Les enjeux paysagers liés à l'agriculture

    Dans ce département rural, où l’agriculture occupe près de 69% du territoire, se succèdent du nord au sud des paysages agricoles diversifiés. Au nord, les paysages de grandes cultures s’imposent sur la plaine de Neuville, les plateaux du Loudunais ou les vallées du Châtelleraudais. Le vignoble du Saumurois présente un paysage jardiné, aux parcelles soignées. Au centre, les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) présentent des paysages agraires plus contrastés où arbres et haies s’intercalent par endroits. Au sud, les Terres Rouges Bocagères et le Montmorillonnais alternent cultures et élevage dans un parcellaire délimité par des haies bocagères.

    Sur les plateaux cultivés ou dans les collines herbagères, le regroupement des exploitations et l’agrandissement des parcelles ont provoqué une simplification des paysages. La place de l’arbre et du bocage s’est par endroit considérablement réduite. De nouveaux bâtiments sont apparus transformant les abords des fermes.

    Maintenir la présence arborée et le bocage

    Le bocage et la présence de l’arbre agricole se déclinent avec de nombreuses tonalités à travers le département de la Vienne. Les arbres isolés, les bosquets et les lisières modulent l’échelle du paysage des plaines et des plateaux. Le Montmorillonnais, en terrain granitique, est couvert d’un réseau de haies, amenant une forte intimité dans le paysage. Des trames bocagères intermittentes se retrouvent également dans les Terres Rouges Bocagères, et par endroits dans les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.). Les gradients d’évolution de la présence des haies et de l’arbre sont multiples. Le maillage de haies se fragmente par endroits ou disparaît totalement. Les arbres isolés âgés ne sont pas renouvelés. Si on n’y prend garde, ces structures végétales remarquables risquent de disparaître petit à petit, banalisant ainsi le paysage. Le maintien du maillage bocager doit être recherché pour les différents rôles qu’il tient à l’échelle de petites régions : comme élément identitaire du paysage, comme élément intégrateur des équipements et des constructions, comme cadre de vie de qualité … Outre son intérêt paysager, la présence d’une végétation arborée pérenne participe également à la qualité agronomique et environnementale de ce territoire (lutte contre l’évapotranspiration, contre l’érosion, couloir de biodiversité, cycle de l’eau, qualité des sols…). Il existe également un fort intérêt pour la filière bois, notamment pour la production de plaquettes comme source d’énergie. Le maintien des chemins, associé à la haie, est à ne pas oublier également. L’enjeu est au final de trouver un équilibre entre les grandes parcelles de cultures et la présence bocagère.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire. 
    •  
    • Préserver et renouveler les arbres et les haies qui accompagnent les parcelles. Promouvoir l’agroforesterie.
    •  
    • Renouveler les arbres de haut-jet, dans les linéaires de haies ou isolés. Promouvoir et aider financièrement la replantation des haies. Faire porter l’effort sur certains versants bien visibles qui forment des ensembles. Cibler les actions de replantations sur les secteurs qui se sont le plus ouverts. 
    •  
    • Planter des haies ou des arbres d’essences locales aux croisements, aux entrées de champs, aux abords des fermes.
    •  
    • Maintenir ou créer un réseau de chemins publics accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter des arbres ou des haies bocagères, d’essences locales le long des chemins. 
    •  
    • Planter sur les parcelles communales pour donner l’exemple.
    •  
    • Gérer les haies bocagères le long des routes, notamment au niveau des entrées de bourg. Conserver des transparences. 
    •  
    • Protéger la végétation arborée dans les documents de planification.
    •  
    • Utiliser la politique Trame verte-Trame bleue pour préserver le bocage et cibler les actions. Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion. Elargir les réflexions d’aménagement sur la totalité d’un bassin versant.
    •  
    • Développer la filière bois-énergie pour donner une reconnaissance économique au bocage, favorisant ainsi la gestion et le renouvellement du bocage.
    •  
    • Lancer des campagnes d’information et de sensibilisation. Faire des actions pédagogiques de plantation par les habitants.
    •  

    Conserver une diversité dans le parcellaire agricole

    Les étendues de grandes cultures forment la toile de fond de la majeure partie des paysages du département de la Vienne. La succession des cultures au fil des saisons et leurs variations de couleurs ou de textures animent les vues. La variété des tailles de parcelles, alliée à la diversité des rotations des cultures composent un patchwork de parcelles varié, que les vallonnements du relief mettent parfois en valeur. Autour des villages, la présence d’un petit parcellaire forme une transition paysagère bien venue améliorant la qualité du cadre de vie, avec les chemins et la présence des arbres. Dans le parcellaire, les haies, les arbres isolés, ou encore les bosquets modulent les vues. La présence ponctuelle de vignes ou de vergers, de cultures légumières apporte charme et graphisme. Tous ces éléments participent à la qualité des paysages. Il est important de leur porter une attention afin d’éviter une trop grande simplification qui tendrait à uniformiser les paysages et à les banaliser.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Maintenir une diversité de taille de parcelles. Eviter les regroupements de parcelles trop importants. 
    •  
    • Maintenir un petit parcellaire autour des villages et des vallées.
    •  
    • Favoriser la préservation des vignes et des petits vergers. Promouvoir les cultures maraichères et leur image pour le territoire.
    •  
    • Encourager les rotations de cultures diversifiées. 
    •  
    • Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire. 
    •  
    • Préserver et renouveler les arbres (haies, arbres isolés) qui accompagnent les parcelles. Promouvoir l’agroforesterie. 
    •  
    • Cibler les actions de replantations sur les secteurs qui se sont le plus ouverts. 
    •  
    • Planter des haies ou des arbres d’essences locales aux croisements, aux entrées de champs, aux abords des fermes. 
    •  
    • Maintenir ou créer un réseau de chemins publics accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter des arbres ou des haies bocagères, d’essences locales le long des chemins. 
    •  
    • Préserver la végétation arborée dans les documents de planification.
    •  

    Valoriser l’atout spécifique du vignoble

    Le vignoble est très localisé et forme de petites unités dans la moitié nord du département. Sans être majoritaire dans la perception des paysages, la présence des vignes constitue un atout et un puissant faire-valoir pour la qualité des paysages. Le graphisme des rangs de vignes révélé par les saisons, par endroits mis en scène avec les pentes, constitue un atout de ces paysages. Le charme des vignes tient à ses petites parcelles, au graphisme régulier des rangées de ceps qui offrent un paysage à la fois ordonné et jardiné. La présence de l’arbre sous plusieurs formes (arbre fruitier isolé, bosquet, composition avec les lisières forestières…) joue un rôle dans l’attractivité des lieux. Les domaines viticoles et la présence remarquable de châteaux caractérisent le vignoble du Saumurois du nord de la Vienne, parfois avec un patrimoine de mur bordant les parcelles. Tout ce qui peut concourir à renforcer la visibilité des vignes mérite une attention. Les points de vue la mettant en scène pourraient ainsi être préservés et mis en valeur. Les parcelles le long des routes ont un impact visuel important et doivent être protégées d’une urbanisation banalisante. L’enjeu est ainsi pour le vignoble de conserver et promouvoir une diversité, fer de lance de la tradition œnologique.

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Mettre en valeur le vignoble le long des axes routiers et des points en belvédère. Favoriser la visibilité des vignes le long des routes.
    •  
    • Restaurer les murs de pierres calcaires le long des routes et des chemins.
    •  
    • Constituer des itinéraires pour découvrir le vignoble et mettre en avant ses points forts.
    •  
    • Favoriser la qualité paysagère du vignoble aux abords des châteaux. Maîtriser et harmoniser la signalétique des domaines (enseignes, vue depuis les routes, entrée). 
    •  
    • Mettre en valeur les abords des exploitations viticoles et des chais. Mettre en valeur le bâti vigneron des villages, les caves troglodytiques.
    •  
    • Préserver le petit parcellaire des vignes. Eviter les regroupements trop importants de parcelles.
    •  
    • Conserver une diversité au sein du parcellaire (prairie, fruitiers, bosquets).
    •  
    • Renouveler les arbres fruitiers isolés vieillissants. Replanter les amandiers, noyers et autres fruitiers qui accompagnent les vignes.
    •  
    • Mettre en valeur les chemins à travers le vignoble.
    •  
    • Développer et communiquer des images de paysage liées aux vignobles (tourisme, étiquette sur les bouteilles…).
    •  

    Porter une attention aux hangars et aux silos

    Dans ce département où les grandes cultures dominent le parcellaire, les hangars et les silos s’imposent dans les paysages. Ils ponctuent les grandes étendues ouvertes, ou bien sont associés aux fermes anciennes existantes. Ces constructions sont très visibles, formant des repères remarqués dans le paysage. Ils sont pour partie liés à l’intensification de l’agriculture et à l’évolution des modes stockages et des structures des exploitations.

    Ils offrent souvent des structures métalliques, sans recherche architecturale, avec un aspect strictement « technique », bien différent du bâti traditionnel. Il est également à noter que ces constructions se retrouvent également, sans changement majeur sur la totalité de la France. Ces bâtiments participent à l’image de l’activité agricole et de son dynamisme local. Les préoccupations actuelles tendent à promouvoir une meilleure harmonie concernant leur inclusion dans le paysage. Le choix de leur site d’implantation, leur qualité architecturale (volumes, matériaux, couleurs…), ainsi que le soin apporté à l’aménagement de leurs abords (plantations, clôtures...), participent à une meilleure intégration de ces bâtiments.

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Eviter les implantations trop visibles des nouveaux bâtiments, en entrée de village, en bord de route ou en point haut, par exemple. 
    •  
    • Réfléchir à l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes des bâtiments.
    •  
    • Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
    •  
    • Aménager avec soin l’entrée des installations. Planter des arbres d’essences locales isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
    •  
    • Planter aux abords des bâtiments et des silos pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte. L’objectif n’est pas de cacher mais d’accompagner.
    •  
    • Planter les limites de parcelles environnantes pour créer une trame qui permet de mieux inclure les constructions.
    •  
    • Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.
    •  
    • Veiller à limiter les terrassements et à niveler les excédents de terre sans rupture de pente importante.
    •  
    • Eviter les formes artificielles des bâtiments photovoltaïques avec des pans de toitures fortement dissymétriques.
    •  
    • Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti ancien. Maintenir un espace entre le bâti ancien des fermes et les nouveaux hangars. Prendre garde à la concurrence visuelle des hangars avec le bâti ancien.
    •