Quand les élus parlent de leurs paysages

    Début 2023, un questionnaire a été envoyé à toutes les communes et communautés de communes du département de la Vienne portant sur la perception de leur paysage et de ses évolutions, sur leurs actions en matière de paysage et sur leurs souhaits pour l’avenir. 42 réponses ont été reçues dont 35 réponses de Communes (sur 226 Communes) et 7 réponses de Communautés de Communes  (sur 7 Communautés de Communes) rédigées par des élus  et parfois par un binôme élus et technicien. Le taux de retour des questionnaires est de 15 %.

    Les qualités de votre paysage

    Toutes les réponses ont revendiqué la diversité des paysages entre champs, bocage, forêt, vallées et ruisseaux et vignes… La présence des arbres est évoquée à la fois dans la trame des haies mais aussi dans les bois et les forêts. Les bords d’eau et les vallées sont considérés comme des joyaux tant pour leur importance naturaliste que pour les paysages frais et ombragés qu’ils proposent dans la ville comme à travers champs. De nombreux sites particuliers ont été cités aux abords des rivières, qu’ils soient naturels (Roc d’Enfer, marais, source, étang) ou liés à une construction (pont, moulin, gués…).

    Le bâti ancien patrimonial a été évoqué par tous, qu’il s’agisse du centre historique de la commune ou d’un patrimoine bâti isolé. Les monuments historiques protégés sont cités bien sûr (châteaux, églises, abbaye, prieuré…) mais également le patrimoine plus modeste : puits, pigeonniers, porches, croix, fontaines…

    Les lieux de nature préservés sont évoqués, notamment dans des communes plus urbaines, où ils constituent des réservoirs de nature au milieu d’un cadre plus anthropisé.

    La ruralité, le calme, ont été plusieurs fois évoqués comme des éléments importants. Dans les communes rurales, la tranquillité est vécue comme un atout, qui apporte de la sérénité. L’échelle modeste des villages et de leurs nombreux hameaux est apaisante.

    Enfin la présence des chemins est présentée comme un atout permettant une découverte plus intime des territoires.

    Les évolutions du paysage

    Si quelques élus tiennent à souligner des évolutions positives qui font écho aux politiques mises en place depuis quelques années (plantation de haies, protection et valorisation d’espaces naturels, rénovation urbaine), pour la plupart, ce sont des évolutions négatives qui sont citées.

    Dans ce département à dominante rurale ce sont les évolutions agricoles qui sont logiquement prépondérantes. La régression de l’élevage au profit des cultures est ressentie comme une uniformisation et une banalisation paysagère avec la disparition des haies, des arbres isolés et l’agrandissement des parcelles.

    Le deuxième sujet évoqué concerne les éoliennes, décrites comme une atteinte et une perturbation des paysages. Ces objets sont questionnés vis-à-vis de leur échelle (domination, écrasement) et de leur répartition territoriale (saturation, encerclement).

    Les extensions bâties récentes sont décriées pour leur consommation focière aux dépends des champs, la piètre qualité des entrées de ville et des zones d’activités et leur standardisation. A l’opposé certaines communes rurales sont confrontées à un abandon de l’habitat ancien.

    Le changement climatique est déjà ressenti par les élus qui déplorent les assecs des cours d’eau ou les mortalités de certains chênes suite aux canicules. La gestion de la ressource en eau questionne également le modèle agricole et l’aménagement des communes.

    Vos actions et projets

    Toutes les collectivités sont impliquées dans des politiques de replantation de haies ou d’arbres isolés, en général avec des partenariats (chasseurs, propriétaires, agriculteurs, habitants syndicats de rivière, association de protection de la nature, chambre d’agriculture…). L’aménagement et la gestion de sentiers ou voies cyclables sont aussi évoqués par tous, qu’ils soient d’usage local ou intégrés dans un maillage plus large, voire reliés à une gare.

    L’aménagement des espaces publics dans les bourgs ou autour (verger, terrain de jeux, parc de loisir) est évidement une action menée par toutes les collectivités. Les réflexions tournent autour de l’adaptation au changement climatique avec des aménagements privilégiant des plantations d’arbres pour leur ombrage, des essences plus rustiques mieux adaptées à la sécheresse et des espaces moins imperméabilisés.

    La valorisation du patrimoine  et la revitalisation des centre-bourgs sont citées par la plupart des élus. Les actions couvrent une large palette couvrant des inventaires, des chartes architecturales et paysagères, des politiques d’aides, des acquisitions de bâtiments, des réhabilitations, des labellisations,… dont certaines se traduisent également dans les documents d’urbanisme.

    La mise en valeur des rivières et des espaces naturels est régulièrement évoquée : restauration de cours d’eau avec les syndicats de rivière, valorisation de sites liés à l’eau (sources, fontaines, passerelles, lavoirs, moulins, puits, zones humides), écopâturage sur prairies sèches. Ces actions sont souvent complétées par des créations de sentiers.

    Quelques collectivités essayent d’infléchir le type d’agriculture de leur territoire en proposant des aides pour développer de nouvelles productions, valoriser des prairies ou planter des haies.  

    Des actions de sensibilisation sont également menées vis-à-vis de divers publics : scolaires, agents municipaux, habitants.

    Deux communautés de communes évoquent l’élaboration d’un plan de paysage intercommunal pour développer une stratégie de valorisation de leurs paysages.

    Vos souhaits

    Les souhaits d’aménagement émis par les élus sont pour la plupart une prolongation des actions déjà engagées aujourd’hui par les collectivités, concernant les chemins, les plantations d’arbres et de haies, la valorisation du patrimoine et des sites naturels.

    Le sujet des éoliennes est de nouveau prépondérant avec des opinions qui balancent entre deux options : soit un arrêt du développement éolien, soit la mise en place d’une planification qui permette de réguler et de modérer son développement.

    La nécessité d’économiser l’eau est régulièrement évoquée, avec un angle qui interroge les productions agricoles irriguées et un autre qui souhaite protéger et renforcer les trames vertes et bleues.

    Sont également citées, par des communes périurbaines, les questions de la requalification des abords de routes départementales et des entrées de villes.

    La thématique touristique est plusieurs fois évoquée notamment pour valoriser des territoires qui se vivent comme à l’écart de la promotion touristique départementale, ou pour développer des synergies avec les territoires voisins de la Vienne.