Représentations culturelles du Châtelleraudais

Les rares fois où ils sont considérés, on les qualifie d’agréables et de variés. Mais, plus généralement, les paysages du Châtelleraudais souffrent d’un manque cruel de représentations, qu’elles soient anciennes ou contemporaines.

    L’absence de ville importante – Châtellerault étant inclus dans l’unité paysagère de la vallée de la Vienne –, la position de l’unité de paysage entre Touraine et Poitou, expliquent peut-être le déficit de représentations des paysages du Châtelleraudais. Pourtant, le riche patrimoine castral et religieux qui parsème le territoire ou les nombreuses petites vallées qui le drainent et qui animent le plateau agricole pourraient devenir les motifs intéressants d’une meilleure reconnaissance de ses qualités paysagères.

    Cette vue depuis Mirebeau aux limites du Châtelleraudais et de la Plaine de Neuville, est une rare expression des paysages de l’unité : champs de bonne taille, quelques arbres isolés ou bosquets,  et horizons boisés constituent une partie importante des éléments de la structure des paysages de l’unité.

    Le petit pays des environs de Châtellerault, coupé par des rivières, des vallons, des coteaux, des plaines, des vignobles, des jardins, offre un point de vue très agréable par sa variété. »
     

    Citoyen Cochon, préfet, Description générale du département de la Vienne, Imprimerie des Sourds-Muets, 1801

    Plus tout à fait poitevine, pas encore tourangelle, cette petite région méconnue sent bon la douce France. Manoirs, châteaux, belles demeures s’y succèdent, sans pour autant ouvrir leurs portes aux visiteurs. Plus vallonnés que la région de Poitiers, les environs de Châtellerault, arrosés par cinq cours d’eau, sont également plus verdoyants. Leur sol calcaire, le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), est très recherché pour la restauration des monuments anciens. Son exploitation depuis le Moyen Age a permis la percée d’une multitude de souterrains, qui servirent de refuges à la population lors des nombreuses guerres et batailles qui émaillèrent l’histoire de la région. »
     

    Poitou Charentes, Le Routard, Hachette, 2014

    La silhouette des villages

    Hormis quelques images aériennes peu caractérisantes, les paysages ruraux et la campagne sont absents des représentations culturelles du Châtelleraudais. En revanche, les cartes postales anciennes ont mis parfois en valeur la silhouette de quelques villages.

    Le premier plan de deux champs cultivés illustre la couronne cultivée qui cernait harmonieusement le village de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers dans la deuxième moitié du XXe siècle. La silhouette du village s’étire plus loin régulièrement sur toute la largeur de l’image marquée à droite par le volume et le clocher de l’église apparaissant en médaillon entre les branches de l’arbre : une belle image de campagne habitée.

    De nombreuses décennies plus tard, la silhouette du village marquée par son clocher constitue toujours un motif de représentation pittoresque de la campagne châtelleraudaise. Prise de beaucoup plus loin, c’est au premier plan le jaune d’or du champ moissonné et le bleu du ciel moutonné qui sont devenus cependant les principaux sujets de cette image.   

    Des châteaux et des églises hors paysage

    Comme le Loudunais, le Châtelleraudais regorge de châteaux, d’églises et d’ensembles religieux parfois d’importance, comme à Lencloître. Ils constituent les éléments quasi-exclusifs des images du Châtelleraudais.

    Un exemple parmi d’autres d’une image d’église du Châtelleraudais représentée dans le corpus des cartes postales du début du XXe siècle. Si l’image est intéressante, notamment par la proximité qu’elle montre entre le champ et l’église, elle ne donne que peu d’éléments sur l’environnement paysager dans lequel cette église s’inscrit.

    Ici, en revanche, la photographie aérienne peut montrer l’église de Savigny-sous-Faye dans le paysage agricole du plateau où son implantation fait sens.

    Cette image issue du site Internet de l’Agence touristique de la Vienne est représentative à la fois de la richesse architecturale castrale du Châtelleraudais et de la représentation qui en est faite.  Ainsi, la photographie valorise avec talent le bâti Renaissance du château de Coussay sans toutefois montrer le paysage dans lequel il est implanté.  

    Centrée elle aussi sur le château de Coussay, cette vue aérienne de la deuxième moitié du XXe siècle permet d’élargir la focale sur le paysage alentour : grands champs ouverts d’où se détachent quelques arbres isolés et, au loin, l’horizon boisé de la forêt de Scevolles.

    La grande discrétion des cours d’eau

    Si le Châtelleraudais est traversé par des affluents de la Vienne comme l’Envigne, la Veude ou la Mable qui courent dans des vallées qui organisent le paysage, leur représentation comme leur évocation sont rares. Les images de plans d’eau sont apparues récemment, notamment dans les sites internet des offices de tourisme, constituant de nouveaux éléments de représentation des paysages liés à l’eau.

    Rares sont les images qui évoque la présence des cours d’eau. À Lencloître, c’est le pont qui est mis en valeur plutôt que l’Envigne, et à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, le lavoir plutôt que la Veude.

    À défaut de rivière, ce sont les plans d’eau et leurs aménagements qui sont représentés aujourd’hui pour promouvoir les usages de loisirs.

    Les places plantées représentent les villages 

    Les places de villages sont nombreuses dans les représentations anciennes. Dans le Châtelleraudais, du fait certainement de leurs proportions souvent importantes et des arbres qui les animent, elles constituent des éléments d’identification des représentations des ensembles urbains.    

    Les arbres d’alignement tiennent une place importante dans la composition de ces deux images représentant le centre des deux bourgs.

    Deux autres exemples de la place comme motif du paysage urbain du Châtelleraudais. Ici aussi, les arbres d’alignement y tiennent une place essentielle.