Repères géographiques du Châtelleraudais

Le Châtelleraudais présente des reliefs organisés autour de trois vallées évasées qui sculptent des paysages variés, équilibrés entre champs et bois

    Relief et eau

    Un relief sculpté par trois vallées

    Le relief du Châtelleraudais est organisé autour de trois vallées principales. Au sud, l’Envigne a creusé une très large vallée à fond plat qui s’étend depuis la butte de Mirebeau et rejoint à l’est, la vallée de la Vienne. Au nord, la Veude et la Mable ont sculpté deux vallées parallèles, orientées sud/nord. Dans les fonds de vallées, les altitudes sont basses variant entre 90 et 60 m en moyenne, le point le plus bas, 53 m, étant atteint au débouché de la vallée de l’Envigne à Scorbé-Clairvaux.

    Des coteaux délimitant les bassins versants

    Les trois vallées sont séparées par des reliefs s’élevant entre 120 et 160 m, formant de fins replats ou des côtes, qui dominent nettement les fonds de vallées, les dénivelés variant de 70 à 110 m. Le point culminant, à 171 m, se trouve à St-Genest-d’Ambière.

    Roche et sol

    Des reliefs de bassin sédimentaire peu déformé

    Formé par un étagement de plateaux du Crétacé (fin du Secondaire) surmonté de buttes couvertes de dépôts tertiaires ou quaternaires, le Châtelleraudais se distingue par la lisibilité de sa stratigraphie sédimentaire. Moins soumise aux déformations qui affectent la plaine de Neuville ou le Loudunais, moins concernée par les dépôts continentaux qui couvrent les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.), l’unité se présente comme une juxtaposition de petits bassins morphologiques correspondant à autant de bassins hydrographiques tributaires de la Vienne (Envigne, Veude, Mable, ruisseau des Trois Moulins), de part et d’autre d’une ligne de crête joignant Savigny-sous-Faye aux buttes de Thuré – Usseau – Leigné-sur-Usseau.

    Les terrains suivants se succèdent des talwegs vers les buttes :

    • D’étroits fonds alluviaux
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    • Des plaines principalement sableuses (c1a-bs : Cénomanien inférieur à moyen), parfois argileuses ou gréseuses (grison(Grès à ciment ferrugineux)).
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    • Un plateau supérieur plus marneux comportant également des niveaux gréseux (c1cM, Cénomanien supérieur), 15 à 20 m au-dessus du précédent.
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    • Vingt mètres plus haut, c’est-à-dire vers 140 m, une couche de craie blanche (c2aCI, Turonien inférieur) forme un talus recouvert par un troisième niveau de plateau constitué de tuffeaux blancs (c2bTb, Turonien moyen). De superficie inégale, ces tuffeaux sont localement ramenés à la dimension de buttes.
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    • Au nord-est, sur les versants de la vallée des Trois-Moulins, des niveaux de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) jaune (Turonien supérieur) et de sables (Sénonien, dernière sédimentation marine) complètent la succession stratigraphique crétacée.
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    • Tous ces affleurements vont subir une altération à partir de la fin du Crétacé et pendant le Tertiaire. Culminant un peu au-dessus de 160 m, les sommets des buttes sont ainsi constitués de ces produits d’altération issus des tuffeaux, argiles à silex ou sableuses, recouverts, pour les buttes situées à l’est de l’unité, par des formations tertiaires détritiques (eAB) ou des limons éoliens (LP) parfois argileux (Quaternaire).
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    L’horizontalité des couches n’est toutefois pas parfaite et de petites déformations interviennent dans la disposition : près de Châtellerault, quelques affleurements jurassiques résultent d’un horst ; et l’orientation nord-ouest – sud-est d’une majorité de vallées est liée aux grandes structures, dites armoricaines, qui parcourent la région.

    Sols et végétation suivent la stratification géologique

    Abandonnant à la plaine de Neuville les groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) moyennes sur substrats calcaires jurassiques, les bas-plateaux du Châtelleraudais présentent des sols plus hydromorphes de fonds de bassins argileux, ou sablo-argileux sur Tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) jaune ou sables cénomaniens, principalement occupés par la forêt.

    Ce type de sols et la forêt qui lui est associé couvrent également les terrasses alluviales supérieures de la vallée de la Vienne en limite d’unité, près de Châtellerault. Les étroites terrasses qui bordent les petits cours d’eau ont quant à elles un aspect plus humide, voire tourbeux.

    Les boisements sont bien moins présents sur les plateaux intermédiaires, où le calcaire plus abondant se traduit par des groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) ou des terres d’aubues plus aptes aux cultures. Dans le sud-ouest de l’unité de paysage, les variantes saturées et souvent caillouteuses de ces sols argilo-calcaires accueillent des vignobles de l’appellation Haut-Poitou.

    A l’approche des buttes, les aubues(Sol limono-argileux calcaire sur craie ou argile calcaire. Surtout présent en Loudunais et Châtelleraudais) sur craie renouent avec l’hydromorphie et les surfaces boisées deviennent plus nombreuses.

    Enfin, au sommet des buttes, le calcaire disparait à nouveau sous les couvertures détritiques. On passe alors à des bornais(Sols limoneux (parfois argileux : bornais lourd ; ou sableux : bornais léger) souvent hydromorphes, sur dépôts tertiaires ou quaternaires) sableux sur lesquels la forêt est majoritaire, avec une proportion de résineux nettement plus importante que dans les boisements des bassins.

    Agriculture

    Une terre de polyculture

    Le Châtelleraudais est essentiellement une terre de grandes cultures, dominées par les céréales et les oléagineux qui occupent plus de 75% des terres. Les cultures maraîchères sont également présentes : melon, oignon, pomme de terre asperge, haricot.

    Dans les fonds de vallée, prennent place quelques prairies, cultures fourragères et des cultures de maïs. L’élevage est essentiellement bovin (lait principalement mais aussi viande) complété par quelques élevages caprins.

    Les vignes du Haut-Poitou

    Au sud du Châtelleraudais, le vignoble du Haut-Poitou prend place sur les hauteurs, prolongeant les vignes présentes dans la Plaine de Neuville. Les parcelles sont assez disséminées, mais par endroits, les petites parcelles de vignes se regroupent suffisamment pour donner ponctuellement un caractère viticole au paysage.

    Arbre et forêt

    Le Châtelleraudais présente une couverture forestière relativement importante qui occupe deux types de situations.

    Les boisements des coteaux

    Sur les hauteurs et les coteaux, de nombreux bois sont implantés, comportant des massifs importants mais aussi de très petits boisements morcelés. Ils sont composés de feuillus (chênes pédonculé et pubescent, charme, châtaignier), de boisements mixtes et de plantations de pins maritime et sylvestre. Les peuplements se présentent surtout sous forme de mélanges de taillis et de futaie feuillue et résineuse.

    Peupleraies et forêts des vallées

    Dans les fonds de vallées, les boisements sont importants, notamment dans les vallées de l’Envigne et de la Mable. Ils ont composés d’essences adaptées à des milieux plus humides : chêne pédonculé, érables, frêne, orme, aulnes, saules… On y retrouve également de nombreuses peupleraies, imbriquées dans les bois.

    Urbanisme

    Au sud, l’influence de l’axe Châtellerault/Poitiers

    Le sud du territoire concentre les communes les plus importantes. Plusieurs communes dépassent les 2000 habitants comme Thuré (2 900 hab), Lencloître (2 500 hab), Scorbé-Clairvaux (2 300 hab), Mirebeau (2 200 hab) ou St-Martin-la-Pallu (5 600 hab) mais qui est une commune nouvelle couvrant un large territoire débordant sur la Plaine de Neuville.

    On retrouve au sud une double influence, la première, externe, liée à la proximité de Châtellerault et de l’axe urbain du Clain et l’autre, plus interne, liée à l’axe reliant Châtellerault à Mirebeau.

    Au nord, un territoire rural

    Au nord de la vallée de l’Envigne, les communes restent de taille modeste, en dessous des 500 habitants. Seule St-Gervais-les-Trois-Clochers dépasse les 1 000 habitants (1 300 hab). Les villages sont distants de 4 à 6 km en moyenne. Les communes sont organisées autour un noyau villageois réduit, entouré de nombreuses fermes isolées, dispersées sur tout le territoire et espacées de 400 à 600 m les unes des autres.

    Des sites d’implantation urbains variés

    Dans ce territoire vallonné, les bourgs et les villages ont valorisé des sites d’implantations très divers. Certains ont privilégié des implantations en hauteur, sur une butte comme à Mirebeau ou plus souvent sur un versant comme à Colombiers, Mondion, Ouzilly, St-Genest-d’Ambière, Scorbé-Clairvaux, Sérigny, Thuré, Vellèches…

    Mais d’autres ont choisi de s’implanter en bas (Chouppes, Orches, Savigny-sous-Faye, St-Christophe), ou près d’une rivière  comme à Berthegon, Lencloitre, Cernay, St-Gervais-les-Trois-Clochers, St-Martin-Doussay, Sossais, Usseau… Lencloître est la seule commune à s’être développée sur les deux rives d’une rivière, en l'occurance l'Envigne.

    Patrimoine

    Patrimoine culturel

    A Mirebeau, les vestiges des anciens remparts de la citadelle ont été inscrits monument historique, ainsi que l'ensemble de la forteresse et de plusieurs constructions datées des XVème, XVIIème et XVIIIème siècles. La ville est également couverte par une ZPPAUP(Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).

     

    Les monuments historiques concernent le polissoir néolithique d’Orches ainsi que le site antique des Tours Mirandes à Vendeuvre-du-Poitou (St-Martin-la-Pallu). Mais la plupart des monuments protégés sont des églises (Chouppes, Doussay, Lencloître, Orches, St-Christophe, Savigny-sous-Faye, Sérigny, Scorbé-Clairvaux, Sossais, Thuré, Usseau, Vellèches…) et des châteaux (Cheneché, Chouppes, Coussay, Mirebeau, Mondion, Scorbé-Clairvaux, Thurageau, Thuré, Usseau, Vellèches…).  A noter également la halle de Scorbé-Clairvaux datant du XVIIIème siècle.

    Patrimoine naturel 

    Le Châtelleraudais  est relativement peu protégé au titre des milieux naturels. Quelques ENS(Espace Naturel Sensible. Les ENS sont le cœur de la politique environnementale des départements.) recouvrent des secteurs inventoriés en ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) :

    • la Znieff(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) de la Plaine de Doussay : ce secteur forme un noyau relictuel intéressant pour plusieurs espèces d'oiseaux patrimoniaux emblématiques des milieux de plaine. Le site accueille ainsi chaque année plusieurs mâles chanteurs d'outarde canepetière, l'œdicnème criard, les busards cendrés et st-Martin ainsi que le bruant ortolan, qui atteint ici la limite nord-est de sa répartition dans le département.
    • la Znieff(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) du massif de Sérigny : Important ensemble de boisements plus ou moins continus, sur des sables mobiles cénomaniens avec remontées de carbonates, composant des milieux complexes où coexistent calcicoles et calcifuges, hygrophiles et xérophiles.
    • la Znieff(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) de la Motte du Vent : aire de présence très disséminée de l'Alisier de Fontainebleau, où il est en limite sud-ouest absolue.

    Le Châtelleraudais possède également un intérêt patrimonial naturel lié à la multiplicité des caves creusées dans la roche calcaire qui constituent des sites importants pour la conservation de nombreuses espèces et particulièrement pour les chauves-souris.