La forêt de Moulière

    La forêt de Moulière avec ses 6 800 ha dont 4 200 sont publics, est la plus grande du département. Elle occupe les hauteurs (140 m environ) du plateau des Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) où les calcaires lacustres de l’Éocène (Tertiaire) sont recouverts de dépôts détritiques quaternaires. Son nom (Moulière) résulte de la qualité des pierres de son sous-sol utilisées pour les meules des moulins (meulières). 

    Le plus vaste massif forestier du département

     

    La régularité du parcellaire lisible sur la carte résulte du caractère domanial du massif. Si les résineux occupent une part importante, leur regroupement vers le centre du massif permet de favoriser les feuillus sur les lisières et aux entrées. Au nord, les landes et les zones humides de la réserve du Pinail prolongent le massif.

    Les sols, pauvres, s’apparentent à ceux des brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) tout autour dans une déclinaison plus argileuse et humides et dépourvue de calcaire. Ce sont surtout des terres fortes et des bornais(Sols limoneux (parfois argileux : bornais lourd ; ou sableux : bornais léger) souvent hydromorphes, sur dépôts tertiaires ou quaternaires) peu adaptés à la mise en valeur agricole, ce qui a favorisé le maintien de la forêt depuis le Moyen-Age.

    Cette ancienne forêt royale s’est révélée un espace économique stratégique depuis la fin du XVIIe siècle et a été gérée et entretenue comme tel depuis le XVIIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, l’administration des Eaux et Forêts opte pour le traitement du massif en futaie, essentiellement composée de chênes. Aujourd’hui, elle est conduite en futaie de chêne (ou chêne et pin) et pour une grande partie en futaie de pin maritime. Depuis 2020, dans la partie gérée par l’Office national des forêts (ONF), plus de 7 ha ont été plantés dans le cadre d’un programme expérimental « îlots d’avenir » avec des essences adaptées au changement climatique : cèdres de l’Atlas, pins de Calabre, chêne pubescent et sapin de Bornmüller.

    Moulière et pierres meulières

    La forêt de Moulière tire son nom de la pierre meulière qui était extraite du sol argileux, pour les meules des moulins à farine. Cette activité a laissé derrière elle plus de 5000 fosses d’extraction dans la partie nord du massif, constituant aujourd’hui les landes à mares du Pinail.  Les premières traces écrites de l’extraction de la pierre meulière, datent d’un diplôme de Pépin Ier, roi d’Aquitaine, en l’an 826, dans lequel il est question de «  moulange  » extraite en forêt de Moulière. Le Pinail a constitué une des principales carrières de France jusqu’au milieu du 19e siècle, fournissant ainsi des meules aux moulins, jusqu’à l’épuisement de la ressource et l’apparition des moulins à cylindres vers 1870-1880. Les meules extraites étaient acheminées en bord de Vienne, aux ports de Ribes ou de Chitré, pour être vendues dans les moulins de bords de Loire, sur la côte Atlantique et même outre-Atlantique.

    Une forêt publique aux portes de Poitiers et de Châtellerault

    Dans ce département où les forêts restent finalement peu nombreuses ( 18 % du territoire départemental), la présence de la plus vaste forêt du département qui plus est non loin de Poitiers et de Châtellerault, confère un rôle d’accueil très spécifique à ce vaste massif. La forêt de Moulière, chargée d’histoire (cimetières mérovingiens , site du Pinail notamment…) et de nombreuses légendes, est un espace très prisé des pictaviens et des habitants des villes et villages alentour pour la promenade, la chasse, la cueillette... Elle contraste fortement avec les espaces agricoles environnants dont elle sert souvent d’horizon.

    La forêt est traversée par le GR364 et par plusieurs itinéraires de promenades. Le réseau dense d’allées et de chemins fermés à la circulation automobile permet par ailleurs un accès aisé aux différentes parties de la forêt. Les routes forestières et les chemins y dessinent de longues traversées avec de beaux effets de perspective et d’échappées visuelles. Les lisières de transparences variables modulent les vues vers le sous-bois.