Ponts, viaducs et gués : traverser et voir la rivière

    Un signal dans le paysage à l’échelle des vallées

    Suivant son positionnement, l’ouverture dans la végétation, sa stature et son architecture, l’ouvrage d’art s’affiche et forme un repère. Il indique le lieu de passage permettant de traverser la vallée. Support d’une route ou d’une voie de chemin de fer, son implantation, à chaque fois unique, compose avec le relief pour garder aux tracés une pente acceptable. Allié à une architecture parfois spectaculaire, l’ouvrage d’art impose le respect et magnifie le site de traversée de la rivière.

    Un panorama sur la rivière

    L’évènement de la traversée révèle la présence de la rivière. La vue file sans obstacle dans l’axe du cours d’eau. La perspective semble infinie quand le tracé de la rivière est droit. L’effet est surprenant car l’ouverture se fait d’un coup après avoir descendu la coteau ou en sortie de ville. C’est aussi l’occasion de percevoir les coteaux et la courbe des méandres. Passer le pont permet de se situer au centre de la vallée, avec l’eau qui s’écoule, animant les lieux.

    La mise en scène de la ville

    Le pont est souvent associé à l’arrivée dans le bourg ou la ville. Il relie aussi parfois le cœur ancien et son faubourg, implanté sur l’autre rive. Le pont participe à l’entrée dans l’urbanisation après la traversée du fond de la vallée. Ce passage obligé fait ressortir l’entrée dans le bourg, presque comme une mise en scène, bien différente d’une entrée routière classique. Le front bâti se découvre le long de la rivière, avec des constructions qui s’étagent sur le coteau ou s’étirent sur la berge.  L’ambiance liée au pont compose ainsi un tableau aux multiples composantes.

    Des architectures très diversifiées

    Chaque pont est unique au regard de son architecture qui compose avec le site et relie les deux rives. Les techniques et matériaux varient suivant les époques de construction offrant des architectures très différentes : hauteur, courbe, épaisseur, forme ou absence d’arches… Les balustrades ne sont pas en reste, déterminant le rapport au paysage en fonction de leur hauteur et de leur transparence.

    Certains ponts sont protégés au titre des monuments historiques, comme le pont de Bonneuil-Matours qui est le dernier pont suspendu de la Vienne, ou le pont Camille de Hogues à Châtellerault qui est 1er pont en béton armé de France dont la portée dépasse 100 mètres.

    Le pont dans les représentations

    Les ouvrages d’art ont de tout temps constitué des prouesses techniques dont les habitants étaient fiers. Au fil du temps, les ponts ont figuré dans de nombreuses représentations comme ici les cartes postales. Ils ont fait l’objet de clichés dans différentes situations, liées à la vie villageoise ou agricole. Les femmes lavant le linge au pied du pont, profitant d’un accès et d’une surface stabilisé. Le viaduc servant toile de fond d’un paysage mettant en scène un habitant et son cheval. Ou encore la rivière en crue avec l’eau montant presque jusqu’en haut des arches, soulignant la solidité du pont permettant de franchir les flots encore à cette occasion. 

    Gués et passerelles, dans l’intimité du cours d’eau

    L’aspect majesteux et imposants des ouvrages les plus importants ne doit pas faire oublier toute la déclinaison de passages au-dessus de cours d’eau plus modestes. Ainsi de petits ponts et des passerelles enjambent de petites rivières traversant le bourg ou les petits ouvrages de retenue d’eau des moulins. Dans la Vienne, plusieurs gués, accompagnés ou non d’un petit pont, permettent une traversée originale de la rivière.

    Les grands ouvrages contemporains

    La modernisation des réseaux viaires et le développement des infrastructures (LGV, route nationale ou départementale, autoroute) ont généré la création de nouveaux ouvrages, parfois colossaux, pour traverser les rivières, voire enjamber les vallées où une autre infrastructure existante. L’aspect des ouvrages change alors totalement d’échelle, créant des rapports au paysage nouveaux, pouvant paraitre parfois déconnecté du paysage traversé.

    Les liaisons douces, une autre façon de valoriser l’eau et les ponts

    La valorisation des vallées a entrainé la volonté d’aménager des parcours piétons longeant et passant au-dessus de l’eau. Des passerelles flottantes en bois, des plateformes, des petits ponts ont donc vu le jour dans des contextes naturels et de loisirs, à l’abri de la circulation automobile. Certains ponts anciens, n’ayant plus leur fonction initiale, ont été convertis vers le vélorail ou des voies vertes.

    Sources