Représentations culturelles du Loudunais

Les paysages du Loudunais sont relativement méconnus. Le vignoble et le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) les assimilent à ceux de l'Anjou.

    Le vignoble et la pierre de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) qui  caractérisent en partie les paysages du Loudunais les font souvent rapprocher de leurs voisins saumurois et angevins. Leurs qualités propres - plateau agricole animé de belles ondulations, cuesta(Relief linéaire dissymétrique entre deux plateaux formé à la limite entre deux couches d'un bassin sédimentaire) dominant la plaine de Neuville, riche patrimoine archéologique et castral – restent ainsi globalement ignorées au-delà des frontières locales ou, au mieux, départementales.

    Loudun, une ville-signal sur le plateau

    La silhouette de Loudun vue en contre-plongée depuis le plateau agricole d’où émergent la tour carrée et le clocher de l’église Saint Pierre, repères du plateau loudunais, constitue le motif le plus répandu et pérenne des représentations des paysages loudunais.

    Cette ville (Loudun) est bâtie sur une montagne qui domine une plaine fertile (…), entourée de côteaux, couverts de bois et de vignobles. »
     

    J.-A. Dulaure (1755-1835), Description des principaux lieux de France. 4. Poitou, 1789. Bibliothèque nationale de France, Gallica

     

     

     

     

     

     

     

    À gauche, le dessin aquarellé de la fin du XVIIe siècle, représente avec force détails la prestance et l’opulence de la ville et de son finage.
    Deux siècles plus tard, dans le dessin à droite, l’artiste met davantage l’accent sur la tour carrée et le clocher de l’église érigés au-dessus de la ville.

     

    Au début du XXe siècle, la photographie reprend le même point de vue sur la ville où la limite avec la campagne environnante reste très marquée.

     

    Un même point de vue pour cette photographie contemporaine davantage évocatrice que documentaire.

    Un paysage décrit par son socle et ses sols

    C’est une constante des représentations de la partie nord de la Vienne. Le socle et les sols sont les principales composantes décrites des paysages bien avant le patrimoine.

    Le terroir est en général assez fertile ; c’est en quelques endroits un sable gras propre à la végétation, et dans d’autres une terre noire qui a du corps et la profondeur. Dans quelques cantons, on ne trouve cependant qu’une argile glaiseuse et une marne brûlante ; il y a peu de prairies, parce que le pays n’est arrosé que par une seule rivière.

    Les vignes des communes de Ranton, Cursai, Saint-Léger, Arcay et Chalais, produisent un vin blanc de bonne qualité et très spiritueux ; on en exporte souvent pour la Hollande.»
     

    Cochon de Lapparent, Charles (1750-1825), Description générale du département de la Vienne par le citoyen Cochon, Imprimerie des Sourds-Muets, 1801

    Les paysages des sables, des grès et de la craie tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) : Mirabelais de l’est, Loudunais, Châtelleraudais. […] Les douces collines de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), les plaines déblayées dans les sables des zones inférieures, les buttes carapaçonnées de grès qui se dressent de quelques mètres au-dessus des plaines jurassiques forment un ensemble original. Pays souvent jolis, dont l’harmonie aimable contraste avec la rigidité des plaines calcaires. Pays de champs ouverts, dans la mesure où les haies, sans être inconnues, restent exceptionnelles. Sur les sommets plats des buttes s’étendent des plaques de forêts pauvres et même de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.). Parfois ces dernières forment de quasi-déserts ainsi à proximité de l’ancienne colonie pénitentiaire de Fontevrault. Ailleurs les sables de ces hautes surfaces sont exploités pour la production d’asperges ou plantés de vignes. »
     

    Haut-Poitou Deux-Sèvres, Christine Bonneton, 1983

    La pierre de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), une référence identitaire surtout mentale

    Le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), calcaire tendre et blanc, est considéré comme une des principales composantes identitaires des paysages du Loudunais. Toute la littérature géographique, touristique en fait mention. Mais si l’on exclut les représentations de constructions anciennes où le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) reste cependant peu reconnaissable et les rares représentations d’habitations ou caves troglodytiques, la référence à la pierre calcaire appartient davantage au registre mental que visuel.

    La cave viticole et l’habitat troglodytique creusés dans le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) sont des « objets » considérés comme pittoresques depuis au moins la fin du XIXe siècle comme en témoigne ce beau dessin aquarellé.

    Le paysage agricole

    Bien qu’elles écrasent le relief des buttes où nombre de châteaux et maisons-fortes ont pris place dans le Loudunais, ce sont toujours les images aériennes obliques qui rendent compte de l’organisation du paysage agricole du Loudunais.

    Le faire-valoir de la ville ou de l’ensemble bâti patrimonial

    Rarement photographié pour lui-même, le paysage agricole du Loudunais sert souvent le faire-valoir à un ensemble patrimonial bâti.

     

    La photo aérienne oblique rend hommage à la beauté du paysage agricole où prend place le château de Prinçay construit au début de la Renaissance. Fin des années 1950, les parcelles de vignes se distribuent à proximité du château dont la cour est fermée par un grand corps de ferme. Plus loin, une large mosaïque de champs ouverts où alternent différentes cultures piquées çà et là de beaux arbres isolés.

    La vigne, présente dans le paysage, moins dans les représentations

    Au nord-ouest, le vignoble du Saumurois prend une place importante dans le paysage. Il est plus rare dans les représentations anciennes et contemporaines. Encore une fois, c’est au détour d’une image aérienne, comme celle de Monts-sur-Guesnes plus haut, ou aujourd’hui d’images de promotion de tel ou tel domaine ou château que le vignoble devient une composante du paysage.

    La page internet de l’Office de tourisme du Loudunais consacrée au vignoble saumurois s’ouvre sur cette image pittoresque et iconique de paysage viticole : un château entouré de ses parcelles de vigne.

    Quand le site du Comité du tourisme du Loudunais fait la promotion du vignoble saumurois sur son territoire, il propose en premier lieu des photos d’un verre de vin, d’une grappe de raisin, de caves creusées dans le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), des portraits de vignerons… Ce n’est qu’en second lieu que le paysage du vignoble sert d’illustration. Les images de ces paysages sont pourtant remarquables par la photogénie graphique des pieds de vigne d’où se dégagent des éléments de paysage caractéristiques du Loudunais :  sommets de buttes boisées et villages aux belles constructions en pierre claire de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol).

    Mégalithes et châteaux, marques du patrimoine bâti du Loudunais

    Les mégalithes et les châteaux sont les principaux éléments de paysage représentés toutes catégories confondues, mais ne sont que très rarement montrés dans leur contexte paysager.

    Mégalithes

     

    Les mégalithes sont nombreux dans toute la Vienne et plus particulièrement dans le nord-ouest et le Loudunais. Ils font l’objet de nombreuses représentations dans les cartes postales anciennes. Dans une belle composition, celle-ci évoque à l’arrière-plan, le paysage agricole de champs ouverts qui accueille le dolmen de la Fontaine à Saint-Léger-de-Montbrillais.

     

    Dans un cadrage quasi-équivalent, le dolmen de la Fontaine est photographié aujourd’hui. Preuve de l’attention qu’ils suscitent en tant que patrimoine à mettre en valeur, la communauté de communes et la ville de Loudun se sont associées depuis 2014 pour les recenser et les étudier en partenariat avec la DRAC.

    Ces recensements en cours, complétés par une bibliographie abondante, traduisent le formidable potentiel de ce patrimoine méconnu jusqu’alors jamais mis en valeur. »
     

    Site Internet de la Communauté de communes du pays loudunais

    Châteaux

    Bournan, Berrie, Beuxes, Trois Moutiers… presque chaque village du Loudunais possède un château mis en image. Ce patrimoine est valorisé tant dans les représentations anciennes que contemporaines.

     

     

    Plus de 150 ans séparent ces deux images : à droite, les photographes sont imprégnés de romantisme  tandis qu'à droite l'image, avec force d'effets visuels, propose une vision irréelle, quasi-fantastique du monument.

    Espaces publics des villages

    Quelques images rendent compte de l’agencement des espaces publics des villages du Loudunais.

     

    La double rangée de marronniers à Monts-sur-Guesnes constitue un bel espace public auquel le photographe de cette carte postale du début du XXe siècle n’a pas manqué de s’attacher.