Dynamiques et enjeux paysagers dans la Vallée du Clain

    Dynamiques

    La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage. L’exemple choisi se situe aux alentours de Jaunay-Clan, Dissay et St-Georges-lès-Baillargeaux.

    La Vallée du Clain au XIXème siècle

    La carte d’Etat-major montre une vallée rurale où l’empreinte agricole est forte. Les cultures (en beige) dominent le parcellaire. La carte révèle l’importance des vignes (en gris) qui occupent une bonne partie des versants où les bois (en vert) restent peu nombreux. Dans le fond de vallée, les prairies humides (en bleu-clair) sont nombreuses.

    Les hameaux et les villages se sont implantés dans la vallée, en pied de versant (Jaunais, Dissais, Aillé) ou à proximité de la route (Clain). St-Georges s’est quant à lui implanté en haut de coteau. Les fermes isolées sont peu nombreuses, l’habitat est majoritairement groupé. Les ponts sur le Clain restent rares : il n’y en a aucun entre Dissais et Poitiers. La route nationale emprunte la rive gauche du Clain, profitant de terrasses qui élargissent la vallée.

    La Vallée du Clain au milieu du XXème siècle

    La photographie aérienne des années 1950-65 permet de préciser l’occupation du sol.

    Un petit parcellaire agricole en lanière

    Le parcellaire agricole est formé de petites parcelles allongées en lanières étroites, adaptées à la traction animale qui prévalait jusqu’alors. Les parcelles ne mesurent que quelques ares et ne dépassent qu’occasionnellement l’hectare. On aperçoit de nombreux arbres isolés qui accompagnent les parcelles.

    La disparition des vignes

    Comme partout en France, les vignobles ont été décimés par le phylloxera à la fin du XIXème siècle. Les vignes n’ont ensuite pas été replantées dans ce terroir où elles n’étaient pas économiquement prépondérantes. Les pentes relativement douces des versants ont permis ici une mise en culture des anciennes vignes.

    Un fond de vallée bocager par endroits

    Le fond de vallée présente de petites parcelles de prairies entourées de haies qui composent un paysage à dominante bocagère. Par endroits quelques secteurs sont un peu plus ouverts avec de petites parcelles de cultures. Enfin certains secteurs présentent les traces d’un début d’enfrichement, témoignant d’un recul de l’élevage sur des terrains très humides.

    Une urbanisation modérée

    Les villages ont pour la plupart peu évolués. Seul Jaunay s’est étendu de façon notable, profitant de la nouvelle gare et du pont sur le Clain. Les constructions occupent désormais tout l’espace entre le bourg et le hameau de Clan. La nouvelle voie ferrée s’insère dans la vallée, elle aussi sur la rive gauche du Clain.

    La Vallée du Clain aujourd'hui

    La photo aérienne contemporaine révèle de multiples évolutions.

    Un parcellaire agricole remembré

    Le parcellaire agricole a changé d’échelle. Remembrement et mécanisation ont abouti à de vastes parcelles cultivées qui atteignent désormais régulièrement les 5 à 15 ha. Les arbres isolés sont devenus rares dans le parcellaire.

    Un fond de vallée qui se referme

    La vallée du Clain forme désormais un cordon arboré où peupleraies, bois humides, friches et haies composent un paysage très cloisonné. Les quelques secteurs de prés et de cultures qui subsistent offrent de rares ouvertures, de même que quelques étangs issus d’anciennes sablières.

    Un paysage fortement urbanisé

    La proximité de l’agglomération de Poitiers se fait ici fortement sentir. En rive gauche du Clain, les axes de communications récents, autoroute et LGV, convergeant vers Poitiers, délimitent désormais une vaste conurbation entre Jaunay-Clan (Jaunay-Marigny) et Chasseneuil-du-Poitou où se sont implantés secteurs résidentiels, d’activités  et de services autour du Futuroscope et de son parc de loisirs. Les autres communes se sont également fortement développées par des extensions résidentielles en rive droite et des secteurs mixant zones économiques et habitat en rive gauche.

    Enjeux paysagers

    Dans la Vallée du Clain, les enjeux paysagers principaux sont liés à la valorisation de la présence de l’eau, et à la maîtrise des extensions urbaines.

    Mettre en valeur le fil conducteur de l’eau

    Les fonds de la vallée inondables et la rivière forment des univers naturels intimes, souvent cloisonnés, composés de jardins, de parcelles agricoles, de peupleraies ou bien de rives urbaines. Cette diversité et les ambiances qui y sont liées sont particulièrement attractives. On vient ici pour côtoyer l’eau qui constitue un fil conducteur du point de vue des paysages, de la géographie ou encore de l’histoire. La rivière constitue ainsi le support de découverte du paysage et des sites urbains, par endroits pittoresques, des biotopes ou des activités sportives. Les franchissements de la rivière avec les ponts témoignent souvent de routes anciennes. Force est de constater que l’eau revêt toujours un pouvoir d’attraction important et participe à la qualité des paysages. C’est une présence incontournable, un élément identitaire fort. L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, le maintien des chemins le long de l’eau, la gestion et l’aménagement des berges urbaines, l’ouverture des prairies et l’entretien des ripisylves, constituent un enjeu pour l’attractivité du paysage. La démarche Trame verte / Trame Bleue, avec un travail sur les liaisons écologiques, vient appuyer ces mises en valeurs paysagères.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Eviter une fermeture trop importante du fond de la vallée et des abords du Clain.
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    • Préserver un équilibre entre espaces naturels, prairies, peupleraies et cultures intensives.
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    • Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des accès et des emprises publiques le long du Clain  à proximité des villages. Créer des aires de stationnement sobres et discrètes.
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    • Donner à voir la rivière, ouvrir la végétation aux abords des ponts et des ports qui constituent des points de découverte privilégiés des cours d’eau.
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    • Rendre visible et donner accès aux confluences avec les principaux affluents.
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    • Mettre en valeur les petits ouvrages et le patrimoine liés à l’eau : moulin, ancien site industriel, quai, pont, lavoir, fontaine…
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    • Mettre en scène ou aménager les façades urbaines sur la rivière. Aménager des espaces publics en bord de Clain dans les villages et les bourgs : cheminement, jardin, place, parc, promenade…
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    • Gérer avec soin tous les circuits de l’eau traversant les cultures ou côtoyant l’urbanisation. En conserver la visibilité le long des routes et de chemins.
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    • Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Verte et Bleue. Mettre en valeur les milieux spécifiques liés à l’eau et leurs ambiances.
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    Favoriser la perception de la vallée du Clain

    La vallée du Clain a moins d’ampleur que la vallée de la Vienne. Néanmoins elle possède une force et un côté pittoresque avec son encaissement et la présence de la roche qui forme de petites falaises, comme dans la traversée de Poitiers. Il y a un véritable enjeu de lisibilité de cette vallée tant depuis les hauts, par les points de basculements dans la vallée, que depuis le fond de vallée avec la présence de la rivière. Cela s’illustre notamment par les situations en belvédère des coteaux qui donnent à voir la topographie avec une certaine ampleur, les affleurements rocheux, les silhouettes urbaines, ou encore le trajet de l’eau. A l’intérieur de la vallée, sa lecture dépend des ouvertures visuelles et des parcours. Toute occasion de révéler les mouvements de reliefs, le contraste du fond et des coteaux ou bien les perspectives de la rivière participent à offrir un paysage singulier. La reconnaissance de la vallée du Clain passe par sa lisibilité.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Conserver et mettre en valeur des points de vue (belvédère) sur la vallée depuis les coteaux, notamment au niveau de Poitiers ou encore de Beaumont-Saint-Cyr. Ouvrir des vues sur la vallée depuis les routes. Gérer la végétation pour maintenir les vues.
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    • Encourager les ouvertures visuelles en crête, sur les pentes et dans les fonds. Eviter les constructions ou les écrans boisés trop importants au niveau des points de basculement dans la vallée.
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    • Maintenir des vues transversales à la vallée (covisibilité des versants).
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    • Conserver des vues sur le cours d’eau depuis les coteaux et les routes.
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    • Eviter une trop grande fermeture visuelle des versants sur de longs linéaires.
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    • Mettre en scène les sites urbains dans la vallée. Maitriser les extensions urbaines sur les crêtes et les coteaux.
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    • Mettre en valeur les sites historiques, notamment urbains, liés au relief de la vallée et au passage du Clain
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    • Gérer et entretenir la ripisylve qui signale le passage de l’eau.
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    • Gérer la végétation pour voir l’eau, notamment aux abords des ponts, des routes et des villages.
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    • Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles. Eviter les plantations  de peupliers  à proximité des confluences, des bourgs et des ponts.
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    • Conserver un cordon de prairies qui ouvre le paysage en fond de vallée le long de l’eau.
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    • Rendre perceptibles et mettre en valeur les confluences : ouverture visuelle, chemin d’accès, maitrise de l’urbanisation et de la végétation…
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    Maitriser et restructurer l’urbanisation

    La présence de l’agglomération de Poitiers et de nombreuses voies de communications a induit un développement urbain important dans la vallée du Clain. Autour des centres anciens ou des hameaux, les extensions urbaines se sont ajoutées au fil du temps, en étirant des zones résidentielles ou d’activités le long des routes (développement linéaire), ou par extensions périphériques, par nappes successives. Ces extensions donnent une image du territoire moins spécifique, banalisant les paysages. La vigilance doit donc rester forte quant à la localisation des développements sur les périphéries, les entrées, et tout particulièrement sur les versants de la vallée. Il est intéressant de réfléchir à la forme et à l’implantation des nouvelles constructions, aux connexions avec le centre-bourg et à un développement harmonieux avec le site d’implantation. L’enjeu est de créer de véritables quartiers, reliés les uns aux autres et au centre-bourg. Il est également important de conserver des coupures non bâties offrant des respirations entre les communes. De même, il serait intéressant d’améliorer les opérations existantes dans un souci de recomposition urbaine : maillage viaire pour partie doux, implantation d’espaces publics structurants et d’équipements, connexion avec le fond de la vallée… La réflexion doit également porter sur la dynamisation des centres-bourgs, en restaurant et en redonnant vie aux habitations anciennes ou aux commerces délaissés, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg. La qualité, le positionnement, la requalification de l’urbanisme commercial, ici très conséquent, ne doivent pas être oubliés également compte tenu de leur impact sur les paysages urbains et routiers.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire l’urbanisation linéaire et le mitage. Saisir l’opportunité du Zéro Artificialisation Nette des sols pour promouvoir un développement urbain qualitatif.
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    • Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine. Eviter la fragmentation des espaces agricoles.
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    • Affirmer les entrées de bourg et requalifier les voies d’accès.
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    • Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg. Accompagner les mutations du bâti pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui.
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    • Requalifier les extensions urbaines en faisant appel à l’urbanisme végétal en lien avec le réchauffement climatique. Prévoir des espaces publics structurants ou de liaisons.
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    • Travailler sur la densité et maitriser les formes urbaines. Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement au profit de quartiers reliés avec le centre bourg. Créer de nouvelles voies et un maillage viaire.
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    • Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations. Favoriser l’alignement des façades et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs.
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    • Empêcher le mitage des environs du village.
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    • Aménager les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village.
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    • Requalifier les abords des zones d’activités le long des axes et des entrées de villes.
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    Composer les espaces publics

    Dans la vallée du Clain, compte tenu du relief et de la présence de l’eau, les espaces publics offrent une certaine diversité. Les coteaux et le fond de la vallée du Clain, tant en milieu urbain que plus rural, offrent des potentialités comme espace de détente ou de découverte (belvédère, parc historique ou plus récent, promenade…), pour certains en lien avec l’eau. Les espaces publics constituent le cadre de vie des habitants, jouent un rôle social important avec les manifestations, et participent à l’envie de s’installer sur la commune pour y vivre. Les rues, les places, les mails, les jardins, les champs de foire et les parcs publics sont autant d’éléments qualitatifs pour créer des centralités, relier les différentes parties du bourg ou encore créer des transitions bienvenues notamment avec les espaces agricoles et naturels. Le charme de ces espaces publics réside aussi dans leur simplicité utilisant des matériaux et des techniques locales, bien loin du «  tout bitume  ». La place de la voiture et des circulations douces mérite également d’être réfléchie avec attention. Une vigilance reste donc de mise pour conserver des centralités attrayantes et habitées, avec des espaces publics de qualité, non standardisés, préservant le charme des lieux, en harmonie avec le bâti.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Valoriser les espaces publics en lien avec le patrimoine bâti remarquable.
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    • Aménager les entrées de bourg pour marquer la transition entre la campagne et le bourg.
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    • Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
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    • Gérer, créer, développer des espaces publics en tenant compte de leur diversité.
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    • Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
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    • Porter une attention particulière aux espaces publics en lien avec la rivière : quai, promenade, terrasse, parapet, voie sur les ponts, berges plus naturelles…
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    • Mettre en valeur les espaces publics en belvédère sur les vallées. Gérer la végétation pour conserver les vues.
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    • Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants en lien avec le centre bourg.
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    • Créer des liaisons avec les secteurs de développement. Donner une place aux circulations douces.
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    • Utiliser l’arbre pour structurer l’espace des entrées (alignement) et des places (mail). Planter pour éviter les îlots de chaleur.
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    • Mettre en valeur les traversées urbaines et les ponts y donnant accès.
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    • Utiliser des matériaux simples mais de qualité pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, pelouse, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité. Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
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    • Eviter l’imperméabilisation systématique des sols. Favoriser l’infiltration directe lorsque cela est possible.
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    • Aménager des tours de villages attractifs  en transition avec la campagne.
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    Valoriser les itinéraires routiers et les chemins

    La vallée du Clain comporte une forte densité d’infrastructures, tant routières que ferroviaires. Ces voies de communication ont un fort impact sur les paysages, créant par endroits des cloisonnements. Elles s’accompagnent d’échangeurs, de terrassements et d’ouvrages d’art longeant ou traversant la vallée du Clain. A une autre échelle et à une autre vitesse, les itinéraires secondaires permettent une découverte plus intime des paysages hors du carcan urbain. La perception depuis l’axe (perception du paysage depuis la route) mais aussi depuis l’extérieur (perception de la route dans le paysage) mérite une réflexion pour mieux les qualifier. Toutes les connexions (carrefour, entrée de bourg) demandent une mise en valeur paysagère. Une réflexion sur l’architecture des ouvrages et leur insertion dans le paysage s’impose également. Les accotements des voies et leur gestion (talus, végétation) conditionnent les vues, modulent et animent la perception des paysages depuis ces axes. La maitrise des développements urbains le long des routes (zones d’activités, urbanisation résidentielle…) conditionne également la qualité des itinéraires et l’image des communes traversées. Les chemins qui parcourent ce territoire sont un atout à préserver pour se promener, constituant une véritable plus value au sein de l’étalement urbain. Aux abords des villages, les itinéraires doux sont également à promouvoir pour la qualité du cadre de vie des habitants.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Mettre en place des chartes d’itinéraires. Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes (séquences paysagères, abords directs, contraste, point focal…). Repenser le passage de la RN10 et la composition urbaine de ses abords et de ses connexions, lui donner une véritable identité.
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    • Améliorer ou compléter l’insertion paysagère des ouvrages d’art et des points d’échanges (terrassements) dans le paysage de la vallée du Clain et de ses abords.
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    • Recomposer et retisser des liens des infrastructures avec leur entourage.
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    • Travailler sur le décloisonnement de ce territoire, atténuer les effets de coupure générés par les axes.
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    • Composer et aménager les entrées de ville et les pénétrantes.
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    • Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes et la perception de la voie depuis le reste du territoire.
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    • Donner à voir la rivière depuis les voies et les ponts, en valorisant au mieux les traversées de vallée.
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    • Valoriser les événements jalonnant les parcours : carrefour, pont, arbre remarquable…
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    • Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Composer avec le site, penser à l’utilisation de l’arbre pour cadrer l’espace.
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    • Conforter ou aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
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    • Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
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    • Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours.
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    • Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
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    • Créer des itinéraires doux (piéton, vélo) au fil de la vallée, connectés pour certains avec les bourgs. Favoriser l’accès et les parcours le long de l’eau. Favoriser la politique d’installation de voies vertes.
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    • Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage, en liaison avec les pôles urbains.
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    • Préserver un maillage de chemins publics autour des villages et des bourgs.
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    Valoriser le patrimoine bâti et les formes urbaines historiques

    Dans la vallée du Clain, les bourgs et les villes ont valorisé une diversité d’implantations : en crête, sur le coteau, à proximité de l’eau ou au niveau d’une confluence. L’étalement urbain et la prégnance des axes de communications de la vallée du Clain ne favorisent pas toujours la lisibilité des implantations d’origine. La composition avec les cours d’eau et leur façade urbaine ou les jardins, l’étagement dans les pentes, avec des architectures remarquables qui s’adaptent à la topographie, ou encore le bâti en corniche, sont autant de particularités à préserver et à mettre en valeur, générant charme et caractère, parfois pittoresque.

    La dimension patrimoniale du bâti est forte en de nombreux endroits de la vallée du Clain, et notamment dans Poitiers. Outre le patrimoine religieux, monumental, un patrimoine plus discret apparait au fil des rues avec le patrimoine civil, mais aussi le long de la rivière avec les moulins ou les anciennes industries. Une mention spéciale doit être faite pour les nombreux châteaux, avec leurs parcs, qui émaillent la vallée du Clain. Ces nombreux attraits architecturaux méritent une grande attention pour les préserver et les valoriser. Ils constituent autant de points qui, par touches successives, participent au charme de la découverte de cette unité paysagère. Les éléments patrimoniaux sont également bien souvent des clés incontournables d’une attractivité touristique, en complément de la mise en avant du Futuroscope.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Inventorier et réhabiliter le patrimoine ancien : bâti villageois, religieux, château...
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    • Alimenter les sites d’information sur toutes les données patrimoniales. Restituer aux habitants la connaissance sur la valeur patrimoniale de leur village.
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    • Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti et à la spécificité de son implantation. Prendre en compte la variété des modes de construction ; repérer les spécificités pour éviter l’uniformisation. Impliquer les professionnels du bâtiment pour sauvegarder et valoriser cette diversité.
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    • Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique. Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau.
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    • Maintenir la visibilité du bâti patrimonial en évitant l’enfrichement ou des plantations trop denses aux abords.
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    • Valoriser le patrimoine bâti du village, sa singularité, son histoire. Prendre en compte et valoriser la diversité du patrimoine bâti, sans hiérarchie en fonction de l’ancienneté.
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    • Dans les bourgs, réhabiliter et transformer le bâti ancien mitoyen pour répondre aux usages actuels : regroupement de maisons, création de jardin ou de garage, recomposition du bâtiment derrière une façade préservée, restructuration d’îlots…
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    • Respecter l’échelle du village et sa silhouette dans son développement. Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Harmoniser le développement en fonction du relief. Maitriser les développements urbains sur les versants et en pied de relief, particulièrement visibles depuis les villages perchés. Prendre en compte la forme urbaine du village et son site dans les projets d’extension.
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    Recomposer les abords de Poitiers et affirmer son implantation historique

    Une étude fine à l’échelle de l’agglomération de Poitiers n’est pas du ressort de cet atlas de paysage. Quelques réflexions sont cependant à évoquer au regard du grand paysage et des enjeux à ce niveau.

    Mettre en valeur le site historique d’implantation et le patrimoine bâti

    Il est tout d’abord essentiel de révéler au mieux le cadre exceptionnel de l’implantation historique remarquable en oppidum, entre les vallées encaissées du Clain et de la Boivre. On peut citer entre autre l’intérêt de mettre en valeur toutes les situations en belvédère. Ces vues en balcon révèlent le site et en donnent des lectures particulièrement attractives. Les liaisons entre la ville haute et le fond de la vallée du Clain donnent à voir, étage par étage, le paysage méritent une valorisation (continuité des liaisons, fenêtres à travers le bâti, conservation d’espace non bâti en rebord de relief…). La visibilité de la roche des coteaux fait aussi partie des singularités des lieux à révéler. Le fond de la vallée du Clain, riche en ambiances intimes liées à l’eau, contraste avec la ville haute. Il reste un atout incontournable dont le paysage est à valoriser en recomposant des espaces publics attractifs sur les berges et en gérant les espaces naturels et les peupleraies. Certains aménagements (parc, passerelles, ponts, berges urbaines, jardins..) ont déjà vu le jour.

    Améliorer l’image et la composition de la périphérie de l’agglomération

    L’agglomération de Poitiers avec son urbanisation dense montre un fort développement périphérique, surtout à l’ouest avec de nombreux lotissements et des zones d’activités. Ils constituent les premières perceptions de l’agglomération. Il y a ici un enjeu de recomposition, de liaison et de connexion avec leur entourage. Les pénétrantes et les contournements circulaires offrent de nombreux visages, entre route ou boulevard. L’enjeu est ici de composer des entrées de villes qualitatives, en soignant l’aménagement paysager de ces voies : recul, transition, plantation, aménagement des carrefours… La ville s’étend sur l’espace agricole qui supposerait de réfléchir aux transitions avec celui-ci mais aussi à sa fonction (ceinture verte, productions locales en circuit court, circulations douces périphérique et de proximité, plantations de vergers, espace de détente).

    Pistes d’actions envisageables :

    • Préserver l’agriculture et lui donner une protection. Implanter des productions vivrières pour le circuit court local.
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    • Créer des transitions entre les parcelles urbaines et les champs. Offrir un réseau de promenades et de déplacements doux, ainsi que d’espaces de détente, en périphérie de secteurs construits.
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    • Travailler sur les notions de coulée verte et de ceinture verte à travers et en périphérie de l’agglomération. Affirmer et poursuivre le plan de mobilité en cours avec une prise en compte d’une qualité paysagère pour les déplacements doux.
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    • Mettre en valeur les bords du Clain et de la Boivre dans la ville et en périphérie. Aménager des espaces publics, voire des équipements. Maitriser l’évolution des parcelles sur les coteaux et en crête. Aménager les lieux significatifs en balcon et des itinéraires doux en crête et dans le fond de la vallée. Maitriser les peupleraies. Envisager un plan de paysage global sur les vallées.
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    • Utiliser la démarche Trame Verte-Trame Bleue pour redonner aux espaces naturels une place dans le paysage.
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    • Affirmer les entrées, requalifier les voies d’accès, les pénétrantes, les boulevards, les contournements. Apporter une qualité paysagère à ces voies de communication très utilisées.
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    • Utiliser des végétaux à l’échelle du bâti : planter des arbres de haut-jet pour structurer et hiérarchiser les voies.
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    • Requalifier les abords des zones d’activités et des commerces situés le long des axes et des entrées de ville. Penser leur aménagement comme un quartier urbain qui forme la porte d’entrée du bourg. Maîtriser la publicité et les enseignes. Placer les stockages et les stationnements à l’arrière des bâtiments ou en retrait des vues. Veiller à la qualité des nouveaux projets d’implantations.
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    • Concevoir des espaces publics, voire des liaisons douces, reliant le centre ancien et les nouveaux quartiers.
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    • Recomposer la ville en tenant compte de la notion de quartier, de centralités secondaires, présentant une diversité d’usages. Etudier les mixités, les mutations possibles et les complémentarités. Conserver des centres attractifs sur les communes maintenant conurbées avec Poitiers.
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    • Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement. Eviter le développement linéaire sans épaisseur.
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    • Favoriser la réutilisation des parcelles désaffectées plutôt que la consommation de nouvelles parcelles. Densifier les parcelles enclavées ou les utiliser pour faire des liens à travers l’urbanisation (passage, parc, jardins).
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