urbaines autour de Poitiers et aux abords du Clain, la carte montre un plus grand nombre de villages dans le nord-ouest du département par rapport au sud-est, traditionnellement peu peuplé.

    La carte des densités permet d’affiner la précédente : confirmation de l’attractivité de Poitiers qui se propage assez loin jusque vers la frontière des Deux-Sèvres et la vallée de la Vienne ; mais on remarque également le faible nombre d’habitants, non seulement dans le sud-est, mais aussi dans le nord-ouest rural dont la majorité des communes s’est dépeuplée au cours du XXe siècle

    Infrastructures : contraste entre maillage historique et voies nouvelles

    Au nord de Poitiers, la densité des tracés parallèles au Clain de la nationale 10, de l’autoroute, de la D4, de l’ancienne voie ferrée et de la LGV contrastent avec le maillage départemental.

     

     

     

    En grande partie, le réseau routier et les voies ferrées actuels se superposent à ceux du XIXe siècle observables sur la carte de l’état-major, voire, pour les routes principales, à celles du XVIIIe siècle dessinées sur la carte de Cassini. En accord avec la plus forte densité des communes, le réseau est plus dense dans le nord-ouest du département.

    Certes, des déviations ou des rocades contournent la plupart des villes, l’autoroute A10 construite dans les années 1970 et la ligne TGV ouverte en 2017 ont spectaculairement renforcé l’axe Paris-Bordeaux avec une emprise particulièrement sensible entre Poitiers et Jaunay-Marigny. Mais pour spectaculaires qu’ils soient, ces grands travaux n’affectent finalement qu’une petite partie des paysages départementaux, le reste ayant connu des transformations plus modérées.

    S’ajoutent néanmoins localement nombre de dessertes et ronds-points raccordant les lotissements, les voiries largement dimensionnées des abords du Futuroscope.