Paysages urbains de la Plaine de Neuville

Les villages et hameaux ponctuent régulièrement la Plaine de Neuville. Ils se perçoivent de loin, avec un clocher qui émerge, mais ils se fondent dans le paysage.

    La Plaine de Neuville est ponctuée de bourgs, de villages et de hameaux. Il y a peu d’effet de silhouette en vue lointaine, excepté certains clochers d’église un peu altiers, qui se dressent au-dessus des toitures, quelquefois concurrencés par le château d’eau comme à Neuville-du-Poitou. Il y a également des châteaux qui se signalent à distance, comme l’imposante forteresse des Roches à St-Martin-la-Pallu ou le donjon de Moncontour ou plus fréquemment les silos isolés de la végétation arborée qui se détachent de très loin. Cette place modeste des paysages bâtis dans les perceptions lointaines, ne laisse pas présager de l’intérêt et de la qualité des paysages « intramuros » de l’unité. Ces qualités tiennent à plusieurs paramètres : la présence de la pierre calcaire, l’implantation du bâti et la densité des formes urbaines constituées.

    En effet, dans la plupart des villages, on constate une homogénéité des constructions due à la présence de ce calcaire, posé en lits horizontaux de faible hauteur. Il semble que ces murs étaient enduits, en particulier quand il s’agissait des habitations. Il en reste des témoignages, souvent sous forme de vestiges sur des bâtiments sans entretien. Aujourd’hui, la mode tend à mettre la pierre à nue, ce qui efface cette tradition d’enduits qui mettait en valeur l’encadrement des ouvertures en pierre de taille.

    A cette harmonie créée par l’unicité de matériaux s’ajoute l’implantation constante des bâtiments à l’alignement de la rue. Quand ils ne sont pas construits en bord de rue, ils sont précédés par une cour fermée par de grands murs. Ces implantations à l’alignement donnent l’impression d’une densité, même si dans les villages de taille modeste, il n’y a qu’une épaisseur de bâti qui sépare la rue des terrains agricoles. Le centre du village est généralement marqué par une place, qu’elle soit au-devant de l’église ou bien de la mairie, elle est souvent agrémentée par des tilleuls.

    Dans l’ensemble, l’habitat est groupé, la terre agricole a été préservée du mitage, même si des quartiers d’extensions sont venus se greffer à proximité des villages et des bourgs.

    Neuville et ses faubourgs

    Ville la plus importante de l’unité, Neuville-du-Poitou présente une structure très marquée de ville carrefour. Sa grande place centrale en triangle correspond à la convergence de 9 rues, qui sont autant de routes reliant les villages entre eux. Il est intéressant de se pencher sur le cadastre napoléonien qui livre une image très claire de cette figure du carrefour en étoile. Ce plan ancien met également en évidence l’organisation du territoire. L’itinéraire de transit, la route importante qui relie à Poitiers à Mirebeau ne passe pas par le centre. C’est le hameau Mavault, comme encore aujourd’hui qui sert d’articulation entre la grande route et la desserte vers Neuville.  Alentour, il y a d’autres hameaux qui bordent les routes. Ce sont des hameaux étirés, constitués d’un bâti rural, composé de la maison d’habitation et des bâtiments d’exploitation autour d’une cour. Les constructions sont implantées à l’alignement des deux côtés de la rue ce qui confère, du fait de la densité, une ambiance presque urbaine à ces anciens quartiers agricoles.  Depuis 200 ans, la ville s’est étendue jusqu’à rejoindre ces anciens hameaux. Si bien qu’en s’éloignant du centre-ville, après avoir longé les faubourgs, traversé les quartiers d’extension plus lâches, ou les quartiers d’activités, on retrouve des rues étroites, entièrement encadrées de hautes bâtisses, comme à Bellefois, Petit Yversay, ou Furigny.

    Cette structure en étoile concentre sur l’ultime carrefour, nombre de services et de commerces, ce qui nécessite d’offrir de grandes surfaces de stationnement. De ce fait, la place Joffre, place centrale, laisse une grande place aux voitures. Dans le centre-ville, les immeubles s’élèvent sur 3 niveaux (rez de chaussée plus 2 étages). L’architecture se distingue de celle des maisons des anciens quartiers agricoles, elle présente un caractère urbain. Les façades sont composées avec symétrie, les encadrements sont en pierre taille, soulignés par des bandeaux. Certaines maisons sont plus ornées, avec par exemple de balcons dans la travée centrale au-dessus de la porte d’entrée et des lucarnes. Les couvertures en ardoise se mêlent aux couvertures de terre cuite.

    Des villages carrefours

    A une moindre échelle que Neuville-du-Poitou, il existe d’autres villages carrefours vers lesquels convergent les routes qui sillonnent la plaine. C’est le cas par exemple de Vouzailles, de Vendeuvre-du-Poitou (commune de St-Martin-La-Pallu), de Martaizé, de St-Clair ou de St-Jean-de-Sauves. En général, cette convergence génère des places centrales de forme irrégulière, souvent triangulaires. Cette géométrie offre des variations dans l’organisation du bâti, dans l’occupation du vide central, végétalisé ou pas et  dans les perspectives vers la campagne. A St-Jean-de-Sauves, la nécessité d’un pont pour franchir le ruisseau du Prepson réunit avant l’entrée dans le bourg trois routes départementales.

    Des villages rues

    L’unité paysagère compte également d’importants hameaux ou des villages-rues, d’origine agricole, comme cela est décrit dans le paragraphe sur Neuville-du-Poitou. Ils sont constitués d’ensembles bâtis distribués sur cours, mitoyens les uns des autres, implantés à l’alignement de la rue, par exemple Etables, Verger-sur-Dive, Poué. Quelquefois le développement urbain les a reliés, comme à Neuville, à Champigny-en-Rochereau, ou bien aux Chauleries sur la commune de Verrue. Dans d’autres cas, le hameau prend un peu d’épaisseur en se développant sur des rues ou ruelles secondaires comme à Massognes, ou bien La Rondelle. Ce sont des paysages bâtis très homogènes qui se caractérisent par leurs belles parois de pierre calcaire, encadrant la perspective des rues, interrompues de temps en temps par les grands portails qui donnent accès aux cours.

    Un ancrage historique bien perceptible

    L’unité paysagère comprend de nombreux châteaux. Une majorité de ces édifices a été édifiée soit au cœur du village comme le donjon de Moncontour, la forteresse de Cheneché, soit en continuité comme à Angliers, Avanton, Ayron, Charrais, Furigny,...On dénombre aussi des châteaux construits à l’écart comme le château des Roches à Vendeuvre-du-Poitou (commune de St-Martin- La-Pallu).

    Un autre élément de patrimoine concerne les fuies, pigeonniers circulaires aux volumes imposants que l’on rencontre la plupart du temps à proximité d’anciens châteaux, comme à La Grimaudière, à Chenéché. Celui de Vouzailles est l’un des plus impressionnants. Construit à la fin du XVIIème siècle, il a été entièrement restauré. Propriété communale, il est accessible au public, ce qui permet de découvrir l’intérieur de l’édifice et d’en comprendre la fonction et l’organisation.

    Le patrimoine religieux compte également des édifices anciens, comme l’église romane St-Hilaire de Vouzailles, ou celle de St-Nicolas de Moncontour…

    La place des tilleuls

    Le tilleul est un arbre très présent dans les espaces publics de la Plaine de Neuville. On le rencontre en sujet isolé, en alignement, en quinconce, conduit en port libre ou bien en taille architecturée. Il est intéressant d’aborder le cas particulier d’Angliers. Probablement que la construction du château et l’aménagement du parc ont été l’occasion de déployer de longues allées cavalières qui aujourd’hui participent à la composition urbaine. Bien qu’elles semblent avoir été réduites, ce sont encore de belles rangées de tilleuls rectilignes, qui sont en contraste avec le cœur plus ancien du village aux tracés de rue plutôt courbes.