Les noms des sols de la Vienne
Des noms qui racontent l’histoire des paysages
Alors qu’habituellement les sols sont désignés par des adjectifs (« bruns », « acides », « calcaires », « humides », « argileux », etc.), dans la Vienne, ces adjectifs sont moins fréquents au profit de noms qui décrivent précisément les sols.
Ce riche vocabulaire raconte aussi l’histoire des paysages en suggérant des représentations qui ne correspondent plus aux paysages actuels. C’est le cas des « terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) » qui évoquent d’anciennes landes autrefois très étendues et presque partout disparues aujourd’hui.
Les écarts climatiques étant faibles à l’intérieur du département, la plupart des noms de sols se fondent sur la nature et l’épaisseur du substrat, qui varie fortement, mais aussi, pour certains, sur le type de végétation qui leur est associé. Certains termes consistent d’ailleurs à affecter au sol le nom de la roche mère, comme « argiles à silex », ou de la formation végétale traditionnellement supportée, comme « terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) ».
Pour certains sols largement représentés comme les groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) ou les bornais(Sols limoneux (parfois argileux : bornais lourd ; ou sableux : bornais léger) souvent hydromorphes, sur dépôts tertiaires ou quaternaires), un adjectif précise la profondeur, la texture, etc. Ainsi, pour les groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais), onze nuances sont distinguées.
Principaux noms de sols de la Vienne
Aubues(Sol limono-argileux calcaire sur craie ou argile calcaire. Surtout présent en Loudunais et Châtelleraudais)
Également appelés « champagnes » en Charentes et dans d’autres départements. Sols gris clair, argilo-limoneux, sur craie ou tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) et donc calcaires. On les trouve dans le Châtelleraudais et le Loudunais en alternance avec les varennes non calcaires. 7 % du département.
Argiles à silex
Parfois nommés « argiles rouges à silex » et parfois confondues avec les « terres rouges à châtaigniers ». Le nom du sol reprend ici celui de la formation superficielle qui caractérise certains épandages tertiaires ou quaternaires recouvrant les roches plus massives. Sols neutres, limono-argileux à argileux en surface, plus au moins hydromorphes. Principalement dans les Terres rouges bocagères, on en trouve également dans le sud de l’unité des Terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) et le Bocage Montmorillonnais. 10 % du département.
Bornais(Sols limoneux (parfois argileux : bornais lourd ; ou sableux : bornais léger) souvent hydromorphes, sur dépôts tertiaires ou quaternaires)
Sols brun clair sur limons, particulièrement sur les limons éoliens des plateaux où ils sont majoritaires. Non calcaires, profonds et humides, à tendance siliceuse. On les trouve dans le nord des Terres rouges bocagères et sur les hauteurs de l’unité des Terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.). 24 % du département.
Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) ou terres de brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.)
Le nom « brande » désigne à l’origine la lande à genêts à balais largement répandue autrefois sur les couvertures détritiques tertiaires mais qu’on ne trouve plus que dans des sites particuliers. Le terme est plutôt réservé aujourd’hui aux sols de la partie non cristalline du Bocage Montmorillonnais. 12 % du département.
Groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais)
Nom régional dérivé de de groe ou groges comme gravier, c’est un sol caillouteux, dont la texture argilo-calcaire est issue de la décalcification. La couleur associe généralement une matrice rouge à des cailloux blancs. Hégémoniques sur tous les affleurements de calcaires jurassiques, les groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) dominent dans la Plaine de Neuville où ces affleurements sont majoritaires. On les trouve également en taches significatives dans les autres unités de paysage. Les groies(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) sont particulièrement aptes aux grandes cultures. Avec 28 % du territoire départemental, c’est le type de sol le plus fréquent.
Terres fortes
Le terme, qui n’est pas régional, indique une forte proportion d’argile, souvent favorable aux prairies et forêts. Ce sont des sols peu ou non calcaires, profonds, parfois caillouteux, souvent humides sur marnes et argiles lacustres à meulières ou calcaires altérés. Présents uniquement dans l’unité des Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) où ils sont assez bien répartis. 2 % du département.
Terres rouges à châtaigniers
Leur nom associe la couleur due aux argiles rouges et la présence des châtaigniers. Comparables aux « argiles rouges à silex », ces terres rouges sont généralement moins riches en silex, moins argileuses, moins hydromorphes et mieux adaptées à l’agriculture. 4 % du département.
Varennes
Moins souvent utilisé dans la Vienne, le terme désigne des sols non calcaires sur sols sableux du Crétacé (sables glauconieux ou sables verts) développés à proximité de la vallée de la Loire. Dans la Vienne on les trouve principalement dans le Loudunais, le Châtelleraudais, la forêt de Scévolles. 8 % du département.
Autres sols, sans nom local
Tous les sols de la Vienne ne sont pas nommés. Les sols des fonds de vallées et des terrasses alluviales, certains sols sur sables, calcaires ou tuffeaux, ceux des roches cristallines du Montmorillonnais, etc. n’ont pas d’appellation particulière.
Sources
- Carte des pédopaysages et Livret simplifié de la carte des pédopaysages de la Vienne, Chambre d’agriculture Poitou-Charentes, 2012
- Panorama de l’agriculture en Vienne – Chiffres 2017, Chambre d’agriculture de la Vienne, 2019