Les mots du paysage

    Aire de covisibilité

    Une aire de covisibilité est une portion de paysage que le regard peut découvrir dans son ensemble depuis plusieurs points répartis de part et d’autre de l’aire.
    La présence d’une telle aire permet de lire et de comprendre aisément l’organisation du paysage, ce qui donne souvent une grande force au paysage ainsi perçu. Mais elle implique aussi la nécessité d’une vigilance accrue, car le paysage étant vu depuis plusieurs endroits de façon globale, il devient très sensible à tout changement d’affectation du sol (culture, boisement, construction), ou à toute modification dans la gestion du territoire.

    Aménagement des paysages

    Comprend les actions présentant un caractère prospectif particulièrement affirmé visant la mise en valeur, la restauration ou la création de paysages.
    (Source : Convention européenne du paysage)

    Belvédère

    (De l’italien belvedere, composé de bello, «  beau  », et vedere, «  voir  » signifiant bellevue).
    1. Construction ou terrasse bâtie au sommet d’un édifice ou sur une éminence d’où la vue porte au loin.
    2. Emplacement naturel ou aménagé en terrasse, en plate-forme, d’où l’on découvre un vaste paysage.
    (Source : dictionnaire académique Français)

    Covisibilité

    Littéralement «  Voir ensemble  ». De manière générale, la covisibilité désigne le fait que deux éléments (bâtiment, élément de paysage…) sont mis en relation par un même regard : l’un étant visible à partir de l’autre, ou les deux pouvant être embrassés par un même regard.

    Dynamique paysagère

    Les paysages évoluent, ils ne sont jamais figés. Ainsi au cours du temps, la répartition des espaces agricoles et forestiers a évolué, alternant des périodes de conquêtes et de reflux. La mécanisation a entrainé un changement d’échelle dans l’aménagement des territoires qui a modifié largement les paysages. Les nouvelles infrastructures de transport, les nouveaux quartiers d’habitation ou d’activité modifient également nos paysages quotidiens. A ces dynamiques d’occupation du sol, il convient d’ajouter l’évolution du regard porté sur les paysages. Notre perception a changé avec les époques et les attentes sociales. Pour prendre un exemple, la perception du littoral a considérablement évolué au cours du temps. Le monde maritime et littoral était un monde à part peu valorisé socialement jusqu’au XIXe, il est devenu un espace valorisé à partir du mouvement de pensée romantique (exaltation de la Nature) au XIXe, puis du développement des bains de mer. Il est depuis un espace survalorisé qui accueille une activité touristique importante, mais qui se trouve aujourd’hui questionné par des attentes liées au développement durable et à la protection des espaces naturels.

    Echelle

    Pour évaluer la dimension d’un paysage, le cerveau se réfère à des éléments qu’il connaît bien. Ainsi les habitations, les arbres et l’emprise de ce chemin de halage permettront de reconnaître que cette vallée est de modeste dimension. L’estimation de «  l’échelle d’un paysage  » est importante, car elle permet ensuite de proposer des équipements qui ne doivent être ni démesurés ni mesquins. Le respect du rapport d’échelle entre éléments d’un paysage est une condition de son bon «  équilibre visuel  ».
    (Source : «  Rivières et paysages  » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

    Elément de paysage

    Elément simple du paysage participant à la composition et à l’identité des paysages. Les composantes peuvent être de nature agricole (le verger, l’arbre isolé, la rangée de fruitiers…), bâtie (le clocher, le mur de pierre, la place, l’entrée…), hydraulique (le ruisseau, le canal…), forestière (le petit bois, la coupe…) ou liées aux circulations (la route en belvédère, la piste forestière, le sentier…).

    Enjeu paysager

    Deux critères déterminent la notion d’enjeux paysagers et les choix qui en découlent :

    • L’identité paysagère à préserver
      Certains paysages ont des caractéristiques fortes dont la prise en compte est nécessaire pour préserver et développer l’identité des lieux dans les aménagements futurs ou le développement d’un secteur. Le but n’est pas ici de figer le paysage, mais grâce à une reconnaissance de ses caractéristiques, d’être vigilant afin que les évolutions à venir se fassent en cohérence avec l’identité paysagère du territoire.
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    • Les dynamiques à accompagner
      Les paysages évoluent, ils ne sont jamais figés. Les changements, qui s’opèrent au fil du temps, ont parfois permis l’émergence de nouveaux paysages de qualité, mais force est de constater que cela n’est pas toujours le cas. Bien souvent les évolutions sont insidieuses, non concertées et elles finissent par générer des paysages sans grand cachet. Il est donc nécessaire de repérer les paysages en évolution afin que tous les acteurs concernés prennent conscience de ces mutations et puissent se concerter sur un projet de paysage commun et de qualité.
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    Ligne de force

    Elément prépondérant qui a une échelle suffisante pour marquer le paysage, être identifiable visuellement, donc reconnu. Il peut ainsi s’agir d’un coteau, d’un front boisé, d’un fleuve ou d’une infrastructure importante... Les lignes de force du paysage conduisent le regard, ces lignes sont les premières que nous suivons des yeux quand nous regardons un paysage. Les repérer est important car elles structurent la perception du paysage et doivent être prise en compte dans tout projet d’aménagement du territoire, afin de ne pas les contrarier mais, au contraire, de se caler sur elles et de renforcer ainsi la lisibilité du paysage.

    Gestion des paysages

    Comprend les actions visant, dans une perspective de développement durable, à entretenir le paysage afin de guider et d’harmoniser les transformations induites par les évolutions sociales, économiques et environnementales.
    (Source : Convention européenne du paysage)

    Identité paysagère

    Un paysage devrait pouvoir être identifié par des caractéristiques qui le distinguent des autres, ou alors l’apparentent à un type particulier. Avant le XIXe siècle, c’était vrai pour la plupart des paysages ruraux français, qui reflétaient les particularités de leur contexte naturel et de leurs habitants. Puis, la mécanisation et l’économie de marché élargie à la dimension de la planète ont contribué à banaliser et uniformiser la plupart d’entre eux. La France est pourtant riche encore d’une grande variété de paysages qui suscitent une image forte chez tous les observateurs. L’identité d’un lieu, d’un paysage est liée à la singularité de ses éléments, à la manière dont ils s’agencent et au génie qui a permis de les mettre en valeur. Chaque commune possède ainsi des éléments qui lui sont propres et lui donnent sa personnalité. Comme dans les débats concernant l’évolution de notre société, la notion d’identité n’est pas à prendre sous l’angle du «  repli identitaire  » qui exclurait toute évolution. La création contemporaine peut contribuer à donner une nouvelle identité à un paysage, à une commune, encore faut-il qu’elle en ait l’ambition.
    (Sources : «  Rivières et paysages  » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

    Lisibilité

    Pouvoir appréhender facilement l’organisation d’un paysage permet d’en garder une image forte et plaisante. Et cela tient tout à la fois à l’existence de points de repère qui permettent de bien s’y situer à tout moment, au regroupement en un nombre limité d’ensembles d’éléments visuels par effet de ressemblance (alignement d’arbres, regroupement d’habitations de couleurs et de formes similaires, types de cultures ...) et, mais cela est plus subtil, d’une relation logique entre l’organisation perçue de ce paysage et son contexte naturel et social. Ce concept de lisibilité qui, finalement, traduit un certain sentiment de confort visuel chez l’observateur d’un paysage peut être un guide précieux pour le paysagiste qui souhaite affirmer «  l’identité  » d’un paysage et la cohérence de ses ambiances.
    (Source : «  Rivières et paysages  » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

    Mitage

    Eparpillement anarchique des constructions. (Source : Le Petit Robert)
    Evoque les trous aléatoires provoqués par les mites dans un  tissu  (racine indo-européenne «  mai  », idée de ronger, couper en très petits morceaux).
    (Source : «  les mots de la géographie  » Roger Brunet)
    Mitage du territoire : par analogie, évoque la consommation de l’espace et la dégradation du «  tissu  » agricole, forestier, naturel ou urbain.
    Mitage bâti ou urbain : éparpillement de constructions dans un territoire rural, sans recherche d’une cohérence de développement du bourg ou du hameau proche. Ce mode d’extension s’effectue aux dépens du territoire agricole et il entraîne souvent une banalisation des paysages.
    Mitage forestier : La présence de nombreux micro-boisements (ou boisements en “timbre-poste”) peut entraîner, au même titre que les constructions, un mitage du territoire agricole. Ils ont tendance à fragmenter le paysage et à amoindrir sa lisibilité ainsi que sa cohérence. Cela complique aussi la gestion des terres adjacentes à ces boisements. On peut également parler de mitage forestier lorsque le couvert forestier apparaît mité par la juxtaposition de petites coupes à blanc.

    Objectif de qualité paysagère

    Désigne la formulation par les autorités publiques compétentes, pour un paysage donné, des aspirations des populations en ce qui concerne les caractéristiques paysagères de leur cadre de vie.
    (Source : Convention européenne du paysage)

    Panorama

    Du grec : qui montre tout (de Pan, tout et horama, vue) ; désigne une vue circulaire.
    (Source «  les mots de la géographie  » Roger Brunet)

    Patrimoine

    Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse. Ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe » (Source : Larousse, 2013). Les paysages patrimoniaux, sont les parties de territoire possédant une grande valeur, de par leurs qualités propres ou par les représentations, historiques, culturelles, sociales, qui leur sont attachées.

    Paysage

    «  Partie du territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et ou humains et de leurs interrelations. Le paysage participe de manière importante à l’intérêt général, sur les plans culturel, écologique, environnemental et social,(…) il constitue une ressource favorable à l’activité économique, dont une protection, une gestion, et un aménagement appropriés peuvent contribuer à la création d’emploi.
    (…)Le paysage concourt à l’élaboration des cultures locales(…) il représente une composante fondamentale du patrimoine culturel et naturel de l’Europe, contribuant à l’épanouissement des êtres humains et à la consolidation de l’identité européenne.(...) Le paysage est partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien.  » (Source : Convention européenne du paysage)
    Le paysage est le visage d’un pays. PAYS, du latin pagus : contrée. Le terme correspondra successivement à la seigneurie médiévale puis à l’arrondissement républicain, pour tendre aujourd’hui vers l’idée de bassin de vie. Le paysage est tout d’abord un genre artistique, apparu à la Renaissance : «  la vue de paysage  ». C’est, en 1690, «  l’aspect d’un pays, le territoire jusqu’où la vue peut porter  ». Trois siècles plus tard, le mot exprime toujours la perception qu’a l’homme de son espace de vie.
    Étym. : ce que l’on voit du pays, d’après le mot italien paesaggio, apparu à propos de peinture pendant la Renaissance ; ce que l’œil embrasse... d’un seul coup d’œil, le champ du regard. Le paysage est donc une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins (…). Il n’est de paysage que perçu. Certains de ses éléments n’ont pas attendu l’humanité pour exister ; mais s’ils composent un paysage, c’est à la condition qu’on les regarde. »
    (Source : «  Les mots de la géographie  » Roger Brunet)

    Perception

    Action de percevoir par les organes des sens. Idée, compréhension plus ou moins nette de quelque chose. (Source : Larousse, 2013). Savoir lire un paysage, c’est d’abord le ressentir dans son ensemble. Les paysages s’appréhendent par la vue, mais également par le toucher (textures, chaleur, froid, humidité…), l’odorat, l’ouïe (le bruit, les sons, le calme) et le goût (les baies et les fruits, la cuisine du terroir). Si le toucher et le goût sont des sens de proximité, l’ouïe, l’odorat et la vue nous permettent d’analyser notre environnement plus large.

    Point d’appel visuel

    Certains éléments du paysage attirent le regard qui prend plus de temps pour les examiner et y revient malgré lui. Ainsi une verticale comme celle de ce clocher, la silhouette de ce château situé en crête sont autant de points de repère que tout le monde remarquera. Ces points d’appels sont à prendre en compte afin de ne pas les dénaturer et, au contraire, de renforcer leur influence visuelle. Parfois, en revanche, l’œil est attiré par des éléments disgracieux qu’il faut alors résorber. (Sources : «  Rivières et paysages  » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

    Politique du paysage

    Désigne la formulation par les autorités publiques compétentes des principes généraux, des stratégies et des orientations permettant l’adoption de mesures particulières en vue de la protection, la gestion et l’aménagement du paysage.
    (Source : Convention européenne du paysage)

    Protection des paysages

    Comprend les actions de conservation et de maintien des aspects significatifs ou caractéristiques d’un paysage, justifiées par sa valeur patrimoniale émanant de sa configuration naturelle et/ou de l’intervention humaine.
    (Source : Convention européenne du paysage)

    Prégnance

    Qualité de ce qui est prégnant. Qui s’impose à l’esprit, qui produit une forte impression, qui s’impose fortement (Source : Larousse, 2013). En matière de paysage, est prégnant un élément s’imposant fortement aux autres éléments de paysage en place, de nature à perturber leur lisibilité ou à les concurrencer.

    Ripisylve

    (Du latin ripa, «  rive  » et silva, «  forêt  ») Formation végétale composée d’arbres et d’arbustes installée sur les rives d’un cours d’eau.

    Rupture

    Limite réduite formant une frontière brusque entre deux unités paysagères. Passage soudain d’une unité paysagère à une autre.

    Rurbain

    Terme né de la contraction des mots «  rural  » et «  urbain  » pour désigner un état intermédiaire. Il représente les personnes vivant dans des petites communes situées à proximité de grandes agglomérations. Le plus souvent si leur domicile se situe dans ces petites agglomérations, leur lieu de travail demeure en zone urbaine. La rurbanisation, qui se traduit par la construction d’habitats individuels, est particulièrement consommatrice d’espace.

    Unité paysagère

    A une échelle d’analyse donnée, portion d’un territoire présentant des caractéristiques paysagères distinctes découlant de la perception, de l’organisation et de l’évolution des éléments suivants : morphologie, relief, occupation des sols, organisation du bâti, nature et qualité des horizons, organisation du réseau hydrographique, … etc. Celles-ci l’identifient et le différencient des unités paysagères contiguës.
    A l’intérieur d’une unité, des territoires hétérogènes peuvent être réunis, tant qu’ils respectent les caractéristiques principales de l’unité.
    Cette portion d’un territoire distinct correspond à un premier niveau de subdivision d’un territoire d’étude.
    «  Les unités paysagères sont définies comme des paysages portés par des espaces dont l’ensemble des caractères de relief, d’hydrographie, d’occupation du sol, de formes d’habitat et de végétation présentent une homogénéité d’aspect. Elles se distinguent des unités voisines par une différence de présence, d’organisation ou de forme de ces caractères  » Source : Méthode d’inventaire des paysages, Ministère de l’Equipement.
    «  Une unité paysagère est un ensemble d’éléments physiques et naturels homogènes, avec des caractéristiques propres, une organisation spatiale spécifique et son ambiance, qui se distingue d’un espace voisin.  »
    (Source : La charte paysagère, Mairie-conseil et la Fédération des parcs naturels régionaux de France)

    Sous-unité paysagère

    Sous-division d’une unité paysagère, présentant des caractéristiques paysagères propres qui l’individualisent au sein d’un ensemble reconnu, constitué par l’unité paysagère.

    Transition

    Portion de territoire mettant en relation plusieurs unités paysagères. Une transition, à une échelle donnée, est caractérisée par une modification progressive des caractéristiques des deux unités paysagères, au fur et à mesure que l’on progresse de l’une vers l’autre.

    Vision cinétique

    Perception d’un paysage par un observateur en mouvement. La vision cinétique rend compte de l’approche progressive d’un lieu, de la succession des séquences lors d’un trajet.