Les places, points de rencontre au cœur des bourgs

    Les places constituent un élément essentiel des paysages bâtis, d’une part parce qu’elles sont un point de rencontre, un lieu de vie, elles accueillent des usages, marchands, festifs, commémoratifs ou simplement de détente, d’autre part parce qu’elles offrent un point de vue particulier sur les bâtiments qui les bordent, permettant un recul et une vision d’ensemble difficile à appréhender dans les rues. Les places sont constitutives de la forme urbaine. Dans les tissus anciens, elles sont rarement de forme régulière, elles semblent déduites des ilots bâtis. Pour se développer selon une géométrie régulière, les places doivent être le fruit d’une conception d’ensemble, comme un projet de place d’armes, de foirail ou de parvis devant un bâtiment d’importance tel un hôtel de ville. Elles peuvent être liées également à l’extension ou la réorganisation d’un quartier ou bien au déplacement d’une rue, d’une route ou à la reconstruction d’un pont. C’est l’exemple de la place du marché à Lussac-les-Châteaux, quadrilatère presque parfait de plus d’un hectare, qui n’existe pas encore au milieu du XIXème siècle. Ainsi, malgré des fonctions communes, les places présentent des aspects bien différents selon les villes.

    Converger : les places triangulaires

    Les places triangulaires correspondent souvent à un carrefour de rues qui convergent vers le centre bourg ou bien vers un édifice important. La place Joffre à Neuville-du-Poitou, belle place triangulaire qui occupe presqu’un demi-hectare est un bon exemple de ces places triangulaires. Il en existe de dimensions plus modestes. Quelquefois, la topographie accentue cette forme de triangle qui facilite le raccordement entre deux rues à l’altimétrie différente. St-Sauvant comprend deux places triangulaires conservées de la forme urbaine ancienne, bien que l’ilot central de la mairie et de la halle aient évolué.

    Se déployer : les places rectangulaires

    Les places de forme régulières sont principalement rectangulaires. Du fait de leurs dimensions importantes, elles prennent facilement un aspect monumental. La plupart du temps, elles sont plantées, soit sur leurs bordures soit sur toute la surface, ce qui leur confère une qualité supplémentaire. Beaucoup d’entre elles sont plantées de tilleuls mais on rencontre également des places ombragées par des marronniers ou des platanes. Ces plantations sont régulières comme la géométrie de la place. Le rythme des troncs et le plafond végétal constitué par la couronne des arbres diversifient les perceptions et apportent de l’ombrage. Elles ont souvent conservé une partie de leur surface en matériau perméable soit en gravier, soit en surface herbeuse. A ce titre elles jouent un rôle bénéfique en termes de microclimat, constituant des ilots de fraîcheur au cœur des villes. Certaines ont conservé ou retrouvé une halle de marché.

    Depuis un demi-siècle, elles accueillent un nouvel usage, le stationnement, avec plus ou moins d’égard pour les arbres selon les cas.

    Certaines places ne correspondent pas à une figure géométrique parfaite, mais l’aménagement tend à redonner de la régularité et de la symétrie à l’espace, soit par le recours aux rangées d’arbres, soit par des accotements élargis en bordure.  

    Se poser dans la pente

    La présence des rivières et de leurs vallées ont généré un urbanisme de pente. C’est ainsi qu’un certain nombre de villes ou de bourgs sont implantés sur versant. Or les usages d’une place, marchés, cérémonies ou stationnements nécessitent que la pente soit adoucie, voir que le sol soit aplani. Cette contrainte de relief impose aux bâtiments et à l’espace central de s’adapter à la déclivité du terrain. Même s’il est modérément incliné, quand l’étendue de la place est grande et que le sol est maintenu à l’horizontale pour faciliter les usages, le point de rattrapage avec le terrain naturel nécessite un aménagement particulier. Selon les situations, les réponses sont différentes et nuancées en fonction de l’architecture environnante et des usages.

    Le recours aux soutènements

    Quand le relief est très marqué, le recours aux murs de soutènement est indispensable pour assurer une bonne horizontale. C’est le cas dans les sites accidentés comme Chauvigny ou Montmorillon, mais également dans des situations moins pentues. Le soutènement par maçonnerie permet d’utiliser toute la surface de la place, à la différence d’un talus. Quelquefois, la rue dévale en suivant le terrain naturel, tandis que la place garde une inclinaison modérée, moins marquée que la pente de la rue. Ces situations sont intéressantes parce qu’elles donnent à lire la pente naturelle (celle de la rue) qui devient plus lisible grâce à la comparaison avec l’horizontale de la place. Elles offrent également des perceptions variées sur les façades, selon d’où l’on se place pour regarder.

    Le choix des gradins

    Quelquefois, le choix est fait de conserver un sol en pente et de ne créer des horizontales que ponctuellement. C’est le cas en particulier dans les aménagements récents pour lesquels la prise en compte de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite tend à effacer les emmarchements. Pour autant, certaines circulations ou accès sont maintenus par le biais d’escalier ou de gradins.

    Les terre-pleins plantés

    Moins onéreux que les ouvrages maçonnés, mais mobilisant davantage de superficie, les terre-pleins plantés permettent d’absorber discrètement une différence de niveaux entre deux rues parallèles ou qui se croisent. Ils introduisent dans le paysage bâti, une tonalité différente, donnant soit un caractère plus rural, soit au contraire, une ambiance plus jardinée, façon square.