Une terre de confluences
Dans ce département traversé par plusieurs rivières, les confluences sont nombreuses, qu’il s’agisse de celles entre les rivières principales (Vienne, Creuse, Clain, Charente, Gartempe) ou de celles, plus modestes, entre ces rivières et leurs affluents.
Des lieux pour comprendre la géographie
La Vienne est riche d’une multitude de cours d’eau depuis les plus petits jusqu'à ses principales rivières. Si les rivières ont pendant longtemps été au cœur de la vie des territoires qu’elles traversent et le support de multiples activités (pêche, flottage, navigation, moulins…) elles ont depuis été moins entretenues et la végétation reprenant ses droits, sont devenues moins visibles dans le paysage. Dans ce contexte, les confluences sont des lieux clés pour la compréhension de la géographie qui mériteraient d’être mis en valeur. Les confluences sont en effet des secteurs de charnière, d’articulation des vallées et des eaux et bien souvent des lieux dont l’occupation humaine peut être ancienne.
Les eaux mêlées
La confluence c’est le mélange des eaux entre les deux cours d’eau, chaque rivière ayant un débit, une coloration des eaux qui lui est propre et qui varie au cours des saisons et des précipitations sur son bassin versant.
Les confluents sont des lieux de conjonctions amoureuses et les « eaux mêlées » le symbole de l’union absolue. »
Jacques Lacarièrre, Au cœur des mythologies.
Parfois, à certaines saisons notamment, en aval de la confluence, on peut distinguer sur une certaine distance la coloration différentes des eaux des deux cours d’eau, liée aux sédiments en suspension, qui mettent du temps à se mélanger.
Après la confluence, la rivière principale augmente de débit et souvent de largeur ou de profondeur.
Bec et pointe : Les confluences ont, pour les principales, un nom : Bec des Deux Eaux pour la confluence de la Vienne et de la Creuse, Pointe de Forclan pour celle de la Vienne et du Clain.
Ces noms évoquent l’angle aigu que forme en plan la jonction des deux cours d’eau, qui dessine en son centre une langue de terrain étroite.
Des confluences habitées
Les confluences, points de rencontre de cours d’eau, d’addition de leurs eaux et de leurs débits, de mélange de leurs sédiments, sont également souvent des lieux d’implantation de villes.
La confluence entre deux cours d’au a souvent créé des conditions favorables pour la construction de villes grâce à un site plus facilement défendable car délimité par deux cours d’eau (Poitiers à la confluence du Clain et de la Boivre ), ou parce qu’il permettait de profiter de la force motrice de deux cours d’eau ou d’opportunité de navigation…
La Pointe de Forclan sur la commune de Cenon-sur-Vienne, constitue la seule confluence bénéficiant d’un aménagement d’espace public permettant de la découvrir. Le site a été occupé dès le néolithique et des vestiges d’une occupation régulière au cours des temps y ont été retrouvés : site de l’âge du Bronze, restes gallo-romains, nécropole mérovingienne…
La Gartempe rejoint la rive gauche de la Creuse au niveau de la Roche-Posay, en limite des départements de la Vienne et de l’Indre-et-Loire. La confluence à lieu en rive gauche, dans un méandre de la Creuse. Située à moins d’un kilomètre du centre-bourg, le site de la confluence n’est pourtant pas accessible au public, bien qu’un chemin amène au bord de la Gartempe depuis le terrain de sport de La Roche-Posay.
Des lieux discrets, à l’écart
A l’opposé, certaines confluences proposent aujourd’hui des lieux discrets, à l’écart de l’agitation urbaine. La pointe est alors un site secret dont le chemin n’est connu que de quelques-uns, lieu de pêche, de baignade ou de contemplation solitaire.
Les eaux de la Creuse et de la Vienne se mêlent au Bec des Deux Eaux, aux confins des départements de la Vienne et de l’Indre-et-Loire. Jusqu’en 1998, date de la destruction du barrage de Maisons-Rouges, implanté 750 m en aval de la confluence, le site était surtout connu pour son réservoir d’un côté et sa plage de l’autre. Le barrage, construit en 1920, a été détruit dans le cadre du plan Loire Grandeur Nature, pour favoriser la circulation des sédiments et des poissons migrateurs. Aujourd’hui le Bec des Deux Eaux, confluence majeure du département, reste peu accessible et peu signalé.
La confluence a lieu à 1,8 kilomètre au sud de Vicq-sur-Gartempe au milieu des prés bocagers. L’Anglin débouche de sa vallée encaissée et étroite et conflue en rive droite avec la Gartempe dans une vallée plus ample. Une petite plage apparait à la pointe, lors des basses eaux.