Paysages urbains des Terres de Brandes

    Les Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.) sont jalonnées par un grand nombre de bourgs et de villages qui se répartissent de manière équilibrée sur le territoire même si la maille varie selon les secteurs. La plupart de ces agglomérations correspondent à un carrefour de voies en étoile présentant plus ou moins de branches, même s’il existe quelques villages-rues à la forme urbaine plus étirée. Comme dans les autres unités, on découvre des compositions urbaines denses comprenant des maisons mitoyennes à deux niveaux, implantées à l’alignement de la rue, y compris dans des villages de taille modeste. Si les architectures se ressemblent, les matériaux varient légèrement : toitures d’ardoises ou de terre cuite, encadrements de pierre calcaire ou de tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol). Une autre caractéristique tient à la topographie. Malgré des reliefs qui restent doux, l’implantation sur versant façonne des paysages bâtis intéressants qui s’échelonnent dans la pente. L’eau est peu présente dans les ensembles urbains des Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.), même dans les vallées de la Clouère et de la Dive où les rivières ne semblent qu’effleurer le pied des villages. A l’inverse le patrimoine bâti est bien visible, qu’il s’agisse de patrimoine monumental comme l’abbaye de Nouaillé-Maupertuis, de l’ensemble castral de Gençay ou bien du patrimoine plus discret, inséré dans le tissu bâti comme les églises romanes, les halles, les maisons anciennes ou bien encore le petit patrimoine.

    A la croisée des chemins

    La plupart des villages sont implantés à la croisée des chemins. Les configurations varient selon les dispositions. A Bouresse par exemple ce sont neuf routes qui convergent vers le centre-bourg, se groupant deux à deux progressivement pour aboutir sur la place centrale. A la Chapelle-Viviers, la convergence de six routes a donné lieu à une belle réponse urbaine qui se traduit par un grand rond de pelouse ombragé par quelques arbres. A Usson-du-Poitou, les routes venant de la rive gauche de la Clouère se rassemblent pour enjamber la rivière, ce qui transforme la figure en étoile et la forme urbaine. C’est la même figure qui se développe en rive droite sur St-Maurice-la-Clouère et en rive gauche sur Gençay, réunies par un premier pont puis un second.  

    Dans certains cas, une route plus importante prend le pas sur les routes secondaires, la figure en étoile disparait au profit d’une forme urbaine plus orthogonale. C’est le cas par exemple à Pleumartin traversée par la route départementale RD 14. Le centre est alors marqué par une grande place qui accueille une halle monumentale.

    Des implantations sur versant  

    Si aujourd’hui les engins de terrassement tendent à adapter le terrain au projet, dans le bâti traditionnel, c’est le contraire. Même sur des reliefs doux, cette adaptation de la construction au terrain naturel façonne des paysages urbains de qualité. Les maisons bien que mitoyennes forment une sorte de grand escalier qui souligne la topographie du site. Cela produit un effet intéressant dans la perspective de la rue où chaque pas de porte se singularise, mais également en vues lointaines où la silhouette présente un épannelage varié de couvertures. Certains villages s’implantent sur le point haut comme à Oyré ou à Monthoiron où l’église occupe le haut du relief tandis que les maisons se dispersent dans la pente. D’autres choisissent une implantation sur versant comme à St-Maurice-la-Clouère ou La Puye. Cette implantation sur versant n’est pas réservée aux ensembles urbains, des corps de fermes ou des hameaux agricoles ont aussi pris place dans la pente. Le bâti est tantôt positionné parallèlement, tantôt perpendiculairement, il semble se glisser dans la pente sans que le terrain naturel ne soit modifié. Ces ensembles constituent de jolis motifs d’architecture rurale.

    Au bord de l’eau 

    L’eau est peu présente dans les paysages bâtis des Terres de Brandes(Les brandes désignent une lande à bruyère à balais où se mêlent plusieurs espèces de bruyères, des ajoncs, des genêts, des fougères et des graminées. Il s'agit d'une lande de déforestation, qui se développe sur des sols pauvres.). Néanmoins, il est intéressant de noter que si les rivières sont discrètes et peu visibles, pour autant elles sont relativement accessibles depuis les villages. Le long des berges, des promenades sont aménagées, avec des espaces récréatifs ou pédagogiques, donnant à découvrir le petit patrimoine. Ces lieux de « nature » aux portes du village viennent compléter et compenser la densité des centres.

    Un patrimoine expressif

    C’est le patrimoine médiéval qui s’impose le plus dans les paysages bâtis. D’une part, il est facilement identifiable, et d’autre part, il concerne des volumes importants. C’est le cas par exemple du château de Gençay, forteresse édifiée au XIIIème siècle, construite sur un éperon rocheux, imposante silhouette avec ses courtines de 30 m de haut et ses trois tours d’angle. Exemple remarquable d’architecture militaire, il sera protégé comme monument historique par Prosper Mérimée, dès 1840, en même temps que la lanterne des morts du village voisin de Château-Larcher. Ce village a également conservé le châtelet d’entrée de l’ancien château fort, son église romane Notre-Dame et St-Cyprien. Ces forteresses contre lesquelles est venu se blottir un village sont très présentes tant dans le paysage que dans les esprits. En revanche, les châteaux isolés, plus discrets contribuent moins à caractériser le paysage de l’unité, ils se devinent plus qu’ils ne se voient. L’unité comprend des établissements religieux, d’anciennes abbayes comme celle de l’Etoile, celle de Nouaillé-Maupertuis, et de nombreuses églises romanes. La pédagogie dispensée autour des Petites Cités de Caractère ou bien du Pays d’art et d’histoire du Montmorillonnais éveille les regards et permet de découvrir un patrimoine plus discret qui pourtant, est constitutif des paysages bâtis de l’unité.

    Places et placettes

    Chaque village ou bourg a sa place principale, lieu de convergence, accueillant souvent plusieurs fonctions : mémorielle avec la présence du monument aux morts, commerciale avec la tenue du marché, une fonction de stationnement également. Carrefour de rues ou grande esplanade, petite place en triangle ou simple parvis, on rencontre une diversité de formes, de géométrie, de dimensions, qui varient selon la topographie, l’architecture et la taille du village. Elles sont souvent plantées, avec plus ou moins de densité et ce sont majoritairement des alignements de tilleuls. Ces espaces publics contribuent à la qualité des paysages bâtis, offrant des respirations dans un tissu dense et permettant un recul pour découvrir les architectures qui les bordent.

    Une diversité de matériaux de construction

    L’unité étant étendue, on rencontre une variété de matériaux, notamment en termes de couverture qui sont tantôt en ardoises, tantôt en terre cuite, tuiles plates ou canal. Il en va de même pour les façades. On rencontre des élévations en moellons de calcaire, enduites à l’origine, avec des variations de teinte selon les matériaux locaux. Les encadrements des fenêtres et des portes sont en pierre de taille. Ces enduits ont quelquefois été décapés pour mettre à jour la pierre. Dans le nord de l’unité, le tuffeau(Craie poreuse à grain fin. Le terme peut désigner la roche, la pierre de construction, parfois le sol) apparait, soit pour les encadrements et les ornementations, soit pour des façades complètes, pour des bâtiments prestigieux ou des maisons de maître. Ces variations de matériaux sont progressives, certains villages ou bourgs accueillent à la fois un bâti couvert en ardoises et un bâti couvert en terre cuite, mais la patine du temps semble avoir harmonisé ces nuances pour composer des paysages bâtis harmonieux et colorés.