Bocage Montmorillonnais

Portrait du Bocage Montmorillonnais

Au sud du département, le Bocage Montmorillonnais forme une transition entre Limousin et Poitou, entre sols granitiques et sols calcaires

    Limites

    Au nord

    Au nord, le maillage bocager s’ouvre progressivement et les prairies s’estompent au profit d’un paysage de grandes cultures. Au nord-ouest, au-dessus de Lussac-les-Châteaux, une marche d’une quarantaine de mètres forme une rupture paysagère nette.

    A l'est

    A l’est, les paysages bocagers se prolongent sans rupture vers ceux du Boischault Méridional

    A l’ouest

    Au nord-ouest, la vallée de la Vienne constitue tout d’abord une limite assez nette, séparant paysage bocager à l’est et paysage de grandes cultures à l’ouest. Au sud-ouest, en dessous de l’Isle-Jourdain, la Vienne pénètre dans le socle granitique et les paysages bocagers se prolongent alors sur quelques kilomètres à l’ouest de la vallée.

    Au sud

    Au sud, les paysages bocagers se prolongent dans ceux de la Basse Marche limousine.

     

    Portrait sensible

    Un territoire de transition paysagère

    L’ensemble du Bocage du Montmorillonnais constitue une longue transition vers le sud, avec les paysages granitiques de la Basse Marche qui annoncent ceux du Massif Central. Traverser du nord au sud ce territoire intermédiaire révèle le passage du calcaire au granite, roches qui apparaissent dans les constructions ou les affleurements, mais aussi par les reliefs des vallées qui s’encaissent dans les roches cristallines plus dures. La trame bocagère devient progressivement plus  présente et cloisonne les vues. C’est son apparition plus affirmée, associée aux petits étangs, qui indique le changement avec les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.), où les haies, bien que présentes, restent moins importantes et plus fragmentées.

    Mais le Bocage du Montmorillonnais révèle également deux parties. Sa couronne nord est calcaire, plus ouverte, avec un relief plus étiré et doux. Elle forme ainsi elle-même une transition avant la partie granitique au sud. Cette dernière est vraiment plus singulière avec un relief vallonné plus affirmé où le bocage et les prairies, caractéristiques de cette terre d’élevage, s’imposent.

    Un paysage bocager à la fois homogène et varié

    Ici, les haies bordent les routes et les parcelles, forment des cloisons, ceinturant les «  chambres des prairies  », qui ouvrent des respirations successives. Ce cloisonnement, au maillage changeant réglant les profondeurs, est très prégnant, formant une succession d’écrans plus ou moins opaques. Les haies coupent le regard, masquent le relief, absorbent la présence des fermes isolées. Elles homogénéisent le paysage. Il faut alors pénétrer dans ce dédale labyrinthique pour l’appréhender et le ressentir, à la faveur d’une haie basse, d’un chemin creux, de la transparence d’un rideau arboré ou d’une barrière de pré. On aurait vite fait de qualifier ces lieux, qui se dévoilent petit à petit, de mystérieux, de secrets, tout en cachettes. Le regard se faufile. Mais cela fait tout son charme.

    En alternance, à la faveur d’un vallonnement, d’un remembrement ou d’un petit plateau en culture, les ouvertures s’amplifient. Mais l’horizon, d’où rien n’émerge, reste toujours limité et boisé. Il se crée ainsi des alternances et des variations des perceptions. Les haies bocagères règlent le regard par leur hauteur et leur densité. Ces paysages, à la typicité remarquée, présentent ainsi de nombreux gradients à partir d’éléments simples qui se composent et se recombinent tout en gardant une certaine constance.

    Des vallées formant des évènements localisés

    Dans ce paysage, les vallons et les petites vallées forment des évènements dont la perception reste cependant localisée. Leur continuité reste globalement peu perceptible, que cela soit depuis leurs abords ou depuis les fonds. Cela est dû à leurs tracés sinueux et à la forte présence de la végétation. Au nord, où les vallées sont plus évasées, les vues sont de fait plus larges et un peu plus lointaines. Au sud, les vallées sont plus encaissées et étroites, et celles-ci ne se perçoivent qu’au dernier moment lors du basculement dans la vallée. L’eau apparait de place en place avec la présence de nombreux étangs de retenues, implantés sur de légers vallons , en dehors des vallées principales, au début de ruisseaux secondaires. Ils sont de visibilité variable, suivant le relief, le passage de la route, parfois en digue, et la densité du maillage bocager.

    Fait remarquable, aucune route principale et finalement peu de voies secondaires, ne suivent les vallées, que cela soit dans le fond ou sur les hauts de coteau. Cela participe à la difficulté de la lecture du tracé et de la continuité des vallées. Le passage au-dessus de la rivière permet enfin de la côtoyer. Quelques passages à gué créent également un rapport à l’eau étonnant. Le granite affleure parfois par endroit sur les coteaux de la partie sud de l’unité. La nature de la roche et la végétation créent ainsi des modulations des perceptions à travers cette unité paysagère.

    Des villages discrets, non loin de l’eau

    Après la traversée des paysages bocagers ponctués de fermes isolées ou en petits hameaux, les villages constituent de petits centres que l’on découvre généralement au dernier moment. Le passage des petites rivières fédère l’implantation de la plupart des villages. La majorité des villages se sont ainsi installés à proximité de l’eau, à flanc de coteau, ou non loin sur les hauts (Luchapt), parfois plus à l’écart des rivières les plus importantes (Asnières-sur-Blour). Les plus typiques sont ceux composant avec le passage de la rivière, avec le pont d’accès, un bief et un moulin par exemple. Brigueil-le-Chantre se distingue particulièrement en composant avec le relief, sur un éperon dominant un méandre de l’Asse.

    De nombreuses routes droites caractérisent cette unité paysagère. Elles offrent de longues perspectives étonnantes, partiellement ondulées, qui permettent d’appréhender cinétiquement les rythmes du bocage. Certaines sont accompagnées d’arbres bocagers, tels des alignements routiers, qui forment aussi parfois des tunnels et des voûtes.

    Les éléments du paysage

    La haie bocagère

    Elément incontournable de cette unité paysagère, elle prend des formes multiples, hautes ou taillées. Les haies règlent les vues et la profondeur de l’horizon. Leurs lignes soulignent les limites parcellaires, formant des chambres successives, créant des univers intimes. Leur graphisme impose des rythmes et une impression de labyrinthe. Pour en savoir plus lire La haie et le bocage dans la Vienne

    La ligne d’arbres

    Des alignements d’arbres âgés de belle stature, se dressent par endroits, reliques d’anciennes haies ayant perdu leur strate arbustive. Ils forment des lignes permettant au regard de passer entre leurs troncs remarquables.

    L'arbre isolé

    Trônant au milieu d’une prairie, il se distingue par sa forme libre majestueuse, qui ressort alors, formant ainsi un «  tableau  » dans une chambre bocagère. Il peut être aussi associé à une haie basse en limite de parcelle, ou le long d’une route, formant alors un jalon et une ponctuation.

    La prairie

    Avec le bocage qui lui est associé, la prairie montre un tapis vert permanent. Son omniprésence distingue pleinement cette unité paysagère, terre d’élevage bovin et ovin. Le pâturage des animaux contribue à l’animation du paysage.

    La route rectiligne

    Dans ce paysage souvent cloisonné, ces routes rectilignes, qui ondulent néanmoins au gré du relief, offrent un contrepoint intéressant par leurs longues perspectives qui ouvrent des vues cadrées par les haies.

    Le chemin

    Bordés de haies hautes ou basses, les chemins du Bocage Montmorillonnais sont particulièrement attractifs et constituent une invitation à découvrir ces ambiances arborées et prairiales, en pénétrant dans l’intimité de ce dédale.

    Le basculement dans la vallée

    Suivant l’encaissement de la vallée, c’est une douce transition ou bien une rupture plus nette. Cette descente dans la vallée pour la traverser apporte une diversité et un petit évènement bienvenu après les longues traversées bocagères.

    Le pont et le gué

    Le franchissement de la rivière est souvent le rare moment où l’on peut la découvrir. Plusieurs gués permettent de franchir ces petits cours d’eau, à pied ou en véhicule.

    L’étang et la mare

    Les étangs de retenue apparaissent à la faveur du relief ou d’une percée dans les haies bocagères. Ils s’étendent entre les vallées principales, au fil des ruisseaux secondaires. Leur miroir donne une visibilité à l’eau, souvent masquée par la végétation.

    La ferme isolée

    Enfouies dans les haies bocagères, les fermes isolées, bien que nombreuses, ne se laissent qu’entrevoir de courts instants. Sur les replats cultivés, où le maillage bocager est moins dense, leur présence est plus marquée.

    Le bourg en hauteur

    Si de nombreux villages et bourgs sont implantés non loin des vallées, la plupart ont privilégié des positions en hauteur, en haut de versant ou sur un éperon. Leurs silhouettes émergent par endroits, au gré des ouvertures dans le maillage des haies.

    Le village proche de l’eau

    Plusieurs villages ou bourgs côtoient les rivières, qui constituent un faire-valoir non négligeable. Le pont, un moulin ou un gué ajoutent à leur charme.

    La place et son mail

    Au cœur du village ou du bourg, la place forme un espace central dans le village, souvent planté d’arbres. Conservant une certaine simplicité dans ses aménagements, elle constitue un espace public valorisant pour l’image du village.