Paysages urbains des Vallées de la Creuse et de la Gartempe

Les rivières de l’unité ont attiré les implantations humaines sur leurs rives depuis des siècles. Pourtant sauvages et encaissées entre des versants abrupts sur une part importante de leurs cours, elles ont accueilli non seulement des villes et des bourgs mais également des ensembles monumentaux exceptionnels.

    Les rivières de l’unité ont attiré les implantations humaines sur leurs rives depuis des siècles. Pourtant sauvages et encaissées entre des versants abrupts sur une part importante de leurs cours, elles ont accueilli non seulement des villes et des bourgs mais également des ensembles monumentaux exceptionnels, comme la Maison-Dieu à Montmorillon, l’abbaye de St-Savin sur le cours de la Gartempe, le château féodal d’Angles-sur-l’Anglin dominant l’affluent de la Gartempe. Certains ensembles urbains se sont développés sur les deux rives comme à Montmorillon, ou Nalliers, plus à l’aval, ou bien le vis-à-vis St-Savin/St-Germain de part et d’autre de la Gartempe, tandis que d’autres villes comme La Roche-Posay, ou des villages comme Lésigny, St-Rémy-sur-Creuse n’occupent qu’une seule rive. Si les villes, les bourgs et les villages semblent d’égrainer au fil des rivières, pour autant il n’y a pas toujours de routes dans la vallée pour relier ces villes entre elles. En effet, la topographie des vallées a souvent repoussé la route à distance, sur le haut des reliefs, si bien que les ensembles urbains, quelle que soit leur taille servent de trait d’union entre les deux côtés de la vallée, ils sont constitués autour de points de franchissement. C’est grâce à ces ponts et ces villes que l’on peut découvrir ou retrouver les rivières de loin en loin, qui sont peu visibles par ailleurs.

    Dans l’unité, les ensembles urbains recèlent un patrimoine bâti de qualité. Outre les ensembles monumentaux évoqués plus haut et les ouvrages d’art, on rencontre de belles architectures urbaines ou villageoises, avec un éventail très ouvert d’époques représentées. Si le Moyen-âge est bien repérable avec ces maisons à pans de bois, les siècles suivants ont également laissé des immeubles de belle tenue, en particulier le XIXème siècle avec ses façades un peu rigides et ses couvertures en ardoises. L’unité comprend également des ensembles très particuliers comme l’habitat troglodyte dans la vallée de la Creuse et des exemples d’architecture thermale à la Roche-Posay. La diversité des architectures, ajoutée à la variété des situations topographiques, confèrent à chaque ville ou village une originalité propre. C’est en fonction de leur relation à la rivière que sont présentés les ensembles urbains de l’unité.

     

    La rivière dans la ville : Montmorillon

    Ville la plus importante de l’unité, Montmorillon se caractérise par un développement important sur les deux berges de la rivière. Cette organisation des deux côtés de la Gartempe est ancien, déjà bien lisible sur le cadastre napoléonien. La ville s’est étagée différemment sur chaque rive en fonction des contraintes topographiques. La rive gauche est plus abrupte, elle est à dominante végétale. Sur la rive droite, une partie de la ville se situe dans la vallée, au niveau de la rivière, c’est le quartier de l’Hôtel de ville et de la rue du Vieux pont. Puis les rues attaquent le versant et les maisons s’alignent jusqu’à rejoindre le haut du plateau. Différents paliers marquent l’ascension, qui sont autant d’espaces publics, comme la place St-Martial ou plus haut, la place de la Victoire. Sur la rive gauche, excepté un rang de maisons en bord de rivière et le long de la rue escarpée de Montebello, le bâti est juché sur le haut de la falaise, dessinant une belle silhouette bâtie, caractérisée par l’église Notre-Dame et le rocher de la vierge. Ce vis-à-vis d’une rive à l’autre, qui offre soit des situations panoramiques, soit des perspectives plongeantes permet de découvrir l’étendue de la ville, ses qualités architecturales et urbaines, de comprendre son site particulier dans une inflexion de la rivière. On peut ainsi profiter de ce paysage bâti de grande qualité.

    La rivière se perçoit dans ces vues panoramiques ou bien à la traversée des ponts mais elle reste peu accessible. Elle est bordée par des jardins privés cachés derrière les hautes façades des maisons de ville. Cependant, la ville a aménagé en plein centre un jardin public qui permet de s’attarder pour contempler la rivière. La présence de ces jardins et le versant abrupt largement végétalisé de la rive gauche donne le sentiment d’une nature bien présente dans la ville.

    Des villages en vallée : St-Savin et St-Germain

    A peine 18 km à l’aval, l’ensemble urbain de St-Savin et St-Germain présente une toute autre configuration. La vallée s’est ouverte. Les deux bourgs se sont implantés de part et d’autre de la rivière. En rive gauche, l’enclos abbatial occupe une légère terrasse confortée par un ensemble de murs de soutènement qui protège des crues, tandis que le cœur de bourg ancien s’est constitué auprès du pont. En rive droite, St-Germain s’est tenu un peu plus à distance de la berge, laissant les prairies à la rivière, pour occuper un versant doux. Ces implantations dans une vallée ouverte, permettent des vues amples et bucoliques, dans lesquelles les villages sont perçus dans leur paysage. A St-Savin, si la longue façade du logis abbatial cache la rivière, par contre, elle participe à la composition d’une vaste esplanade plantée de tilleuls, qui en quelque sorte « retourne » le village sur sa centralité. Les villages sont désormais reliés par deux ponts.

    Dans cette catégorie de villages en vallée, on rencontre des villages plus modestes qui se sont établis sur les deux rives, mais de manière dissymétrique, avec une centralité marquée, sur une rive et une structure de faubourg sur l’autre rive, comme à Nalliers ou à St-Pierre-de-Maillé sur la Gartempe.

    Il existe également des villages et des bourgs qui se sont établis sur une seule rive, comme Vicq-sur-Gartempe par exemple, ou bien Lésigny ou Leugny en rive de la Creuse.

    Une silhouette épique, dressée sur la falaise : Angles-sur-l’Anglin

    Certaines séquences de vallées sont marquées par des parois rocheuses abruptes, qui ne se découvrent qu’au fil de l’eau, le long de sentiers escarpés, mais il arrive qu’un château, une enceinte défensive ait choisi un emplacement naturellement défensif. C’est l’exemple emblématique d’Angles-sur-l’Anglin qui domine cet affluent de la Gartempe de plus de trente mètres. Cette implantation perchée de l’ancien château et du cœur de village est mise en scène par le dévalement des maisons villageoises qui bordent les rues sur versant, tant sur la rive droite que sur la rive gauche. L’ensemble donne une dimension théâtrale à ce paysage bâti, souvent dessiné, peint ou photographié.

    Un balcon sur la Creuse : La Roche Posay

    La Roche-Posay est implantée en rive gauche de la Creuse, sur une terrasse d’environ 10 à 15 m au-dessus d’une courbe de la rivière, en position de balcon. Au pied de la ville, un ensemble d’îlots élargit le lit. Sur l’autre rive, c’est le département de l'Indre-et-Loire. La Gartempe s’est jetée dans la Creuse, 1 km en amont si bien que certaines extensions de la ville comme le casino et l’usine thermale se trouvent en rive de la Gartempe. C’est une ville à l’architecture éclectique. La forme en demi-lune du bourg médiéval défendu par une enceinte dont il reste la porte Bourbon et le donjon du XIIème siècle reste bien lisible dans la ville actuelle, aussi bien par le tracé des rues que par des éléments d’architecture. Chaque siècle a laissé son empreinte dans le tissu bâti, puis au début du XXème siècle, le développement de l’activité thermale a favorisé la construction de nouveaux bâtiments, « à la mode thermale ».

    Les falaises habitées

    Patrimoine plus fréquent dans le val de Loire, on rencontre dans l’unité un habitat troglodyte. C’est le cas par exemple à St-Rémy-sur-Creuse où plusieurs cavités ont été creusées et aménagées. A la différence de la silhouette d’un château fort ou d’un village, cet habitat ne fabrique pas un paysage spectaculaire, il se découvre plus modestement, un peu caché derrière le bâti plus récent. Si les falaises sont bien le résultat de la dynamique de la rivière, ce paysage troglodytique est aujourd’hui séparé visuellement de la Creuse.

    Pour en savoir + voir : "Lieu particulier : La falaise habitée de St-Rémy-sur-Creuse"