Paysages urbains du Bocage Montmorillonnais

Les silhouettes des bourgs et des villages restent discrètes, ne se découvrant le plus souvent qu’au dernier moment

    Le Bocage Montmorillonnais se distingue par une trame régulière de villages modestes qui jalonnent l’unité. Il faut préciser que les villes et bourgs principaux sont en réalité directement liés aux vallées, celle de la Gartempe pour Montmorillon, celle de la Vienne pour Availles-Limouzine, l’Isle-Jourdain et Lussac-les Châteaux, et de ce fait sont abordés dans les unités paysagères des vallées. Même si la densité bâtie reste faible, le Bocage Montmorillonnais renvoie l’image d’un paysage habité, tant par les corps de ferme isolés qui se découvrent au détour d’une haie que par les différents villages auxquels s’ajoutent les nombreux hameaux. Chacun d’entre eux s’est constitué au fil du temps, avec ses particularités propres, influencés par plusieurs facteurs, comme la présence d’un château, la contrainte topographique, la proximité de la rivière, la présence d’une route « nationale », pour composer un paysage bâti singulier.

    Un paysage habité, une constellation de hameaux 

    L’unité du Bocage Montmorillonnais possède un grand nombre d’ensembles bâtis. Il y a les corps de ferme dont certains présentent des volumes imposants mais il y a surtout beaucoup de hameaux constitués. Ce sont des ensembles densément bâtis, avec des maisons mitoyennes, des espaces communs, qui ont été construits à distance des centres des villages. 

    Par exemple, la commune de Lathus-Saint-Rémy compte plus de 10 hameaux importants, comme Abenoux, la Bétoule, la Celle, la Champagne, la Montagne, le Peux-Pintureau,…et tout autant de lieux-dits construits, moulins, fermes ou châteaux. On en dénombre au moins 8 sur la commune voisine de Brigueuil-le-Chantre. Il ne s’agit pas d’extensions de corps de ferme même si la vocation agricole domine. Ce sont de véritables quartiers anciens, bâtis au plus près des terres à exploiter. Sur le cadastre des années 1840, chacun de ces hameaux fait l’objet d’un détail.

    Cette organisation humaine ancienne s’accompagnait d’une résille de chemins ruraux, que le temps et l’évolution des modes de transports ont hiérarchisés. Certains tracés ont disparu, perdurant toutefois sous forme d’une haie bocagère, d’autres ont été renforcés devenant des routes plus larges.

    Les villages et les routes

    Le grand nombre de hameaux entourant les villages confère par conséquence un rôle de centralité aux villages, si bien que les routes et les anciens chemins convergent vers ces pôles de services. Ils se transforment progressivement en rues : ce sont les maisons, souvent mitoyennes et construites à l’alignement de l’espace public qui signalent l’entrée dans le village. Selon les cas, la figure du carrefour varie. Quelquefois, les voies se rejoignent au centre, en « étoile » aboutissant sur un espace public, comme à Journet ; dans d’autres cas, elles se regroupent à la manière d’un entonnoir, générant des ilots de forme triangulaire assez particuliers, soit bâtis, soit aménagés en place publique, comme à l’entré nord-est d’Adriers.

    Le passage de la route a conditionné la forme originelle des villages mais il influence également l’évolution des paysages bâtis, les extensions se greffant le long des routes.

    Il y a aussi des villages « escales » qui sont implantés au bord de la route. C’est le cas de Moulismes qui est bordé par la route nationale N147. Déjà au XIXème siècle, le village était au bord de l’itinéraire reliant Poitiers à Limoges. La forme urbaine s’est constituée de part et d’autre de la route de transit, elle n’a pas été sectionnée, par contre, la densification du trafic sépare plus fortement les quartiers. Cette position en bordure d’un itinéraire de transit, donne un paysage bâti à double face, un recto/verso contrasté entre le calme et l’intimité des espaces « dos à la route » et les façades exposées au trafic routier.

    Des villages en silhouette

    C’est sur le rebord des vallées que les villages ou les bourgs se dressent en silhouette dans le paysage. Ce sont des situations topographiques intéressantes qui mettent en valeur la forme urbaine et l’architecture que l’on peut découvrir à distance. Ces situations sur versant, sont souvent accompagnées par un travail d’implantation des maisons dans la pente qui contribue au caractère pittoresque du paysage bâti.

    Un patrimoine remarquable et valorisé

    Le Bocage Montmorillonnais comprend un patrimoine bâti de grande qualité qui se compose de monuments civils, comme l’imposant château de Bourg-Archambault, de monuments religieux comme le prieuré de Villesalem, sur la commune de Journet mais également de patrimoines plus modestes composés de bâtisses anciennes qui témoignent de siècles d’occupation villageoise. L’inclusion de l’unité dans le pays d’Art et d’Histoire Montmorillonnais  facilite l’identification et améliore la connaissance de ces richesses.

    Les places publiques

    Nombre de villages du Bocage Montmorillonnais offrent aux habitants ou aux visiteurs d’agréables places publiques. Qu’elles soient plus urbaines avec des allées tracées ou plus champêtres, traitées en surface herbeuse, elles sont pour la plupart ombragées par des tilleuls. Certaines abritent le Monument aux morts,  d’autres des bancs, et la place de Journet se distingue par une lanterne des Morts. Ce sont des lieux publics importants qui créent une respiration dans le tissu bâti et qui donnent envie de s’arrêter.

    Une variété de matériaux de construction dissimulée

    L’unité du bocage Montmorillonnais se distingue par une grande variété de matériaux de construction, liée à sa position géographique. Cette diversité concerne tant les matériaux de façades que ceux de couvertures et, sur certains bâtiments, on retrouve même plusieurs origines de pierre dans la maçonnerie. Pour autant, cette diversité est quelquefois gommée par une typologie de façade très courante dans les maisons villageoises : ce sont des façades enduites avec les encadrements de baies soulignés soit par de la pierre, soit par de la brique. Généralement les menuiseries sont à petits bois et les fenêtres sont occultées par des volets en bois.