A l’ombre des tilleuls

    Le tilleul : une présence discrète mais structurante

    Le tilleul est une essence spontanée que l’on rencontre dans de nombreuses régions de France. C’est aussi une essence traditionnelle des parcs réguliers où on le trouve planté en alignement, en mail ou en quinconce. Le tilleul ombrage également les espaces publics. Le tilleul n’est pas une spécificité de la Vienne, c’est un arbre très présent sur tout le territoire métropolitain. Pour autant, dans les paysages bâtis du département, par sa présence répétée, il constitue un fil conducteur, un leitmotiv familier qui relie des lieux différents par leurs architectures, leurs géométries ou même leurs fonctions. Il établit entre ces  espaces une forme d’unité, un lien de parenté qui les réunit malgré leurs diversités. Il s’épanouit rarement en port libre, sa grande stature est la plupart du temps limitée par des tailles régulières.

    Un arbre au caractère intemporel

    Le tilleul est une essence commune des espaces publics depuis des siècles, de ce fait, elle présente un caractère intemporel. Le tilleul de Brux, planté devant l’église à l’initiative de Sully, surintendant des finances d’Henri IV, en témoigne. Qu’il soit jeune ou âgé, le tilleul aurait pu être là, devant l’église, sur la place, devant le monument, le long de la rivière depuis toujours. La commune de Latillé tirerait son nom du tilleul, en référence à sa présence importante dans le bourg. Le tilleul présente une palette colorée qui évolue au cours des saisons : jeunes feuilles vert tendre, feuille adultes vertes, puis jaune d’or à l’automne, rameaux de l’année rouges en hiver. Le tilleul échappe aux modes, il ne date pas un aménagement, comme peuvent le faire certaines essences, par exemple les Prunus pissardii et les érables negundo panachés qui ont marqué les années 60, ou les poiriers fastigiés à fleurs, les années 2000… Le caractère intemporel du tilleul, comme son caractère commun contribue à favoriser une unité d’ensemble. 

    De grandes structures arborées

    Le tilleul est une essence de choix pour constituer de grands alignements, notamment s’il s’agit de conduire des tailles architecturées. Le tilleul supporte d’être taillé régulièrement pour constituer des rideaux, des marquises ou des plateaux. Les promenades de Blossac de Lusignan et de Poitiers  constituent de magnifiques exemples de ces grands alignements de tilleuls. Elles offrent aux promeneurs la sensation de circuler le long d’interminables colonnades, qui semblent se faire l’écho des célèbres vers de Baudelaire. « La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles… » Ces deux promenades sont historiques, tout comme les grands alignements qui se distribuent à partir de la cour d’honneur du château d’Angliers.

    Mais les tilleuls sont aussi utilisés traditionnellement pour couvrir de grandes places, type champ de foire, comme à Gençay ou bien à St-Savin. Maintenant que les véhicules s’y garent, le tilleul est moins apprécié, du fait du miellat produit lorsqu’il est attaqué par des pucerons.

    Un compagnon des places d’église

    Beaucoup de parvis ou places d’église sont ombragés par des tilleuls. Dans ces situations de proximité avec un édifice, ils sont la plupart du temps taillés. La hauteur de taille est variable, selon les villages ou les villes. Il arrive que les arbres cachent l’édifice mais ils constituent un écrin de qualité et confèrent une ambiance agréable au cœur du village.

    Le recours au tilleul n’est pas exclusif. D’autres essences sont visibles sur les places, dans les rues, et les parcs de la Vienne, comme les platanes, les marronniers, et également d’autres essences moins communes. Mais même si le tilleul est fréquent, jamais il ne banalise le lieu dans lequel il vit.