Les enjeux paysagers liés à la forêt

    Les forêts ne couvrent que 18% de la surface du département de la Vienne. C’est peu comparé aux 31% au niveau national. Pour autant, l’arbre est partout présent dans les paysages de Vienne. De nombreux bois prennent place dans les fonds humides, sur les affleurements calcaires et les versants pentus des vallées, tandis que de vastes massifs et de nombreux bosquets sont présents sur les hauteurs des plateaux. La forêt est ici privée à 93 % et dominée par les feuillus qui occupent 80 % des peuplements. Les conifères sont plus représentés dans les forêts domaniales où l’on trouve de vastes plantations de pins.

    Les boisements progressent à mesure que l’agriculture délaisse des prairies pentues ou trop humides, les sols trop maigres ou trop secs. En trente ans, on est passé de 100 000 à 125 000 hectares. Dans les vallées, les peupleraies dressent leurs troncs alignés et cloisonnent les vues comme dans les vallées du Châtelleraudais. La gestion forestière sur les versants les plus exposés, la diversité des paysages forestiers et la qualité des lisières le long des routes sont des enjeux paysagers forts.

    Valoriser la présence des forêts et varier leurs lisières

    Les forêts et les bois créent des contrastes  et cadrent les vues dans les paysages de grandes cultures. Elles offrent des ambiances intimes et plus fraiches. Outre les grands massifs, les boisements se fragmentent dans les cultures, annoncent les vallées, habillent les coteaux, forment des sillons verts dans les petites vallées. Les boisements modulent donc les perceptions et participent à la diversité des paysages. A proximité des villes, les forêts domaniales permettent promenades et détente. Plusieurs enjeux sont à évoquer concernant les forêts :

    • La gestion des lisières. La lisière constitue le premier contact avec la forêt. Elle forme la toile de fond des vues, jouant un rôle de transition avec les cultures. Le long des routes, lorsque la lisière est trop opaque et uniforme, la traversée forestière semble bien monotone. Ces lisières gagnent à être variées et modulées par une gestion adéquate (conservation de sujets plus âgés, réalisation d’éclaircies, implantation d’essences variées…).
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    • La diversité des peuplements. Les modes de gestion et d’exploitation des bois ont un impact visuel important (futaie jardinée ou régulière, coupe à blanc, maintien d’une strate arborée choisie…). La conservation d’arbres âgés isolés ou bordant une parcelle exploitée, ou encore d’arbres remarquables ponctuant le parcours ont un intérêt paysager.  Le choix des essences et la proportion entre feuillus et conifères méritent une réflexion et peuvent transformer radicalement le paysage forestier.
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    • L’accès aux forêts et les chemins. La forêt a un pouvoir attractif. Son accessibilité (aire d’arrêt, voie douce, chemin) conditionne la découverte de ses ambiances. Un équilibre doit être recherché entre le respect de la propriété privée et le maintien d’un accès public aux forêts.
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    • L’impact des coupes sur les coteaux. Les coteaux boisés cadrent les vues et sont souvent visibles de loin depuis le fond de vallée. La maitrise des impacts visuels liés à leur gestion est donc importante.
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    • La mise en valeur des sites. Certains villages ou bourgs patrimoniaux méritent une gestion spécifique des boisements, surtout dans les vallées (château, monument religieux…) pour favoriser leur perception.
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    Pistes d’actions envisageables : 

    • Aménager avec soin les aires d’accès aux forêts publiques. Conserver les accès et les chemins publics existants à travers les massifs boisés. Aménager avec soin les aires d’accès aux parties publiques de la forêt.
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    • Concilier propriété privée et accès public aux forêts. 
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    • Animer les lisières le long des axes routiers et des chemins. Moduler les lisières pour apporter une diversité. Maintenir quelques arbres le long des routes lors des coupes. Mettre en valeur des arbres remarquables.
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    • Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière.
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    • Favoriser une gestion forestière en futaie jardinée avec la conservation de sujets âgés sur les parcelles communales ou domaniales. Retrouver ou maintenir une diversité dans la couverture forestière. 
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    • Limiter les coupes à blanc. Préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée. 
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    • Dans les vallées, éviter de refermer ou de cloisonner le fond de vallée par les boisements.
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    • Sur les coteaux des vallées, limiter les coupes à blanc et éviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes. Eviter l’irruption de la géométrie des lignes de plantations ou du parcellaire sur les versants.
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    • Préserver les boisements au sein des cultures. 
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    • Maintenir le petit parcellaire et la présence des haies aux abords des massifs forestiers pour faire des transitions paysagères.
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    Evaluer l’impact paysager des peupleraies

    Les peupleraies prennent place dans les vallées, occupant des fonds humides. A travers le département de la Vienne les vallées présentent une certaine diversité d’échelle, mais leurs coteaux ne dépassent en général jamais les 80 mètres de haut. Compte tenu de la hauteur de ces arbres plantés régulièrement, même si des effets de transparence ont lieu avec une bonne gestion, l’impact visuel peut être fort. Dans les petites vallées couloirs, l’obstruction du fond est très rapide, même si les plantations sont discontinues. Dans les vallées plus larges, le recul plus important permet de relativiser la présence des peupliers. Tout dépend alors de leur nombre et de leur position.

    Il est important d’éviter de trop cloisonner le fond des vallées pour préserver leur perception : leur continuité, les covisibilités entre les coteaux, le tracé de la rivière, les confluences, les points de vue depuis les coteaux. Plus ponctuellement une vigilance s’impose pour éviter que les peupleraies occultent la perception de sites remarquables : abbaye, village perché ou au bord de l’eau, pont, coteau d’un méandre… Leur répartition et leur étendue sont à évaluer pour maintenir un certain équilibre et adapter leur développement vis-à-vis de l’échelle des vallées.

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Evaluer l’impact paysager des peupleraies vis-à-vis de l’échelle du vallon ou de la vallée. Conserver la lecture des coteaux. 
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    • Fractionner les peupleraies pour éviter les effets d’écran continu. Eviter de couvrir la totalité d’un fond de vallée sur plusieurs centaines de mètres. 
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    • Conserver des fenêtres de vues sur les cours d’eau. 
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    • Dégager les abords des ponts. Maintenir une distance entre les peupleraies et les ouvrages d’art.
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    • Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles. Eviter les plantations de peuplier à proximité des confluences, des bourgs et des ponts.
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    • Ne pas planter dans certains sites sensibles : abbaye, confluences, villages belvédères. 
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    • Préserver les ouvertures visuelles agricoles dans les fonds de la vallée.
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