Repères géographiques de la Vallée de la Vienne

Traversant le département auquel elle a donné son nom, du sud au nord, la vallée de la Vienne forme un relief en creux présentant des profils très variés depuis sa traversée des roches cristallines au sud jusqu’au roches sédimentaires au nord.

    Relief et eau

    Traversant le département auquel elle a donné son nom, du sud au nord, la vallée de la Vienne forme un relief en creux présentant des profils très variés depuis sa traversée des roches cristallines au sud jusqu’au roches sédimentaires au nord.

    Une vallée amont, étroite et encaissée

    En amont de L’Isle-Jourdain, la vallée de la Vienne est étroite avec un fond de vallée variant entre 200 et 400m de large et encaissée de 60 à 80 m. La vallée et la rivière présentent de grands méandres. Trois barrages hydroélectriques successifs (Chardes, La Roche, Jousseau) retiennent l’eau de la Vienne, qui forme alors un plan d’eau large qui occupe tout le fond de vallée jusqu’au pied des coteaux.

    La vallée médiane, linéaire à fond plat

    De l’Isle-Jourdain à Bonneuil-Matours, la vallée devient plus linéaire. Son profil évolue avec un fond de vallée qui s’ouvre, variant de 400 m à 1 km de largeur et un encaissement fluctuant de 50 à 80 m. La vallée alterne des resserrements (Gouex, Chauvigny, Bellefonds) et des élargissements (Moussac, Persac, Lussac-les-Châteaux, Civaux, Valdivienne). La Vienne forme un cours d’eau dont la largeur varie de 100 à 120 m. Les coteaux sont entaillés par les vallons de plusieurs affluents (ruisseau de Thierzat, Grande et petite Blourde, ruisseau de l’Arrault, ruisseau de l’Aubineau, la Dive) mais également par des vallons secs plus nombreux en aval de Chauvigny.

    La vallée aval ample, aux coteaux adoucis

    En aval de Bonneuil-Matours, la vallée de la Vienne s’évase et s’élargit. Le fond de vallée fluctue de 1 à 2 km de large et possède des terrasses surélevées d’une dizaine de mètres. Les coteaux présentent une grande variabilité, alternant des versants raides et des secteurs plus adoucis. Ils sont entaillés par de nombreux vallons secondaires qui modulent par endroit un relief plus collinaire. Deux confluences majeures interrompent la linéarité de la vallée : tout d’abord celle avec le Clain à Cenon-sur-Vienne, puis en limite nord du département, celle avec la Creuse, au Bec des Deux Eaux. La Vienne est paradoxalement moins large (80 à 90 m) que dans son cours médian car le cours d’eau est calé entre des terrasses.

    Roche et sol

    Une succession de formes selon la nature des plateaux traversés

    Avec sa source à Millevaches à plus de 150 km au sud, la Vienne forme une unité de paysage bien avant son entrée dans le département où elle termine la partie cristalline de son cours. À son entrée à Availles-Limouzine, en terrain granitique, la vallée est partiellement remplie par le lac du barrage de Jousseau qui recouvre en bonne partie, à 120 m altitude, les terrasses alluviales récentes.

    Dans cette partie granitique, les versants d’une soixantaine de mètres de dénivelés ont des formes assez douces et régulières, cultivés en bocage.

    Vers l’aval, des témoignages de terrasses anciennes Fw (Pleistocène moyen-Mindel), Fx (Pleistocène moyen-Riss) ou Fy (Pleistocène supérieur-Würm) recouvrent le socle ou les sédiments vers le haut des versants. Mélange d’argiles rouges, de sable, de quartz, de silex, ces terrasses anciennes contiennent localement des galets et même des blocs granitiques arrachés au Massif central.

    À partir de l’Isle-Jourdain, le fond de vallée devient plus large à mesure que les sédiments jurassiques constitutifs des plateaux traversés gagnent en épaisseur au-dessus du socle granitique. Celui-ci disparaît ensuite, à mesure que la vallée avance dans le bassin sédimentaire, sauf à l’occasion de jeux de failles provoquant les derniers affleurements granitiques, témoignant du seuil du Poitou, entre Moussac et Queaux (faille de la Messelière).

    Vers l’aval, les différents niveaux de terrasses couvrent des surfaces plus importantes. Situées en général une dizaine de mètres au-dessus du talweg, les terrasses Fy y ont été assez largement exploitées. Les versants moins réguliers creusés dans le domaine jurassique traduisent la variété des terrains sédimentaires traversés ainsi que leur position par rapport aux méandres ou aux bras morts, accentuant ou atténuant les reliefs. D’anciennes carrières d’exploitation des calcaires (Bathonien surtout) sont visibles sur les versants.

     La vallée s’élargit encore et les formes des versants changent à nouveau à partir de la confluence avec le Clain qui correspond au passage au domaine crétacé dont le relief de buttes-témoins cadre la vallée de la Vienne jusqu’à la confluence avec la Creuse, à la sortie du département.

     

    Des sols liés à l’étagement des terrasses

    Dans la partie limousine, peu alluviale, se relaient des sols développés sur granites altérés ou des sols acides qui descendent presque jusqu’au talweg. Lorsque la vallée s’élargit, des textures argileuses plus hydromorphes apparaissent à proximité des rives, passant à des sols plus sableux sur les terrasses supérieures plus anciennes. Sur ces hautes terrasses, des vignes sont encore assez fréquentes.

    Les écarts d’humidité se lisent dans la proportion de prairies qui composent le bocage, tandis que la présence forestière dépend surtout des pentes, les boisements occupant assez systématiquement les versants les plus raides. A l’aval de Gouex, la raréfaction du bocage, tant dans la vallée que sur les plateaux, accompagne le passage à des substrats moins hydromorphes puis progressivement plus calcaires, en particulier vers le haut des versants où les sols de plateaux, très agricoles, prennent le relais.

     

    Agriculture

    Au sud, des terres d’élevage et une vallée bocagère

    Le fond de vallée très étroit ne laisse que très peu de place aux parcelles agricoles. En revanche les prairies et quelques cultures fourragères prennent place sur les versants les moins pentus, reflétant l’économie agricole du Bocage Montmorillonnais que la vallée de la Vienne traverse dans cette section. Le territoire est une terre d’élevage et de polyculture, dominé par l’élevage ovin (50% des exploitations) et l’élevage bovin viande de races limousines et charolaises (40% des exploitations).

    Au nord, une terre de polyculture

    A partir de L’Isle-Jourdain, les grandes cultures prennent progressivement un peu de place, profitant des élargissements du fond de vallée. Elles s’imposent ensuite dans la vallée aval à partir de Bonneuil-Matours, prenant place sur le large fond de vallée et ses terrasses.

    Les cultures sont dominées par le maïs, les oléagineux, les céréales et les protéagineux. Quelques cultures maraîchères sont également présentes à proximité du Châtelleraudais, où elles sont largement répandues.

    Arbre et forêt

    Au sud, une vallée bocagère

    La vallée en amont de Lussac-les-Châteaux est marquée par un maillage bocager relativement dense qui borde les parcelles agricoles du fond de vallée et des versants. Le chêne et le châtaignier dominent dans la composition. Les haies ont diverses formes, allant de la haie haute, à la haie basse ponctuée d’arbres isolés, voire à la haie basse seule ou au contraire à des lignes d’arbres sans strate arbustive.

    Au nord, ripisylves et peupleraies

    En aval de Bonneuil-Matours, le maillage bocager n’est plus que résiduel. Il laisse la place à la ripisylve composée d’essences adaptées aux milieux humides : chêne pédonculé, érables, frêne, orme, aulnes, saules… On y retrouve également quelques petites peupleraies, souvent imbriquées dans la ripisylve.

    Tout au nord du département, entre Creuse et Vienne, le Parc des Ormes couvre 310 ha et forme le massif forestier le plus important dans la vallée de la Vienne. Les peuplements sont dominés par les chênes complétés de robiniers, de charmes et de quelques plantations de pins maritimes et sylvestres.

    Des coteaux forestiers

    Tout au long de la vallée, les coteaux les plus pentus accueillent des peuplements forestiers variés : sur les terrains siliceux du sud, le chêne rouvre, le frêne, le charme, sont présents. Sur les terrains calcaires au nord, le frêne, toujours présent, est accompagné par le tilleul, le charme et l’érable champêtre. La vallée est bordée par quelques vastes massifs forestiers qui descendent sur les coteaux : citons du sud vers le nord : la forêt de Lussac, la forêt domaniale de Moulière, les Bois de Chitré et la forêt domaniale de Châtellerault.

    Urbanisme

    Une vallée habitée

    Concentrant les implantations humaines depuis longtemps, la vallée de la Vienne est ponctuée de plusieurs villes et bourgs tout au long de son cours. 

    Dans son cours aval, les principales communes sont implantées en rive droite, où passent les voies de communications principales (voie ferrée et RD 910) : Les Ormes (1 600 hab), Dangé-St-Romain (3 000 hab), Ingrandes (1 700 hab). La ville de Châtellerault (31 700 hab) est implantée sur les deux rives, mais le cœur de la ville est situé lui aussi en rive droite entre la Vienne et la Gare. L’influence de la ville se fait sentir sur le développement des communes voisines qui dépassent toutes le millier d’habitants : Antran (1 200 hab), Cenon-sur-Vienne (1 800 hab), Availles-en-Châtellerault (1 700 hab), Vouneuil-sur-Vienne (2 200 hab), Bonneuil-Matours (2 100 hab).

    Plus au sud, la présence urbaine devient moins marquée. Les communes sont alors majoritairement des villages de 500 à 700 habitants. Plusieurs pôles urbains se détachent tout de même : Chauvigny (7 000 hab), Lussac-les-Châteaux (2 300 hab)/Mazerolles (900 hab), L’Isle-Jourdain (1 200 hab)/Le Vigeant (700 hab) et enfin Availles-limouzine (1 300 hab).

    L’axe de circulation de la vallée de la Vienne

    Des traces d’occupation ancienne et continuelle

    La vallée de la Vienne est ponctuée de traces d’une occupation ancienne et continuelle à travers les époques : dès 12 000 ans avant notre ère comme au Bois Ragot à Gouex, thermes gallo-romains de Chassenon, nécropole mérovingienne de Civaux, les châteaux et bourgs de l’Isle-Jourdain ou Lussac-les-Châteaux… De nombreux châteaux, construits en fond de vallée ou sur le coteau témoignent de l’importance et de l’intérêt porté à la rivière, à la fois frontière, protection et moyen de communication.

    La Vienne navigable jusqu’à Châtellerault   

    La batellerie sur la Vienne, vers la Loire, a connu son optimum au XVIIIème siècle. Elle sera au cœur du développement de Châtellerault comme en témoignent les quais aménagés sur les deux rives. La ville possédait quatre ports en 1880. La concurrence de la voie ferrée au milieu du XIXème va ruiner le transport fluvial. La ville de Châtellerault se développant alors du côté de la gare.

    Un axe de communication

    La vallée de la Vienne concentre toujours aujourd’hui de nombreuses voies de communication : routes départementales, voies ferrées, autoroute pour la partie amont de la vallée. La vallée est toujours une voie de communication dans son cours moyen, jusqu’à Lussac-les-Châteaux. Plus en amont, la vallée devient trop encaissée et les routes la longent en retrait sur le plateau, ne descendant dans la vallée que pour la traverser.

    La rivière source d’énergie

    Les traces de l’utilisation de la rivière comme source d’énergie sont nombreuses avec les moulins qui ponctuent son cours. Au XXème siècle, les barrages hydroélectriques et plus récemment la centrale nucléaire à Civaux prolongent ces relations anciennes avec la rivière.

    Patrimoine

    Patrimoine culturel

    La vallée de la Vienne est classée au titre des sites et monuments naturels sur un petit secteur sur les communes de Bonnes, Bellefonds et La Chapelle-Moulière, autour du château de Touffou.

    Châtellerault possède un riche patrimoine architectural protégé au titre des monuments historiques : églises, commanderie d'Auzon et Ozon, Théâtre municipal, ponts, hôtels particuliers, maison de Descartes, bourse du travail, Manufacture d’Armes, château de Targé. Les quartiers anciens de la ville sont également protégés en site inscrit et couvert par un SPR.

    La ville de Chauvigny concentre de nombreuses protections : logis des templiers, églises et châteaux protégés au titre des monuments historiques,  ainsi qu’au titre des sites et monuments naturels avec les sites inscrits de la ville haute et de la ville basse ainsi que les sites classés de la place des Châteaux et du cimetière de St-Pierre-les-Eglises.

    Les monuments historiques protègent  de nombreux châteaux (Queaux, Persac, Lussac-Les-Châteaux, Civaux, Bonnes, Bonneuil-Matours, Vouneuil-sur-Vienne, Availles-en-Châtellerault, Antran, Les Ormes) et églises (Le Vigeant, L’Isle-Jourdain, Persac, Mazerolles, Valdivienne, Bonnes, Bonneuil-Matours, Châtellerault, Ingrandes, Vaux-sur-Vienne, St-Sulpice). Les monuments historiques concernent également des menhir et dolmen (Availles-Limouzine, Mazerolles), des grottes (Lussac-Les-Châteaux, Chauvigny) et des ponts (Bonneuil-Matours, Châtellerault).

    Patrimoine naturel 

    Les milieux naturels dans la vallée de la Vienne sont relativement variés, du fait de la diversité géologique traversée du sud au nord par la vallée et des profils de relief diversifiés de la vallée alternant coteaux plus ou moins escarpés, terrasses et fonds humides. On y trouve ainsi :

    Les versants abrupts et boisés des grands massifs forestiers entaillés par la vallée

    Plusieurs grands massifs forestiers du plateau se terminent par un coteau forestier plus ou moins abrupt dans la vallée de la Vienne. Ces versants forestiers bénéficient de plusieurs inventaires et protections liés à ces grands massifs :

    • Forêt et pelouses de Lussac-les Châteaux (Znieff(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000 ZSC(Zone de protection spéciale, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Habitats faune flore  »)) : présence de pelouses calcicoles xérophiles très originales dans le contexte régional, hébergeant plusieurs espèces rares, voire en station unique : endémique française Arenaria controversa, Spiraea hypericifolia proche de sa limite nord occidentale, Alyssum montanum dans son unique localité régionale…
    • Plateau de Bellefonds (ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000 ZPS(Zone spéciale de conservation, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Oiseaux  »)) : boisements de feuillus sur les coteaux périphériques accueillant Engoulevent d'Europe, Pic noir et Pic mar.
    • Massif de Moulière et du Pinail : (ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et Natura 2000 ZPS(Zone spéciale de conservation, appartenant au réseau Natura 2000 des sites naturels européen - directive «  Oiseaux  »))
    • Forêt domaniale de Châtellerault : (ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique)) Présence d'espèces patrimoniales liées aux massifs forestiers matures : rapaces nicheurs comme la Bondrée apivore, le Milan noir ou l'Autour des palombes ; Pigeon colombin, Engoulevent d'Europe, Pic noir …

    Les coteaux boisés sur substrats acides ou calcaires, des pelouses sèches calcicoles ou encore des falaises calcaires.

    Plusieurs inventaires ZNIEFF(Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) couvrent des portions de coteaux de la vallée de la Vienne et de quelques petits vallons affluents : Coteaux du Moulin de Vareilles (Availles-Limouzine), Coteau de Chalais (Millac), Vallon du Puits Tourlet (Availles-Limouzine, Millac), vallon de Chantegros (Lussac-les-Châteaux)…

     

    Les milieux relictuels humides des bords de la Vienne et de ses affluents 

    Iles, forêts alluviales et prairies humides, permettent le maintien d'une faune et d’une flore spécialisée. Le cours de la Vienne abrite désormais le Castor de façon constante. Les bosquets riverains d’aulnes et de frênes alternant avec des milieux prairiaux servent parfois de refuge à deux mammifères secrets et rares de France : la loutre et le vison d’Europe. Les cours d’eau abritent le long de leurs berges le discret Martin-pêcheur d’Europe.

    Les rivières et les vallées inondables sont caractérisées par un courant lent et un régime de crues hivernales et printanières pouvant submerger des surfaces importantes sur des fonds de vallée généralement larges et plats. Cette submersion annuelle du lit majeur est un facteur sélectif essentiel pour la faune et la flore peuplant ces vallées. Parmi les oiseaux, il faut citer le Râle des genêts (espèce farouchement inféodée à ce type d’habitat et considérée comme très menacée dans toute l’Europe Occidentale). Les sablières implantées le long de la Vienne accueillent le Petit Gravelot.