Les enjeux paysagers liés aux énergies renouvelables

    Dans la Vienne, le développement des énergies renouvelables est historiquement passé d’abord par le bois-énergie. Cette filière, la plus importante aujourd’hui pour les ENR du département, présente relativement peu d’enjeux en termes de paysage, si ce n’est des enjeux classiques de modération des prélèvements forestiers. Plus récemment sont apparus les champs éoliens, dont le développement est régulièrement questionné sous l’angle des paysages. En effet ces objets gigantesques avec leur grande hauteur, leur couleur claire, le mouvement de rotation des pales, l’étendue et la répétition des parcs ou encore l’éclairage nocturne, rendent ces installations très visibles. Enfin, les installations photovoltaïques sont actuellement en plein essor, qu’il s’agisse de parcs au sol, de trackers ou d’installations sur toitures. La maitrise du déploiement des parcs éoliens et l’insertion des installations photovoltaïques sont des enjeux paysagers forts.

    Maitriser le déploiement des parcs éoliens

    Les grandes cultures composent la majeure partie des paysages de la Vienne. Même accompagnées d’un bocage résiduel, elles constituent de vastes étendues ouvertes ce qui rend tous les projets liés aux énergies très visibles. Dans ces paysages, les éoliennes s’affichent avec force de loin. Il n’est pas possible de chercher à les masquer, il faut donc rechercher à composer un nouveau paysage où les éoliennes seront un élément à part entière.

    Il est donc important de préfigurer la capacité et la sensibilité de ces territoires à accueillir les éoliennes, au regard de chaque unité paysagère. La répartition des projets d’installation des mâts, la densité des parcs, la taille et l’agencement des parcs entre eux sont par exemple à étudier finement. Les effets de dominance et de covisibilité aussi, notamment par rapport aux silhouettes des villages, des fermes ou du patrimoine bâti. La répétition des parcs et leur concentration sont également à interroger. On pourra ainsi éviter les effets de saturation et le mitage récurrent. Il est important de déterminer les secteurs à privilégier et ceux plus intimes à éviter comme par exemple les vallées et leur proximité. A l’échelle des projets, l’implantation des éoliennes au sein d’un même parc et leur composition avec le paysage, la position des parcs par rapport aux axes routiers, constituent autant de points à investiguer pour la réussite d’implantation des éoliennes au regard du paysage. Il est également important que l’expérience des parcs éoliens déjà installés soit analysée. Ce retour d’expérience est riche d’enseignement pour guider la poursuite de l’implantation des éoliennes dans la Vienne.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Etablir des schémas départementaux et intercommunaux, étudiant les conditions d’implantations des parcs et leurs conséquences dans le paysage. Définir la sensibilité de l’unité paysagère au regard de l’éolien et les bases de réflexions à avoir. Prévoir pour les parcs : les densités, les tailles, la répartition dans l’unité, la composition…
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    • Inclure dans les documents d’urbanisme les choix résultant de la réflexion et de l’étude.
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    • Prévoir les conséquences du choix d’implantation des postes sources qui conditionnent l’implantation des futurs parcs.
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    • Réfléchir aux discontinuités des parcs pour éviter l’effet de masse. A l’inverse, éviter un effet de mitage par de nombreux petits parcs.
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    • Bien étudier l’impact paysager ou patrimonial des parcs. Composer avec les lignes de forces.
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    • Adapter le projet au site pour une implantation harmonieuse. Réfléchir à toutes les échelles, des vues les plus lointaines aux abords directs, pour caler au mieux le projet. 
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    • Evaluer l’impact visuel des projets, notamment vis à vis des sites touristiques ou des sites et monuments bénéficiant d’une protection. 
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    • Observer une grande vigilance vis à vis des covisibilités et des effets de dominance par rapport aux villages, aux bourgs et aux patrimoines bâtis.
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    • Intégrer les équipements connexes : transformateur, chemin d’accès…
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    • Recomposer les trames du paysage une fois le parc implanté.
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    • Effectuer des retours d’expériences sur des cas concrets de parcs installés.
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    Intégrer le photovoltaïque dans le paysage

    Les parcs photovoltaïques n’en sont qu’à leur début dans le département de la Vienne. Au regard du grand paysage, à la différence de l’éolien, ils ont un impact visuel lointain plus limité. Au sein des grandes cultures, les étendues de panneaux ne sont perceptibles que depuis leurs abords directs, voire du kilomètre en l’absence de végétation. Par contre, dès qu’il y a un relief, leur visibilité s’affirme avec des covisibilités qui peuvent être bien plus étendues, comme par exemple dans les vallées ou les coteaux. Les projets sont alors plus délicats à implanter. La sensibilité vis-à-vis des sites patrimoniaux doit être soigneusement évaluée. Il est important de réfléchir à la mise en place de schémas départementaux ou plus locaux, de prendre en compte le paysage à toutes les échelles, tant en amont qu’au cours de l’élaboration des projets.

    Les projets agrivoltaïques doivent combiner sur une même parcelle production agricole et production énergétique. Cette appellation recouvre des installations de nature très diverses : bandes photovoltaïques au sol (panneaux verticaux, tables photovoltaïques) intercalées avec des prés ou des cultures, trackers photovoltaïques orientables sur plots, ombrières photovoltaïques recouvrant des serres, des élevages… Ces projets peuvent couvrir des superficies importantes ou se multiplier autour des postes de raccordement électriques, générant un risque de mitage du territoire. Du point de vue paysager, ces projets doivent être analysés quant à leur impact visuel, leurs éventuelles covisibilités avec des sites patrimoniaux. Mais il conviendra également d’être vigilant afin de maintenir un équilibre paysager et d’éviter de basculer d’un paysage rural vers un paysage à connotation plus industrielle.

    Les toitures des bâtiments agricoles, commerciaux ou industriels offrent des potentialités importantes pour recevoir des panneaux photovoltaïques, de même que les aires de stationnement et les parkings des centres commerciaux. Concernant les bâtiments agricoles, il convient de veiller à ce que les nouveaux bâtiments aient bien une utilité agricole et ne soient pas juste des supports pour des toitures photovoltaïques. Les enjeux paysagers liés aux toitures photovoltaïques sont similaires à ceux des bâtiments classiques : une vigilance vis-à-vis de leur qualité architecturale, de leur impact visuel et de leur intégration dans le paysage (choix du site d’implantation, volume, covisibilité, plantation, coexistence avec les bâtiments existant…).

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Etablir des schémas départementaux et intercommunaux, envisageant les seuils de couverture à ne pas dépasser, les choix de type de terrain, la préservation de certains secteurs… Et les traduire dans les PLUi. 
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    • Prévoir les conséquences du choix d’implantation des postes sources qui conditionnent l’implantation des futurs parcs. 
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    • Adapter le projet au site pour une insertion harmonieuse. Réfléchir à toutes les échelles, des vues lointaines aux abords directs, pour caler au mieux le projet. 
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    • Evaluer l’impact visuel des projets, notamment vis à vis des sites touristiques ou des sites bénéficiant d’une protection. 
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    • Dans les collines et les coteaux, éviter les implantations en crête et les terrassements. Bien évaluer les covisibilités avec les secteurs habités. 
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    • Prévoir des transitions plantées autour des parcs. Utiliser les trames du paysage en place (haies, bandes boisées) pour y inclure au mieux les projets. 
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    • Réfléchir aux discontinuités des parcs pour éviter l’effet de masse. A l’inverse, éviter les effets de mitage par de trop petits parcs. 
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    • Intégrer les équipements connexes : transformateur, onduleur, clôture, système de surveillance, citerne/bassin, locaux techniques, câbles, accès… 
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    • Fixer des surfaces maximales de couverture du sol par les panneaux pour justifier la mise en place d’un projet agrivoltaïque. Evaluer l’impact des projets sur la valeur agronomique ou forestière des parcelles (sol, perte de production…). 
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    • Prévoir dès le début la réversibilité et la reconversion éventuelle du parc photovoltaïque. 
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    • Encourager le photovoltaïque en toiture, en zone artisanale, commerciale ou industrielle. Favoriser la valorisation photovoltaïque des vastes aires de stationnement. 
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    • Bien étudier l’impact paysager ou patrimonial des toitures photovoltaïques. Valoriser les toitures existantes plutôt que de construire de nouveaux bâtiments "supports" de toitures photovoltaïques. 
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    • Bien évaluer l’impact visuel des trackers photovoltaïques qui peuvent atteindre des hauteurs importantes. Eviter les implantations en crête.
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    • Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte. 
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    • Eviter les implantations trop visibles des nouveaux bâtiments ou des parcs agrivoltaïques : en crête, sur un versant, en entrée de village ou en bord de route. Evaluer les covisibilités pénalisantes pour le village et les habitants. 
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    • Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes. Veiller à limiter les terrassements et parfaire leur réalisation sans rupture de pente importante. 
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    • Eviter les bâtiments photovoltaïques agricoles avec des pans de toitures dissymétriques. Considérer également les orientations de toitures sud-est et sud-ouest. Justifier une légitimité d’usage agricole des bâtiments.
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