Repères géographiques des Vallées de la Creuse et de la Gartempe

Traversant le département de la Vienne du nord au sud, les vallées de la Creuse et de la Gartempe sculptent des reliefs bien différents.

    Relief et eau

    Traversant le département de la Vienne du nord au sud, les vallées de la Creuse et de la Gartempe sculptent des reliefs bien différents.

    La Creuse forme une ample vallée à fond plat

    Formant la limite du département entre la Vienne et l’Indre-et-Loire, la Creuse a sculpté une vallée à fond plat large de 1.5 à 2 km. La rivière y forme de larges méandres, dont les plus marqués sont ceux de Lésigny et de Barrou (37). Les coteaux dominent la rivière de 50 à 70 m, celui de gauche, côté Vienne, étant plus pentu et régulier que son vis-à-vis. La vallée se resserre légèrement en aval de St-Rémy-sur-Creuse, avant de s’élargir entre Buxeuil et Port-de-Piles, avant sa confluence avec la Vienne au Bec des Deux Eaux.

    La Gartempe sculpte une vallée aux profils variés  

    Depuis son entrée dans le département au sud, jusqu’à sa confluence avec la Creuse, la Gartempe traverse une suite géologique contrastée qui explique la succession de profils de la vallée. Plusieurs séquences peuvent ainsi être distinguées :

    • En amont de Montmorillon, la Gartempe s’encaisse profondément dans une vallée étroite dont la largeur du fond de vallée varie de 25 m à 200 m. Les coteaux très pentus dominent la rivière de 50 à 70 m.
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    • De Montmorillon à Vicq-sur-Gartempe, la vallée devient progressivement moins encaissée, les coteaux ne s’élevant plus que de 40 à 50 m. Le fond de vallée alterne rétrécissements et élargissements, comme au niveau de St-Savin ou Nalliers.
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    • En aval de Vicq-sur-Gartempe, la vallée s’élargit, formant une petite plaine de 3 km de large. Elle se resserre ensuite au niveau de La Roche-Posay avant l’ouverture de la vallée de la Creuse.
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    Roche et sol

    Des profils successifs dépendant des terrains traversés

    La Creuse et la Gartempe, (ainsi que leurs affluents, le Salleron, l’Asse, la Benaize, l’Anglin...) prennent leurs sources à l’est du département, dans le Limousin granitique et s’écoulent vers le nord, orientées par la configuration régionale des reliefs : seuil du Poitou, hauteurs de la Gâtine.

    Dans la partie viennoise de leurs cours, seule la Gartempe traverse les terrains cristallins du Montmorillonnais avant de rejoindre les plateaux jurassiques puis crétacés. La Creuse longe le nord-est du département dans les domaines sédimentaires crétacés et détritiques, entre les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) et la Brenne.

    En descendant la Gartempe, puis la Creuse, la plupart des couches géologiques du département sont traversées, avec une influence sur la largeur de la vallée et les affleurements et formes de versants selon les situations. En revanche les fonds alluviaux présentent relativement peu de différences.

    Du sud au nord :

    • La vallée est étroite (200 m) dans la partie granitique où elle entaille directement la roche, et seuls des lambeaux des terrasses d’origine glaciaire les plus anciennes (Günz, Mindel) subsistent sur le plateau voisin.
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    • Elle s’élargit nettement (1500 m) en quittant le domaine cristallin (vers Plaisance, Lathus-St-Rémy). Dès lors, différents replats sont visibles dans le fond de vallée suivant l’étagement des terrasses, depuis la plus haute et aussi la plus ancienne (Fx, correspondant à la glaciation du Riss), jusqu’à la plus récente (Fz, post-glaciaire) en bord de talweg. Dans cette partie, les terrasses intermédiaires peuvent présenter quelques blocs de dimensions métriques.
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    • De Montmorillon à la confluence avec l’Anglin, la traversée des épaisses couches calcaires jurassiques se traduit par un resserrement de la vallée (800 m environ) et des versants assez raides.
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    •  A partir de Vicq-sur-Gartempe, la vallée s’évase à nouveau jusqu’à former une plaine assez large (3 km de large). Les versants remontent d’abord progressivement pus deviennent plus raides lorsqu’ils rejoignent les buttes qui marquent la limite entre la vallée et les plateaux des Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.).
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    • A partir de la Roche-Posay, la Creuse présente une vallée de largeur assez constante (environ 2 km) jusqu’à la confluence avec la Vienne, principalement constituée par une terrasse datée de la dernière glaciation (Fy, Würm), sous  un versant au relief assez net et plutôt régulier, dans la craie (c2aCI) ou le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) blanc (c2bTb), surmontés de couvertures tertiaires et quaternaires.
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    Dans les granites (Roc d’Enfer…) mais également dans les calcaires massifs du Jurassique (bancs oxfordiens vers Saint-Pierre-de-Maillé, Angles-sur-l’Anglin…) l’érosion met en valeur les affleurements, dessine des falaises qui abritent, dans les secteurs karstiques, des cavités dont certaines sont ornées d’œuvres préhistoriques remarquables.

    Tout au long de la vallée, des formes et des bassins traduisent la présence plutôt modérée de carrières anciennes ou encore partiellement en activité comme à la Briquerie au sud de Montmorillon. Ces carrières exploitent généralement les graviers de la terrasse du Würm (Fy) et sont plus nombreuses en rive droite (donc plus souvent du côté Indre ou Indre-et-Loire de la vallée).

     

    Des sols souvent hydromorphes

    Les sols se différencient plus en fonction de l’étagement des terrasses et du profil transversal de la vallée qu’au fil des rivières. Néanmoins, les formations superficielles issues des plateaux ou des affluents contribuent à un gradient entre l’amont de la Gartempe, non calcaire et très acide, et l’aval de la Creuse dont les sols se rapprochent des terres d’aubues, très calcaires.

    Dans la traversée du Bocage Montmorillonnais, les bords de la Gartempe présentent des sols limoneux acides avec une hydromorphie et une profondeur de la nappe variables. Les terrasses supérieures sont plus sableuses et plus saines, tout en restant assez acides. Si quelques cultures sont alors présentes, les prairies, séparées par des haies, sont majoritaires dans toute la partie alluviale.

    Les hauts des versants présentent des sols assez proches de ceux des plateaux voisins. Cultivés lorsqu’ils ne sont pas trop raides, ils sont surtout boisés, sur les deux rives.

    A l’aval de Jouhet, les bords de talwegs deviennent plus hydromorphes, voire tourbeux, comme dans la plupart des fonds de vallée du département, tandis que les terrasses supérieures sont au contraire moins hydromorphes, et de ce fait, plus appropriées à l’agriculture céréalière (nord de Vicq-sur-Gartempe, Buxeuil…).

    Agriculture

    Les grandes cultures dans la vallée de la Creuse

    Maïs, céréales oléagineux occupent le fond de la vallée de la Creuse et remontent également sur les pieds du coteau droit (Indre-et-Loire). On les retrouve également dans la vallée de la Gartempe dans la plaine s’étendant en aval de Vicq-sur-Gartempe.

    Entre Montmorillon et Vic-sur-Gartempe, cultures et prairies se mêlent, se répartissant selon l’hydromorphie des sols et les pentes.

    Au sud de Montmorillon la vallée bocagère

    En amont de Montmorillon, la vallée de la Gartempe devient strictement herbagère et bocagère, les prairies occupent toutes les parcelles agricoles. On y retrouve la spécialisation agricole du Bocage Montmorillonnais que la vallée traverse, terre d’élevage (ovin et bovin viande) et de polyculture.

    Arbre et forêt

    Des coteaux forestiers

    Les coteaux pentus de la Gartempe et de la Creuse sont majoritairement forestiers. Ils sont souvent prolongés sur le plateau par de petits bois et pour la vallée de la Creuse, par des massifs plus vastes, tels les forêts de la Groie(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais) et de la Guerche.

    Les forêts se composent de chênaies-charmaies calcicoles et de chênaies à chêne pubescent. Ces dernières sont installées sur des sols minces calcaires tels que les sommets de falaises de Saint-Pierre-de-Maillé et d’Angles-sur l’Anglin. En pied de falaise et sur les pentes abruptes se trouvent des forêts de ravins où dominent érables et tilleuls.

    Le maillage bocager

    La partie amont de la vallée de la Gartempe, sur socle granitique, est caractérisée par une topographie plus accidentée, valorisée par l’élevage extensif des bovins et d’ovins. Les prairies occupent les fonds et une partie des versants, et sont délimitées par un maillage bocager encore relativement bien conservé.

    De minces ripisylves et quelques peupleraies

    Les forêts alluviales bordent les rivières et notamment la Gartempe. Elles sont composées de saules (Saules pourpre, fragile ou blanc) comme sur les îles de la Gartempe à la Roche-Posay. Sur les berges, où les inondations sont moins régulières et moins prolongées, les saules laissent place aux Aulnes glutineux et aux Frênes.

    Quelques petites peupleraies prennent place en fond de vallée, occupant ponctuellement le fond des vallées de la Gartempe ou de l’Anglin.

    Urbanisme

    La vallée de la Creuse axe de circulation

    Dans la vallée de la Creuse, les communes du département de la Vienne restent modestes :

    Buxeuil (900 hab), Port-de-Piles (600 hab), Lésigny (500 hab), Leugny (400 hab), St-Rémy-sur-Creuse (400 hab), Mairé (150 hab). Les villages, espacés d’environ 6 à 8 km les uns des autres, sont reliés par une petite route. A l’exception de St-Rémy-sur-Creuse, ils correspondent tous à un pont, permettant de franchir la rivière. Les communes d’Indre-et-Loire, implantées sur le versant ensoleillé et moins pentu de la vallée et par ailleurs desservies par une meilleure route, se sont un peu plus développées. Avec ses routes de chaque rive, la vallée de la Creuse forme un axe de circulation aisé.

    Des bourgs pour traverser la Gartempe

    Dans la vallée de la Gartempe, trois pôles urbains se distinguent autour de Montmorillon (6 000 hab), St-Germain/St-Savin (1700 hab) et de La Roche-Posay (1 600 hab). Les autres communes de la vallée et de celle de l’Anglin restent des villages : Saulgé (1 000 hab), St-Pierre-de-Maillé (900 hab), Vic-sur-Gartempe (600 hab), Jouhet (500 hab), Antigny (500 hab), Angles-sur-l’Anglin (400 hab), Nalliers (300 hab). On retrouve des configurations variées avec des implantations parfois limitées sur une rive (Antigny, Jouhet), parfois avec une tête de pont sur la rive opposée (Saulgé, St-Pierre-de-Maillé, Angles-sur-l’Anglin), voire des implantations équilibrées sur les deux rives de la rivière (Montmorillon, St-Savin/St-Germain, Nalliers). Les villages sont implantés autour d’un pont permettant le franchissement de la rivière.

    Les routes ne suivent pas la vallée en continu, elles s’en écartent bien souvent, privilégiant le passage par le plateau, où les circulations sont plus aisées et rapides.

    Des hameaux prennent place dans la vallée de la Gartempe, au pied ou en haut des versants les moins raides, mais également à proximité de la rivière, accolés à un ancien moulin.

    Patrimoine

    Patrimoine culturel

    Les vallées encaissées de la Gartempe et de l’Anglin, ainsi que leurs sites urbains remarquables, bénéficient de plusieurs protections :

    La vallée de la Gartempe concentre plusieurs protections au titre des sites et monuments naturels : les sites classés et inscrits de la Vallée de la Gartempe à Lathus-St-Rémy (Pour en savoir plus lire  "Lieu particulier : Le Roc d’Enfer") et à Jouhet, Pindray, et les sites inscrits de la grotte des Cottets à St-Pierre-de-Maillé, des rives de la Gartempe à St-Savin, St-Germain et Antigny et du moulin de la Roche à Leignes-sur-Fontaines.

    Le centre ancien de Montmorillon possède plusieurs monuments historiques (Hôtel-Dieu, maison Brouard, église ND, église St-Martial, hôtel de Moussac…), la ville est par ailleurs couverte par une ZPPAUP(Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).

    A St-Savin/St-Germain, l’abbaye des bénédictins, l’église St-Germain et le vieux pont sont protégés au titre des monuments historiques, l’ensemble urbain étant couvert par une ZPPAUP(Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager). Enfin l'Abbaye de St-Savin est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

    A La Roche-Posay, le centre ancien concentre plusieurs monuments historiques : remparts, porte de ville, église.  Il est couvert par un SPR depuis 2022.

     

    La vallée de l’Anglin à Angles-sur-l’Anglin, est un site classé au titre des sites et des monuments naturels, le village et son site ainsi que la vallée à cet endroit sont inscrits, tout comme la grotte des Cottets à St-Pierre-de-Maillé. Le village d’Angles-sur-l’Anglin possède plusieurs monuments historiques : le cimetière de la ville basse, les ruines du château, l’église et la chapelle. L’abri du Roc au Sorcier à Angles-sur-l’Anglin et la grotte des Cottès à St-Pierre-de-Maillé sont également monuments historiques.

    A côté de ces grands sites patrimoniaux, les monuments historiques recouvrent essentiellement des châteaux (Antigny, Buxeuil, La Bussière, Leugny, Pindray, St-Pierre-de-Maillé, St-Rémy-sur-Creuse) et des édifices religieux (Antigny, Jouhet, Nalliers, Saulgé, Vicq-sur-Gartempe).

    Patrimoine naturel

    Plusieurs inventaires et protections recouvrent les milieux très diversifiés des vallées de la Creuse, de la Gartempe et de l’Anglin : forêts de coteau, falaises, grottes, pelouses sèches, prairies humides et forêts alluviales. On y retrouve des espèces à forte valeur patrimoniale comme la Loutre ou le Castor et de nombreux chiroptères.  Les principaux sites se retrouvent dans les vallées de la Gartempe et de l’Anglin :

    • Le site de la Basse vallée de la Gartempe ( ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000 - ZSC(Zone de protection spéciale, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Habitats faune flore  ») ) englobe une quinzaine de grottes naturelles constituant des gîtes à chiroptères, dont une population d'importance nationale de Rhinolophe euryale. Les surfaces boisées, dominantes, ainsi que les autres habitats (rivière Gartempe, notamment) constituent des terrains de chasse préférentiels pour ces espèces de chiroptères.
    • Le site de la Vallée de l’Anglin ( ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000 - ZSC(Zone de protection spéciale, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Habitats faune flore  ») ) comprend le plateau calcaire entaillé par la vallée de l'Anglin, présentant une mosaïque de milieux remarquables : hautes falaises calcaires (les plus élevées de la région), grottes naturelles, pelouses sèches et fourrés thermophiles sur le rebord du plateau, prairies humides inondables et forêt alluviale en bordure de l'Anglin. Sur le plan faunistique, l'existence de plusieurs grottes dont l'une abrite d'importantes colonies de chiroptères ainsi que la présence de la Mulette épaisse dans les eaux de l'Anglin constituent les éléments majeurs.
    • Le site de la Haute vallée de la Gartempe  ( ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000- ZSC(Zone de protection spéciale, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Habitats faune flore  »)) comprend la vallée étroite et profonde, localement encaissée entre des escarpements rocheux cristallins, à microclimat frais et humide, rochers inondables (les Portes d’Enfer), parois rocheuses ensoleillées ou ombragées, lambeaux de landes calcifuges, pelouses hygrophiles rases sur dalles, sources et suintements hivernaux, bois de ravins... Intérêt faunistique également remarquable avec la présence du Sonneur à ventre jaune ainsi que de plusieurs poissons et invertébrés menacés dans les eaux de la Gartempe, dont le Saumon atlantique.
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    Dans la vallée de la Creuse, on relève la présence de l’ ENS(Espace Naturel Sensible. Les ENS sont le cœur de la politique environnementale des départements.) de la plaine des Patrières qui couvre les sols humides d’un méandre de la Creuse et l’ ENS(Espace Naturel Sensible. Les ENS sont le cœur de la politique environnementale des départements.) des forêts de la Guerche et de la Groie(Sols limono-argileux calcaires sur calcaires durs Jurassiques plus ou moins décalcifiés, souvent caillouteux. Largement répandu dans le département sauf dans Montmorillonnais), qui concerne le coteau boisé de la vallée.