Représentations culturelles des Terres de Brandes

La vallée de la Clouère et quelques sites naturels ou bâtis se détachent dans un ensemble pauvre en représentations

    Cette grande unité dont le nom – Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) – évoque historiquement la pauvreté des sols, est également indigente en représentations picturales ou photographiques. Sur ce plateau faiblement ondulé, entre bocage au sud et champs plus ouverts au nord, seuls quelques sites naturels comme la réserve du Pinail ou la forêt de Moulière, les bourgs le long de la vallée de la Clouère, ou encore l’ancienne abbaye de Nouaillé arrivent, hier ou aujourd’hui, à susciter des images. Les châteaux, très nombreux, sont les éléments les plus présents mais leur représentation n’inclut pratiquement jamais le paysage alentour.

    Le territoire de l’arrondissement de Poitiers est très inégal en qualité. Dans la partie qui est entre le Clain et la Vienne, et qui comprend les cantons de Dissay, Saint-Julien, Nouaillé et La Villedieu, les terres sont généralement maigres et sablonneuses ; il y a beaucoup de bois nationaux : on y trouve la forêt de Molière (sic), la plus étendue et la plus intéressante du département. 
     

    Citoyen Cochon, préfet, Description générale du département de la Vienne, Imprimerie des Sourds-Muets, 1801

    De rares images du plateau

     

    La curiosité hydrologique de la fontaine incrustante est l’occasion d’une représentation du plateau sur lequel est inscrit le petit bourg d’Aslonnes et de ses principaux caractères paysagers : une grande ondulation mise en valeur par le vaste champ ouvert piqué de quelques arbres isolés, et dont l’horizon est barré par une lisière boisée.   

    La vallée de la Clouère 

    La vallée de la Clouère concentre les principaux bourgs de l’unité de paysage. C’est donc là logiquement que les représentations, presque exclusivement des cartes postales anciennes, sont les plus nombreuses. La rivière et sa vallée y sont peu présentes, au contraire du patrimoine bâti des châteaux et des églises. Cependant, la vallée suscite de l’intérêt, comme en témoignent les nombreux chapitres que lui consacre par exemple une publication récente et savante de l’Université de Poitiers [1] s’attachant à sa géographie, son paysage, son écologie, son histoire, son ethnographie, entre autres.

    Gençay : les ruines du château médiéval [2], motif de la vallée

    Au confluent de deux ruisseaux, la Belle et la Clouère, à 27 kilomètres de Poitiers, sur la route de Saint-Martin-l’Ars, (…) Gençay possède une église du XIIe siècle et, dans un site charmant les ruines d’un vieux château qui remonte au XIIIe siècle. Tout près de là, le château de la Roche mérite une visite. 
     

    Onésime Reclus, À la France, sites et monuments : Poitou, Touring Club de France, 1904

     

     

    Les ruines du château du XIIIe siècle sont une des figures des représentations de la vallée de la Clouère, à la confluence, à Gençay, avec la Belle.  On voit ici, au premier plan, le doux vallonnement du plateau depuis lequel est prise cette photographie, puis, au second plan, à gauche, le château et le clocher de l’église qui font signal au sommet du coteau.

    Usson, Château-Larcher et Marnay, des bourgs dans une vallée très discrète

    Deux belles représentations du village d’Usson dans la vallée de la Clouère dont la présence n’est qu’évoquée par le pont sur la carte postale de gauche. L’église du XIIe siècle est classée monument historique. La présence du grand arbre à gauche magnifie l’architecture romane du monument. 

    En aval de la Clouère, vers le nord, Château-Larcher se développe en ruban sur le haut d’un petit éperon qui surplombe la rivière. La photographie aérienne permet de percevoir – chose rare - le paysage environnant, constitué ici de champs ouverts qui se développent au nord de la rivière dont le cours est jalonné de plantations de peupliers.  Au pied du château et de l’église, les terrasses alluviales accueillent des parcelles jardinées.

    Ici aussi, alors que le village est implanté sur une hauteur surplombant un méandre de la Clouère, les représentations se concentrent beaucoup sur son patrimoine bâti : la belle église classée et la curiosité de la lanterne des morts

     

    Ici, exception à la règle, le ruban de la Clouère est partie prenante de la représentation du bourg et en constitue même le motif principal.

    La forêt de Moulière

    La forêt de Moulière, non loin de Poitiers, est un site très prisé aujourd’hui des habitants de l’agglomération pictavienne. Cependant, les représentations de ses paysages, de ses ambiances restent rares.  

    Alors que les routes offrent de longues traversées et de belles échappées visuelles au sein de la forêt et que leurs représentations font partie des motifs récurrents de la représentation du milieu forestier, en forêt de Moulière elles restent exceptionnelles. Ici les lisières semblent être surtout constituées de pins maritimes proposant un contraste d’ambiances avec les feuillus, principales essences des Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.).

    La réserve nationale naturelle du Pinail

    Au nord de la forêt de Moulière, cette lande à mares issues de l’exploitation de la pierre meulière et d’un mode d’exploitation agricole révolus, a été reconnue réserve naturelle en 1980. Médiatisée par le tourisme pictavien, ce site naturel mais entièrement façonné par la main de l’homme est aujourd’hui bien connu à l’échelle départementale et ses représentations (photographies et vidéos) sont nombreuses.

    Entre les landes à mares du Pinail et la forêt de Moulière le contraste est saisissant. Il est surtout sensible grâce à la photographie aérienne. L’image du fauchage des brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) et celle des mares permettent de mieux rendre compte des différentes ambiances de cette réserve naturelle aux paysages hors du commun.  

    [1] Paysages en mémoire en Poitou et en Charentes, Université de Poitiers, La Geste, 2020

    [2] Voir aussi dans le chapitre sur les représentations du département, la gravure du XIXe représentant le château de Gençay.