Les ateliers de paysage : des habitants parlent de leurs paysages

    Trois ateliers, réalisés en 2023, ont permis de recueillir les perceptions des habitants, des élus, des techniciens et des gestionnaires. Ils ont ainsi permis d’engager un temps d’écoute et d’échange autour d’une lecture partagée des paysages de la Vienne et de leurs enjeux.

    Une lecture partagée des paysages

    Le paysage, dans la définition donnée par la Convention européenne du paysage, renvoie à la fois à une réalité géographique et historique, mais aussi à une perception sociale ainsi qu’à des dynamiques d’évolution et de gestion.

    En juin 2023, trois ateliers d’échange réunissant habitants, élus, techniciens, associations, gestionnaires, mais aussi toute personne désireuse d’y participer, ont ainsi permis d’engager un temps d’écoute et d’échange autour d’une lecture partagée des paysages de la Vienne et de leurs enjeux.

    Au total, 31 participants ont consacré 1 à 3 demi-journées à arpenter le terrain et à échanger sur le paysage local. Le Département de la Vienne remercie tous les participants.

    Pourquoi ?

    Les ateliers ont plusieurs objectifs :

    • Recueillir le regard des habitants sur leur propre paysage pour enrichir l’atlas lui-même.
    • Échanger entre auteurs de l’atlas et futurs utilisateurs : élus, associations, habitants, services de l’Etat, des collectivités.
    • Permettre à tous de s’approprier les enjeux des paysages locaux.

    Le chemin est ici aussi important que le but : in fine, l’atlas n’est pas un document réglementaire, mais un document qui alerte et propose. Sa fécondité dans les années qui viennent, dépendra autant du nombre de personnes qui s’en seront emparé localement, que de la pertinence du document lui-même.

    Comment ?

    Le fait d’échanger sur site, par petits groupes conviviaux, permet à chacun de s’exprimer et de se réapproprier la démarche de l’atlas. L’analyse paysagère est une découverte pour la plupart, mais chacun s’aperçoit qu’elle lui est somme toute assez familière.

    Qu’il s’agisse de choisir un site de balade, de prendre une belle photo, ou de décider d’habiter dans tel logement plutôt qu’un autre, chacun a fait l’expérience d’apprécier ou non le paysage d’un lieu, s’est interrogé sur "qui fait quoi" et sur ce qui pourrait s’améliorer.

    De ces échanges, se dégagent des points clefs, des façons de formuler les enjeux et les propositions qui enrichissent le contenu de l’atlas.

    Chaque atelier dure une demi-journée, le matin ou l’après-midi. Il comprend un parcours libre d’une heure trente à pied ou en voiture par petits groupes, puis une mise en commun en salle d’une demi-heure par groupe, et enfin un débat d’une heure autour des enjeux et des points forts du paysage.

    Déroulement

    Lors de chaque atelier, les participants se sont répartis en groupes et sont allés visiter des sites de leur choix avec comme point de départ une question simple : «  Vous avez envie de faire apprécier ce paysage à un ami de passage dans ce secteur. Que lui montrez-vous ?  »

    Sur chaque site visité, s’engageait alors une discussion autour de quelques questions :

    • Vous avez découvert ce paysage il y a des années. Voyez-vous des traces d’évolutions ?
    •  
    • Vous revenez ici dans 10 ans. Y a-t-il des évolutions que vous craignez ? D’autres que vous appréciez ? Qui pourrait faire quoi d’ici là ?
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    Les mises en commun en salle ont toujours été riches et ont permis à tous de s’exprimer pour souligner la qualité du paysage, s’interroger sur son évolution ou bien émettre des souhaits pour l’avenir.

    Les sites «  coups de cœur  » visités

    Montreuil-Bonnin (Boivre-la-Vallée)

    La grande prairie a été remembrée, avant il y avait plusieurs parcelles. On voit des vaches, ça devient rare. Cette grande ouverture fait du bien après les autres parties de la vallée plus enfrichées… et on voit le château !

    Tous les participants ont fait le choix de rester dans la vallée de la Boivre et de parcourir à pied les chemins et les petites routes dans le fond de vallée ou sur le coteau. Par contraste avec le plateau céréalier, la vallée est perçue comme un havre de verdure dans lequel les villages se sont nichés. Le recul de l’élevage a entrainé l’enfrichement de certaines parcelles ou la plantation de peupleraies ce qui transforme le paysage. Quelques prairies encore pâturées offrent des ouvertures dans le fond de vallée. La vue sur le château a été recherchée, la silhouette de la forteresse constituant un élément patrimonial fort et un repère visuel. Un des groupes a été guidé par un habitant jusqu’à un ancien four à chaux et à des falaises calcaires, aujourd’hui enfouis dans les bois.

    La présence de l’eau a attiré les participants, qu’il s’agisse de la rivière, entraperçue depuis le pont, des ouvrages de pierre de l’aqueduc, de la fontaine, de la prise d’eau du moulin ou de l’étang de pèche.

    Les débats ont porté sur l’équilibre entre ouverture et fermeture des paysages dans la vallée dans un contexte de recul de l’élevage. Sur le plateau, l’intensification agricole et la disparition des haies ont été questionnées. Plusieurs leviers apparaissaient : la réhabilitation des fermes abandonnées en logement, la plantation d’arbres et de haies sur le plateau le long de chemins, le maintien de certains points de vue…

    Monts-sur-Guesnes

    Monts-sur-Guesnes : c’est les points de vue. On est en hauteur. On domine la forêt de Scévolles et la plaine de Neuville. C’est impressionnant, on voit très loin, mais il n’y a pas beaucoup de points saillants, de repères.

    A Monts-sur-Guesnes, tous ont commencé par observer le paysage depuis l’un des nombreux points de vue qui s’offrent depuis le bourg et la commune. La côte dominant la forêt de Scévolles et la plaine de Neuville offre des vues lointaines. Sur ces horizons tendus, chacun a essayé de trouver des repères : éoliennes, châteaux, bourg de Loudun, coteau de Verrue…D’autres ont privilégié la découverte du bourg, de ses bâtisses patrimoniales mais aussi de ses extensions qui marquent les entrées de ville. Le développement des lotissements  a été interrogé au regard de l’économie foncière recherchée de nos jours, de même que la place du piéton dans le bourg.

    Les débats ont porté sur la place de l’arbre dans le parcellaire agricole, sur la mise en valeur des sources  et des lavoirs, sur l’évolution de la gestion forestière et notamment sur la progression des enrésinements, sur la qualité des rues et des lotissements, sur les maisons inoccupées qui se dégradent dans le centre-bourg. Quelques leviers sont apparus : les politiques de valorisation des sources, des arbres isolés et des fruitiers, mises en œuvre par la communauté de communes, le nouveau lotissement avec ses façades en bois, son traitement paysager avec des noues et des haies champêtres épaisses, la nécessité d’une réflexion intercommunale sur l’urbanisme...

    Sillars

    Ici, on n’a pas de lieu extraordinaire à faire visiter, mais il y a plein de petits endroits intéressants à faire connaitre ! Ici, c’est une belle ferme patrimoniale avec un plan carré. A l’entrée, on a le vieux pigeonnier, une belle allée de tilleuls.

    A Sillars, certains participants ont privilégié la découverte du vallon bocager et forestier aux dépens du plateau céréalier qui constitue l’autre paysage de la commune. D’autres se sont intéressés à explorer les vues sur la silhouette du village. Tous ont apprécié les nombreux chemins, les haies et leurs chênes majestueux, le patrimoine bâti des fermes, des manoirs et des hameaux, le bord du ruisseau de Villeneuve et ses potagers bien entretenus.

    Les débats ont porté sur le renouvellement des arbres du bocage et sur la disparition des haies sur le plateau, sur les évolutions de la gestion forestière, sur la maitrise des extensions bâties afin de tenir la silhouette du village, sur l’aménagement des espaces publics du bourg. Les nouveaux hangars des fermes et le bâtiment de couleur claire de la carrière ont été questionnés.

    Quelques leviers apparaissaient : retrouver des arbres isolés le long des routes ou des chemins sur le plateau, aménager une transition entre les champs et le bourg, mieux valoriser le bord du ruisseau, repenser le parking comme un espace public, anticiper les nouvelles tranches de construction…