Repères géographiques de la Plaine de Neuville

La Plaine de Neuville présente un relief aux formes étirées ourlées d'amples ondulations

    Relief et eau

    La Plaine de Neuville présente un relief aux formes étirées ourlées d’amples ondulations, et est faiblement inclinée vers le nord-ouest en direction de la zone dépressionnaire occupée par la vallée marécageuse de la Briande, en s’abaissant du sud au nord de 150 m à 40 m. L’altitude maximale, 159 m, est relevée au sud sur la commune de Cherves, le point le plus bas, 39 m, se trouvant au nord au bord de la Dive sur la commune de Pouancay.

    Une plaine délimitée par des reliefs affirmés

    La plaine de Neuville est dominée à l’est par une côte de 40 à 50 m de hauteur, continue au nord jusqu’à Monts-sur-Guesne puis plus fractionnée vers le sud.

    Un relief faussement plat : des talus internes et des buttes bien lisibles

    Derrière une perception relativement homogène, la plaine de Neuville présente de nombreuses variations de relief. Ainsi au sud, on observe une dorsale étirée culminant autour des 150 m d’altitude qui marque la fin de la plaine et le basculement vers la vallée de l’Auxance. Au centre de la plaine, on note la présence d’un long talus d’une vingtaine de mètres de hauteur qui s’étire selon un axe nord/sud, formant une marche bien perceptible. Enfin plusieurs buttes témoins animent le relief, formant de petites éminences arrondies dominant la plaine d’une trentaine de mètres.

    Des vallées peu encaissées

    Les rivières sillonnant la plaine, le Prepson et la Briande, affluents de la Dive et la Palu, affluent du Clain, ont creusées des vallons peu encaissés formant de très légères inflexions en creux dans la plaine.

    La Dive et son canal

    La Dive et son canal marquent, sur une partie de leurs cours, la limite départementale entre la Vienne et les Deux-Sèvres.
    La Dive présente un profil changeant. Elle forme d’abord un vallon peu marqué en amont de la Grimaudière, puis sculpte une vallée étroite et encaissée d’une vingtaine de mètres jusqu’à Marnes, avant de s’élargir au-delà de Moncontour.
    Elle est canalisée en aval de Pas-de-Jeu. Le canal commencé en 1777, a été mis en service en 1834, reliant la Dive au Thouet. Il devait servir de débouché pour les productions de céréales et des vins produits sur les coteaux entre Ranton et Berrie. La tourbe, extraite des zones marécageuses bordant la Dive, était également transportée par le canal. Le développement du chemin de fer sera fatal au canal qui fermera en 1904.

    Le marais de la Briande

    Au nord de la plaine, le marais de la Briande forme une large dépression plate de 55 m d’altitude moyenne. Le marais est sillonné par un réseau dense de fossés profonds qui rabattent la nappe et alimentent la Briande canalisée (canal St-Martin) avant sa confluence avec la Dive.

    Roche et sol

    Un plateau jurassique homogène

    Entre les hauteurs du Loudunais qui le dominent au nord (buttes du Turonien parfois qualifiées de cuestas) et les plateaux complexes du Jurassique moyen qui la bordent au sud et à l’est, la plaine de Neuville se présente comme un plateau assez régulier, principalement constitué par des bancs massifs de calcaires argileux du Jurassique supérieur (j5c sur la carte, Oxfordien). Les failles assez nettes de Mirebeau et Villiers en accentuent l’individualisation et orientent les vallées de la Palu et de l’Auxence-Vendelogne.
    D’un point de vue physique et pédologique, l’unité de paysage se prolonge au-delà de la vallée du Clain, jusqu’à la forêt de Moulières (plateau de Saint-Georges-lès-Baillargeaux).
    Dans la partie nord-ouest, la limite de la dalle calcaire se traduit nettement par un enfoncement du relief qui délimite la plaine de Moncontour (de Craon à Arçay), aux substrats plus marneux et argileux du Jurassique moyen (j4, Callovien) parfois riches en silex (j3, Bathonien), passant à des formations alluviales à l’approche des talwegs.

    De manière moins lisible dans la morphologie (sauf en présence de buttes de grés ou calcarénites [1] comme à Verrue), le passage vers le Loudunais s’esquisse avec la couverture sableuse crétacée (couches c1, Cénomanien, c2, Turonien) dont les premiers témoins apparaissent sous forme de buttes modestes parfois gréseuses (c1a-bs) sur le plateau, sur lesquelles la vigne s’est parfois maintenue (nord d’Étables, Charrais, sud de Neuville).
    Au sein de ce plateau se trouvent les Faluns d’Amberre, témoignage assez unique dans la Vienne de l’extension marine du Miocène (petite tache jaune au sud d’Amberre). Ces sables connus pour leur richesse en coquilles ont été exploités dans de nombreuses carrières et font l’objet d’une attention particulière (voir fiche site Falunières du moulin Pochas)

    Le pays des groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais)

    Contrairement à la majorité des paysages du département, les tables calcaires jurassiques sont ici rarement recouverts de formations superficielles déposées ultérieurement caractérisant ainsi fortement la plaine de Neuville. C’est le pays des groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais), sols calcaires à texture plutôt équilibrée, bien drainés, généralement assez profonds. Ils passent à des formes plus sableuses à proximité de la forêt de Scevolles, ou plus argileuses dans les plaines du nord-ouest de l’unité. Voués aujourd’hui aux grandes cultures, ils accueillaient un important vignoble au XIXe siècle.
    Dans la plaine de Moncontour, les bas versants de la Dive et de ses affluents se couvrent de colluvions calcaires souvent engorgés. Les fonds de vallée de la Dive et des petits cours d’eau qui traversent le plateau sont plus argileux et peuvent présenter des sols tourbeux.
    La forêt de Scevolles contraste avec la plaine agricole, révélant la présence de sols non calcaires sur tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) et argile. C’est la transition vers le Loudunais.

    Agriculture

    Des terres céréalières

    Les grandes étendues cultivées de la Plaine de Neuville sont dominées par les céréales, associées au colza ou au tournesol. Les cultures légumières sont également bien représentées (melon, haricot, oignon, asperge…).
    Dans les vallées et dans le marais de Briande, le maïs devient plus présent, profitant d’une ressource en eau plus accessible. Les prairies restent rares.

    Les vignes du Haut-Poitou

    Les parcelles de vigne s’y ajoutent au sud, formant le vignoble du Haut-Poitou, autour de Maisonneuve, Vouzailles et Neuville-de-Poitou.
    On peut noter également la présence de quelques truffières, mais qui concernent des superficies très réduites. Pour en savoir plus, voir "Le vignoble de la Vienne."

    Arbre et forêt

    Des arbres rares au sein des cultures

    Au sein de ce territoire de grandes cultures l’arbre se fait rare. Quelques arbres isolés (noyers, amandiers), de petits bosquets et de rares bois de feuillus, liés à la présence d’un château comme à Martaizé ou à Aulnay, ou couvrant les versants ou le sommet d’une butte (buttes de Marcoux, du Peu de Lion, du puy de Mouron…). Les rares îlots boisés rencontrés sont des forêts privées formées de taillis à base de chêne (pédonculé et rouvre), frênes et noisetiers.

    Des vallées arborées

    Les vallées accueillent de petites peupleraies et quelques lambeaux de haies qui forment une continuité arborée. Dans la vallée de la Dive, les peupleraies sont plus importantes et occupent l’essentiel du fond de vallée. Enfin, on note autour de la Briande et de son marais, une plus grande densité de haies, formant de petites poches localisées de maillage bocager.

    Le massif de la forêt de Scevolles

    A l’Ouest, la forêt de Scevolles forme le seul grand massif forestier couvrant environ 5000 ha. Il est composé essentiellement de feuillus (chêne pédonculé d’abord, le chêne pubescent ensuite, accompagnés du robinier). Les conifères (pin maritime et pin sylvestre) occupent environ 18% de la superficie et se rencontrent soit en futaie mixte, soit en futaie pure.
    Le massif est traversé en son centre par la vallée de la Briande, accompagnée d’un cordon de peupleraies.

    Urbanisme

    Des villages de vallée et de plaine

    Dans la plaine de Neuville l’habitat est groupé en villages ou en hameaux, distants de 3 à 6 km en moyenne. Les fermes sont généralement implantées dans les villages, les fermes isolées restent rares, sauf dans le marais de la Briande où elles sont particulièrement répandues. Dans ce territoire très agricole, les silhouettes des silos ponctuent régulièrement la plaine.

    Les implantations villageoises peuvent être regroupées en deux grands types. D’un côté les villages de plaine, implantés au carrefour de plusieurs routes, comme Craon, Assais ou Charrais. De l’autre, les villages de vallées, implantés autour d’un pont, comme La Grimaudière, Maisonneuve ou St-Jean-de-Sauves. Quelques implantations perchées, plus rares, existent également, profitant de légers talus, comme à Verger-sur-Dive (commune de La Grimaudière) ou au Doismont (commune de Martaizé).
    La plupart des communes sont des villages de moins de 400 habitants parmi lesquels émergent les bourgs de Moncontour (1000 hab) et de St-Jean-de-Sauves (1400 hab).

    Au sud-est, l’influence de l’agglomération de Poitiers

    Au sud-est de la plaine de Neuville, l’influence de l’agglomération de Poitiers toute proche se fait sentir avec une couronne rurbaine où les communes sont plus importantes : Le Chabournay (1100 hab), Champigny-Rochereau (1880 hab), Avanton (2200 hab), Cissé (2800 hab), Neuville-de-Poitou (5300 hab)… Les noyaux villageois sont entourés de quartiers pavillonnaires qui forment une large périphérie ou s’étirent le long des routes.

    Patrimoine

    Patrimoine culturel

    Le patrimoine de la plaine de Neuville concerne des époques variées confirmant l’ancienneté de l’occupation humaine sur ces terroirs riches. Ainsi plusieurs dolmens qui parsèment le territoire sont protégés au titre des Monuments historiques comme à St-Laon, à Arcay ou à Villiers.

    En limite de la Plaine de Neuville, le site inscrit au titre des sites et monuments naturels du village de Curcay-sur-Dive, couvre une partie de la vallée de la Dive et englobe les monuments historiques du pont pont gallo-romain sur la Dive, de l’église St-Pierre et du Donjon. Un autre site inscrit au titre des sites et monuments naturels protège la source de la Dive à la Grimaudière.
    Moncontour concentre également plusieurs monuments historiques protégés (maisons, églises, château)
    Ailleurs les monuments historiques concernent essentiellement des églises (Chasseignes (Mouterre-Silly), La Chaussée, La Grimaudière, Mazeuil, Craon…) et des Châteaux (Angliers, Martaizé, La Chaussée, Guesnes, Cuhon, Cherves, Charrais, Avanton, Neuville-de-Poitou…).
    On note également plusieurs protections au titre de monuments historiques sur l’habitat rural : fermes à Ouzilly-Vignolles (habitat en terre), pigeonnier à Vouzailles et à Vendeuvre-du-Poitou, Moulin à vent à Cherves.

    Patrimoine naturel

    La plaine de Neuville est entièrement couverte de multiples protections ou inventaires (ZICO et ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique)) qui révèlent son intérêt patrimonial remarquable pour l’accueil d’une avifaune rare inféodée aux plaines, aux steppes, voire aux milieux méditerranéens : l’Outarde canepetière, le Busard cendré, l’Œdicnème criard, Bruant ortolan, Alouette calandrelle…
    Le site accueille près du quart de la seule population migratrice d’outarde d’Europe de l’Ouest.
    Plusieurs Espaces Naturels Sensibles sont gérés par le Département comme la forêt de Scevolles, la vallée de la Dive entre la Grimaudière et Marnes…

    Lire également dans cet atlas

    [1] Alors que les grès sont constitués de grains de silice, dans les calcarénites, les grains cimentés eux-mêmes sont calcaires