Paysages urbains du Loudunais

Dans le Loudunais où le regard porte loin, le bâti se signale dans le paysage, tant à l’échelle de la ferme, du village ou de la silhouette de Loudun

    Dans l’unité du Loudunais où le regard porte loin, les ensembles bâtis se signalent dans le paysage, tant à l’échelle du corps de ferme, du hameau, que du village ou de l’emblématique silhouette de Loudun. Exceptés la ville de Loudun ou quelques bourgs comme Monts-sur-Guesnes, Les Trois-Moutiers, Bournand, les villages sont de taille modeste. Pour autant, ce sont des ensembles constitués qui présentent des formes urbaines de qualité et une unité architecturale.

    Même les hameaux agricoles présentent une densité et une architecture rurale homogène qui façonnent des paysages bâtis intéressants, comme le hameau de La Voyette, sur la commune de Ceaux-en-Loudun, qui se distribue autour d’une place triangulaire ombragée par des tilleuls. Le dénominateur commun de ces ensembles bâtis est la pierre calcaire, enduite ou pas, qui varie d’un bout à l’autre de l’unité, avec des pierres différentes en terme de géologie, de dureté, de calibrage et de mise en œuvre, ajoutée à la particularité de la présence du tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol). Les couvertures sont plus variables, passant de l’ardoise à la terre cuite, ou bien se mélangeant selon les lieux. Les villages recèlent un patrimoine important, tantôt à caractère monumental comme des donjons et des châteaux, tantôt plus discret comme l’église pré-romane de Roiffé, l’église Ste-Radegonde de Saix, les invisibles troglodytes, ou des vestiges d’architecture ancienne nichés dans des quartiers plus récents.

    Perspectives urbaines, le paysage des rues

    Même dans les villages de taille modeste, la densité et l’implantation des bâtiments à l’alignement de la rue fabriquent de jolies perspectives. D’autant que, dans la plupart des situations, le bâti s’élève au minimum d’un étage. Selon que le tracé de la voie est souple ou rectiligne, le paysage est pittoresque ou plus classique.  L’indice le plus fiable pour identifier s’il s’agit d’un petit village ou d’un bourg reste l’architecture. Même si le matériau de construction est souvent le même, la composition des façades est plus ordonnancée et symétrique dans les maisons de ville que dans l’habitat rural, dont les façades sont prolongées par celles des bâtiments agricoles. La qualité de ce paysage est conditionnée à d’autres paramètres que l’architecture et la forme urbaine, que sont le traitement des trottoirs et la prise en compte des réseaux aériens.

    Au cœur de l’étoile, Loudun

    Ville la plus importante de l’unité, sa silhouette se repère de loin. Le relief contre lequel la ville s’est établie a conservé la tour carrée, tel un phare, vestige de l’ancienne forteresse. En effet, la situation géographique de Loudun aux confins de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou en avait fait une place forte importante. De cette origine castrale et défensive, la ville a conservé une forme urbaine compacte, à partir de laquelle se distribuaient un réseau de routes en étoile. Ce qu’il est intéressant de noter à l’observation du cadastre napoléonien, c’est l’existence au début du XIXème siècle, d’une voie circulaire en pied de relief, plus ou moins large, peut-être l’emplacement d’anciens fossés. Qu’il se nomme boulevard du Martray, promenade des Bâtons, ou route de Saumur à Limoges, le tour de ville est déjà complet.  C’est un point intéressant qui a évité le traumatisme de la construction d’une voie de ceinture dans un tissu bâti ancien. Par contre, le fonctionnement de la desserte  périphérique circulaire de la route départementale RD 147 en bordure est, peut «  cacher  » la consistance et le patrimoine du centre ancien.

    Le réseau des rues se développe à flanc de versant, il est serré et semble parfois un peu labyrinthique. L’architecture qui borde ces rues est variée, les époques se mélangent. Des maisons très anciennes, succèdent à des immeubles XIXème en tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) qui laissent place à des constructions fin XXème. La volumétrie et l’épannelage des toitures est respecté. Un certain nombre de places sont occupées par du stationnement, mais la ville comprend aussi quelques jardins comme par exemple le jardin de l’Echevinage, le jardin régulier sur la façade ouest de la mairie, la promenade plantée du tilleuls en haut de la colline et le jardin au pied de la tour.

    Places, placettes et jardins

    Les places, placettes, champ de foire, jardins publics sont des pièces importantes des paysages bâtis, ils participent à l’ambiance du village ou du bourg et donnent envie ou pas de s’y attarder. Ils introduisent un peu de «  nature  », avec un sol perméable, des arbres, rangés ou non, quelques massifs, dans ces paysages minéraux. Dans les villages, il n’y a souvent qu’une place centrale auprès de l’église et ou de la mairie, tandis que dans les bourgs et plus particulièrement dans la ville de Loudun, il y a différents espaces publics avec des usages et des traitements différents. Dans les villages en situation perchée, le point de vue peut être l’occasion de l’aménagement d’un lieu public, comme c’est le cas par exemple à Curçay-sur-Dive.

    Les témoins d’un ancrage historique

    Tout comme il faut entrer dans le cœur des villages ou des bourgs pour appréhender la nature des paysages bâtis, il faut s’attarder pour apprécier le patrimoine.  Un tympan roman, une ancienne baie renaissance, un portail, un morceau d’enceinte, un porche, un puits… Il existe ainsi un patrimoine discret qui se découvre en se promenant dans les villages. Malgré leur relative modestie pour certains, ce sont des témoins de temps anciens, qui prouvent que le bâtiment et le lieu sont habités depuis plusieurs siècles. A ce patrimoine discret s’ajoute les troglodytes dont il existe également de beaux spécimens. Il y a aussi un autre patrimoine, monumental, plus connu parce que plus visible, composé de châteaux et de tours, comme la tour carrée de Loudun, le donjon de Curçay-sur-Dive, le château de Monts-sur-Guesnes, le château d’Eterne, la forteresse de Berrie, le château de Ranton,…. Certains sont des édifices ouverts à la visite, ce qui permet, après avoir contemplé de loin l’architecture, d’entrer dans le bâtiment et de découvrir son environnement. La position stratégique de l’ouvrage est quelquefois valorisée pour offrir des vues comme à Curçay-sur-Dive ou de profiter de jardins  comme à Loudun.

    Du calcaire : une constante, des nuances

    Même si cette présence de calcaire n’est pas réservée à l’unité du Loudunais, elle caractérise les paysages bâtis. Les moellons peuvent être réguliers ou non, assemblés en rangs alternés. L’introduction du tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) est visible au nord, il est plus souvent réservé aux encadrements et aux angles. Il est intéressant de noter que dans certaines opérations d’extensions, l’accroche qu’elle soit urbaine ou au contraire rurale, se fait par la conservation ou la construction de murets en pierre.