Représentations culturelles de la Vallée du Clain

Poitiers domine les représentations alors que bourgs, moulins et petites industries du passé sont aujourd'hui éclipsés par le Futuroscope.

    C’est de manière attendue Poitiers qui domine les représentations de la vallée du Clain. Son pittoresque, ses monuments, le charme de son site marqué par la rivière et ses coteaux calcaires ont motivé artistes et photographes des XIXe et XXe siècles. Passées les limites de la capitale poitevine, la vallée du Clain animée de quelques jolis bourgs, de moulins et petites industries a bénéficié aussi d’une relative attention. Aujourd’hui, Poitiers et son patrimoine architectural et historique, et le parc du Futuroscope sont désormais pratiquement seuls à créer les images de paysage de la vallée.

    Somnolent, ce Clain, parce que les usiniers l’endorment : sans eux, il serait éveillé, d'autant qu'il est clair, abondant et des moins atténués que nous ayons en France par la continuité des mois secs ; rivière précieuse en cela ; et plus encore en ce que sa vallée mène, tout droit et facilement, de la Loire à la Charente par le détroit du Poitou
     

    Onésime Reclus, À la France, sites et monuments : Poitou, Touring Club de France, 1904

    Poitiers : cœur de la vallée du Clain et de ses représentations

    La capitale poitevine, grâce à son site et à son patrimoine historique et architectural, est au centre des représentations anciennes et contemporaines de la vallée du Clain. Dans les œuvres des peintres des XIXe et XXe siècles, la rivière tenait une place importante. Les représentations contemporaines y prêtent beaucoup moins attention.

    Panoramas sur la ville

    Le dessin à gauche, date de la toute fin du XVIIe siècle. Il met en valeur, de manière idéalisée, le site historique de Poitiers, installé sur un éperon qui sépare et domine les vallées de la Boivre et du Clain :  la rivière, au premier plan, entourés de nombreux jardins et cultures s’étageant sur ses versants ; la ville, identifiée par ses édifices religieux.

    A droite, le point de vue depuis des coteaux cultivés est centré sur le ruban du Clain qui guide le regard vers la ville et les édifices religieux qui ici participent à son identification.  

    Les sites des Dunes surplombent le lit du Clain. Belvédères sur la ville, ces spots touristiques ou plus confidentiels permettent d’observer le centre historique structuré par ses édifices religieux et civils. La peinture d’Arthur Gué fait bien ressentir le site de la ville développée pour sa partie historique en surplomb du Clain, tout en laissant le regard s’évader, au-delà des constructions, vers le paysage boisé et cultivé de la vallée de la Boivre. Au premier plan, le peintre a pris soin de décrire les rives du Clain où se mêlent habitat et activités.

     

     

     

     

     

    À partir du même point de vue, le belvédère des Dunes, ces deux photographies prises chacune à environ un siècle d’intervalle, n’offrent pourtant pas tout à fait le même regard sur la ville. Si la photo de Jules Robuchon donne bien à comprendre les caractéristiques du site d’implantation de Poitiers, le panoramique de 2020 peine en revanche, en raison peut-être de la focale utilisée ou des développement urbains, à le faire réellement appréhender.  

    Le Clain, un élément de nature dans la ville

    Les peintres, dessinateurs, photographes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe se sont attachés aux ambiances naturelles créées par la présence du Clain dans ou à proximité de la ville, la rivière et le bâti cohabitant dans ces images en très bonne harmonie.

    A gauche, la rivière et ses rives arborées, les ruines du château coiffées de végétation, le personnage sur la rive : autant d’éléments pour une composition romantique et quasi-champêtre de cette partie de la vallée du Clain à Poitiers.

    A droite, le Clain, dans sa traversée de Poitiers, est le cœur de cette oeuvre du peintre poitevin Arthur Gué. Le coteau calcaire aux versants raides faisant falaises, le cours d’eau encaissé sont mis en valeur par la douceur des tons de vert employés pour la végétation et la rivière. Le sentiment d’une nature humanisée domine ici, avec les quelques habitations et l’ensemble imposant de l’établissement de charité des Petites Sœurs des pauvres vers lequel le regard est guidé.

     

    Les moulins et les ponts sont des éléments bâtis spécifiques à la rivière. Ces motifs de l’activité humaine se marient avec ceux de l’eau, de la végétation, des falaises et du ciel.

     

     

    Le Clain et les ambiances qu’il engendre sont également au centre de ces deux images du début du XXe siècle.

    Les roches

    Les rochers calcaires des falaises qui longent le Clain dans sa traversée de Poitiers constituent des éléments du paysage identitaires de la ville, très présents dans le fonds des cartes postales.  Ils sont d’ailleurs protégés au titre des sites (Rochers du Porteau à Poitiers, Rocher de Coligny à Poitiers)

    Ambiances ailleurs dans la vallée

    En dehors de Poitiers, c’est toujours le Clain et ses rives proches qui dominent les représentations paysagères. Rares sont celles qui s’ouvrent plus largement sur la vallée, ses coteaux, ses paysages ruraux.

    Au plus près du Clain et de ses rives : des images de nature

    Le Clain et son lit étaient souvent représentés autrefois pour ses ambiances naturelles. Les activités de loisir comme le canoé, le kayak et bien sûr la randonnée permettent de faire émerger aujourd’hui de manière marginale ce type de représentations.

    En amont de Poitiers, le Clain présente un profil assez étroit, sinueux, bordé de versants dissymétriques. La toile d’Arthur Gué et la carte postale de Romagne rendent compte d’ambiances quasi-montagnardes attribuées à cette partie du cours de la rivière.

    Plus largement, les paysages de la vallée

    Le Clain lui-même aimante les regards des peintres et des photographes d’hier. Cependant quelques représentations s’ouvrent sur la vallée, sur ses coteaux et plus largement encore sur sa campagne.  

    À l'amont de Poitiers, le Clain appartenait à la Chrétienté ; vers l'aval il appartient à l'histoire. En amont les toits étaient de tuiles ; à l’aval l'ardoise peu à peu les remplaçait. La Touraine est proche. Vers Châtellerault une triple voix trace ses parallèles dans une plaine opulente aux cultures variées : une rivière, une route, un chemin de fer s'allonge entre la vigne et le topinambour.

    Désormais le Clain est large ; il ne flâne plus. Imposant et grave il va au-devant de la Vienne dans une vallée dont les bords à peine relevés laissent voir vers l'est les dernières frondaisons de la forêt de Moulière. 
     

    Jacqueline Jacoupy, Vendée, Deux-Sèvres, Poitou, R. Arthaud, 1944

    Dans ces deux peintures, le regard embrasse plus largement la vallée du Clain dont les coteaux et leur occupation sont ainsi documentés.

     

    Cette très belle photographie montre le paysage de la vallée du Clain en amont de Poitiers. La rivière y est discrète, encaissée entre deux coteaux dissymétriques, avec à droite une impressionnante falaise rocheuse calcaire et, à gauche, un versant beaucoup plus doux couvert de cultures et de bois.

    La vallée industrieuse

    Les images anciennes de moulins ou de petites industries le long du Clain sont un motif très présent autant chez les peintres que chez les photographes de cartes postales anciennes.

    Les moulins et autres installations « industrielles » sont très nombreux sur le cours du Clain. Les cartes postales en rendent compte, comme certaines œuvres picturales dont celle d’Henri Doucet. 

    Aujourd’hui, comme à Chasseneuil, certains de ces bâtiments ont pu être réhabilités pour y accueillir d’autres activités, notamment culturelles.

    Images d’aujourd’hui

    Hors Poitiers, le Futuroscope

    Le Futuroscope et Poitiers sont les deux principaux sites qui identifient le département de la Vienne. Situés tous les deux dans la vallée du Clain, ils sont omniprésents dans les représentations contemporaines, principalement touristiques. Si la ville de Poitiers donne toujours l’occasion de représentations paysagères (voir plus haut), celles du parc du Futuroscope et de son environnement immédiat ne s’attachent que marginalement au paysage de la vallée du Clain. Ce sont l’architecture « moderniste » et les installations du parc vues du ciel qui dominent souvent les images.