Paysages urbains du Châtelleraudais
Le territoire du Châtelleraudais est jalonné de villages et de bourgs, dont la maille est plus serrée vers le sud, plus lâche vers le nord. A ces ensembles constitués s’ajoutent les corps de ferme, souvent importants. Ces ensembles bâtis sont assez visibles dans le paysage, au gré des ouvertures et des pentes, que ce soit en perception lointaine ou bien en vue rapprochée. Ils recèlent un patrimoine important, religieux ou civique. Comme dans les unités paysagères voisines, la pierre calcaire est très présente dans les paysages bâtis, tandis que les couvertures sont plus variées.
Des villages en silhouette
L’activité agricole, qui entretient un paysage ouvert, favorise la découverte des villages. Ils se repèrent de loin, souvent adossés, contre un versant pour les villages perchés, contre un boisement, une ripisylve ou de grands arbres, pour les villages de plaine et de vallée. Ce sont de jolies silhouettes groupées, souvent harmonieuses. Même quand il est de taille modeste, le clocher domine les toitures qui peuvent être en ardoises ou en terre cuite dans un même village. Les façades sont peu visibles, cachées par la végétation des jardins. Les volumétries régulières et homogènes composent un ensemble équilibré, que le côté disparate des couvertures ne dérange pas. Quelquefois un silo concurrence le clocher ou des maisons plus récentes s’éloignent de la forme dense.
Perspectives urbaines, le paysage des rues
Les rues constituent des perspectives bâties, elles donnent à voir un paysage étiré avec un point de fuite. Même dans les villages de taille modeste, la densité et l’implantation des bâtiments à l’alignement de la voie fabriquent ce paysage de rue. Probablement initiée pour économiser la terre agricole, cette pratique donne un caractère « urbain » à ces traversées de village. C’est un paysage qualitatif grâce aux belles façades en pierre calcaire qui l’encadrent. Dans les bourgs et les villages plus importants, les rues sont plus nombreuses et semblent moins insolites, les ambiances varient selon l’architecture, la hauteur du bâti, la largeur de la rue et la présence ou pas d’un bâtiment, d’un élément ou d’un espace public en fond de perspective.
Mirebeau, une silhouette qui s’impose
La silhouette de Mirebeau se repère de loin. « On y mire beau » comme le signale le panneau d’information touristique. De son implantation stratégique, sur une colline de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol), en lisière de la plaine de Neuville et du Châtelleraudais, sur l’itinéraire Poitiers / Saumur, la ville a gardé les traces d’un passé contrasté. Les conflits armés et les sièges entraineront l’édification de fortifications, de la Cuve d’Anjou, au Xème siècle, à l’extrémité nord de la ville jusqu’à la dernière enceinte, du XIVème siècle bien visible sur le cadastre napoléonien et encore lisible dans le paysage de la ville aujourd’hui. Les périodes de prospérité, comme le séjour officiel d’Aliénor d’Aquitaine favorisera le développement d’établissements religieux qui se poursuivra aux XIV et XVème siècle. La guerre des religions affectera la ville. Mais l’activité commerciale, officialisée dès le XIème siècle par l’institution de la foire de la St-Barthélémy et celle de la St-André se poursuivra et restera importante pendant les périodes de calme. Au XIXème siècle, de grands travaux seront entrepris, comme la construction de l’hôtel de ville sur les ruines de l’église St-Hilaire, la démolition des halles des bouchers, un plan d’alignement, la destruction de deux portes d’enceinte. L’arrivée du chemin de fer favorisera la construction d’un grand silo à côté de la gare. C’est pourquoi aujourd’hui, la découverte de la ville relève d’un de jeu de pistes où les périodes se juxtaposent, des vestiges prestigieux se découvrent au fond d’une cour comme la tour d’escalier des parloirs, du couvent des clarisses, au fond d’une impasse comme la Cuve d’Anjou,…La création du boulevard Foulque Néra, au XIXème, actuelle route de transit RN 147, dans les fossés, en pied de l’enceinte côté est, si elle permet de longer le rempart, ne permet pas d’appréhender la ville. Comment deviner que le tracé contourné de la route à l’extrémité nord correspond à un ouvrage défensif millénaire. Pourtant, malgré les destructions et la recomposition urbaine du XIXème, la ville a gardé sa forme dense, un réseau de rues concentriques, avec ses développements nord et sud et surtout beaucoup de patrimoine architectural, dont une partie est visible depuis l’espace public.
Les places, lieu de projet, lieu de centralité
Les espaces publics, les rues et les places font partie de la composition urbaine dès l’origine du village ou du bourg. Leur dessin est délimité par les façades qui les bordent, si bien que leur géométrie évolue peu. Ce qui peut changer au cours du temps, c’est l’occupation des lieux, les usages et les plantations. Quelquefois, les places sont agrandies par la démolition de bâtiments, ou même d’ilots. Globalement, l’évolution la plus forte pour toutes les places est la transformation partielle ou totale en aire de stationnement ce qui impose des tracés et surtout des matériaux routiers qui en changent l’ambiance. Ces places ayant souvent un rôle de centralité marchande, elles accueillent les marchés et quelquefois des halles.
Un ancrage patrimonial
Le Châtelleraudais recèle un patrimoine monumental important comme la ville de Scorbé-Clairvaux avec l’ensemble du château, de la halle, le Haut Clairvaux, ou bien la ville de Lencloître dont l’ancien prieuré fondé vers 1108 par Robert d’Arbrissel et relevant de l’ordre de Fontevraud, a donné son nom à la ville, ou encore Mirebeau avec son enceinte et les vestiges évoqués ci-dessus. Mais il existe aussi un patrimoine plus discret de chapelles, églises, châteaux qui émaillent le territoire. Et surtout, il ne faut pas sous-estimer le patrimoine urbain, moins facile à appréhender mais bien conservé, que nous venons d’évoquer, ces formes de villages et de villes, constituées souvent depuis l’époque médiévale.
La pierre blanche
Même si cette présence de calcaire se retrouve dans les unités paysagères voisines, elle caractérise les paysages bâtis, tant dans les villages ruraux que dans les bourgs et les villes. S’il était d’usage d’enduire ces maçonneries en moellons calcaire, au moins pour les habitations, seules les pierres de taille des encadrements restaient visibles, aujourd’hui, la pierre est souvent mise à nu. Par contre, les maçonneries en tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) n’étaient pas enduites et semblaient réservée aux façades principales. Cette pierre tendre a permis un travail de décor sculpté remarquable de finesse, sur des chapiteaux, des encadrements de baies, que l’on retrouve aussi bien sur du bâti ancien comme les portails d’église que sur des façades du XIXème siècle du centre-ville de Mirebeau.