Dynamiques et enjeux paysagers dans les Terres Rouges Bocagères

    Dynamiques

    La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage. L’exemple choisi se situe aux alentours de lusignan.

    Les Terres Rouges Bocagères au XIXème siècle

    La carte d’Etat-major montre un territoire rural sillonné de nombreux chemins bordés de haies bocagères.

    Le parcellaire est ponctué de petits bois (en vert) et de quelques parcelles de vignes (en gris). La Vonne sculpte une vallée encaissée occupée par des prés humides (en bleu-gris). Les versants les plus raides sont occupés par des bois. Plusieurs fermes isolées ponctuent les parcelles, espacées de 600 m à 1 km.

    Situé sur la route reliant Poitiers à la Rochelle, Lusignan forme un bourg en deux parties. Le noyau initial est installé sur un site défensif dominant la vallée de la Vonne autour de l’ancien château. En contre-bas du cœur ancien, deux faubourgs se sont développés le long de la grande route.

    Les Terres Rouges Bocagères au milieu du XXème siècle

    La photographie aérienne des années 1950-65 permet de préciser l’occupation du sol.

    Un petit parcellaire bocager

    La photographie aérienne révèle un petit parcellaire mêlant cultures et prairies. Les haies bocagères cernent des groupes de parcelles. Les parcelles sont comprises entre 1 et 7 ha et ont des formes plutôt carrées. Le maillage de haies commence à présenter certaines discontinuités, qui révèlent un début de regroupement parcellaire. Les fermes comprennent plusieurs bâtiments et sont  adossées à de petits bois et à des parcelles de vergers.

    Les Terres Rouges Bocagères aujourd'hui

    La photographie contemporaine révèle de nombreuses évolutions.

    L’augmentation des cultures et la régression du bocage

    Le paysage rural a considérablement changé : les haies bocagères sont désormais résiduelles, discontinues. Les Terres Rouges Bocagères sont en train de devenir un territoire de grandes cultures où les arbres se raréfient. Les parcelles se sont agrandies, pour atteindre des superficies comprises entre 10 et 40 ha. L’évolution de la trame bocagère est irrégulière selon les exploitations agricoles, ce qui amène de forts contrastes selon les portions de territoire : par endroit la trame bocagère est à peu près en place quand ailleurs toutes les haies ont disparu.

    Les haies ont également régressé le long des chemins et des routes, ce qui contribue fortement à l’impression d’ouverture du territoire.

    Des routes et des chemins bocagers

    Les haies bocagères accompagnent les chemins et les routes. Les haies sont taillées, mêlant  haies arbustives et arbres isolés ou en groupe.

    Une extension urbaine

    Le bourg de Lusignan s’est étiré le long de la grande route. Il a doublé sa longueur, formant un faubourg de presque 2 km de long.

    La fermeture de la vallée de la Vonne

    Dans la vallée de la Vonne, une partie du fond de vallée est maintenant fermée par la végétation, ce qui limite la perception de la vallée. Avec la croissance des arbres des versants, les vues sur la vallée deviennent plus rares et plus étroites.

    L’extension urbaine de Lusignan

    La ville de Lusignan est maintenant contournée par l’est. La ville s’étend désormais sur plus de 3 km de longueur et couvre environ 1,8 km² soit quatre fois plus que sa superficie des années 1965.

    Enjeux paysagers

    Dans les Terres Rouges Bocagères, les enjeux paysagers principaux sont liés à la mutation du parcellaire agricole et au maintien du bocage.

    Allier mutation du parcellaire agricole et maintien du bocage

    Une des particularités de cette unité est l’alliance d’un parcellaire de grandes cultures, allié à la présence d’un bocage intermittent. Ce territoire, autrefois dédié à l’élevage, est en mutation vers les cultures céréalières. Les parcelles s’agrandissent et la trame bocagère préexistante se disloque. La couleur de la terre rouge sur une grande partie de ce territoire vient souligner le maillage de haies d’une tonalité très particulière. Les cultures, dont les textures et les couleurs varient au fil des saisons, sont ponctuées d’une ossature arborée, qui cadre ou anime les parcelles. Les arbres isolés, les bosquets, les haies et les lisières modulent l’échelle du paysage. La présence d’une végétation arborée pérenne participe à la qualité environnementale de ce territoire (érosion, biodiversité, cycle de l’eau, qualité des sols…). La variété de taille des parcelles participe également à la diversité des paysages. La présence d’un petit parcellaire forme ainsi une transition paysagère  autour des villages et des bourgs, ou aux abords des rivières. L’enjeu est de trouver un équilibre entre les grandes parcelles de cultures et la présence bocagère. On ne voit que peu de renouvellement des arbres de haut-jet (châtaigner) dans les haies. Si on n’y prend garde, petit à petit ces structures végétales risquent de disparaître.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Maintenir une diversité de taille de parcelles. Eviter les regroupements de parcelles trop importants. 
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    • Encourager les rotations de cultures diversifiées. 
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    • Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire.  Remailler les parcelles par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
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    • Préserver et renouveler les arbres (haies, arbres isolés) qui accompagnent les parcelles. Promouvoir l’agroforesterie. Promouvoir et aider financièrement la replantation des haies.
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    • Cibler les actions de replantations sur les secteurs qui se sont le plus ouverts. 
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    • Planter des haies ou des arbres d’essences locales aux croisements, aux entrées de champs, aux abords des fermes. 
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    • Maintenir ou créer un réseau de chemins publics accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. 
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    • Planter des arbres ou des haies bocagères, d’essences locales le long des chemins. 
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    • Planter sur les parcelles communales pour donner l’exemple. 
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    • Préserver la végétation arborée dans les documents de planification.
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    • Utiliser la politique Trame verte-Trame bleue pour préserver le bocage et cibler les actions.
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    • Développer la filière bois-énergie pour donner une reconnaissance économique au bocage, favorisant ainsi la gestion et le renouvellement du bocage. 
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    Accentuer la lisibilité des vallées et de la présence de l’eau

    Plusieurs vallées forment des couloirs, sinueux pour certains, à travers les étendues semi-bocagères de grandes cultures. Ces reliefs en creux sur le plateau constituent de forts contrastes qui animent les paysages. Il y a un véritable enjeu de lisibilité des vallées tant depuis les hauts, par les points de basculements dans la vallée, que depuis le fond de vallée avec la présence d’ouvertures et de vues sur la rivière. Cela s’illustre notamment par la mise en valeur des situations en belvédère depuis les coteaux qui donnent à voir la topographie avec une certaine ampleur, des vues sur les silhouettes des villages inscrits dans les vallées, de la vision sur la boucle d’un méandre ou d’un éperon. A l’intérieur de la vallée, sa lecture dépend des ouvertures visuelles depuis les routes et les chemins. Toute occasion de révéler les mouvements de reliefs, le contraste du fond et des coteaux ou bien les perspectives sur la rivière participent à offrir un paysage singulier.

    Le cours d’eau constitue un fil conducteur essentiel du point de vue du paysage, révélant la géographie et bien souvent l’histoire des lieux. L’eau revêt toujours un pouvoir d’attraction fort et participe à la qualité des paysages. C’est une présence incontournable, un élément identitaire fort. Toute occasion de voir, d’accéder et de s’approcher de l’eau est riche de potentiel. L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des prairies et des ripisylves, participent à produire un paysage attractif. La démarche Trame verte / Trame Bleue, avec un travail sur les liaisons écologiques, vient appuyer ces mises en valeurs paysagères.

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Conserver et mettre en valeur des points de vue sur la vallée depuis les coteaux. Ouvrir des vues sur la vallée depuis les routes.
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    • Maintenir des vues transversales à la vallée (covisibilité des versants).
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    • Conserver des vues sur le cours d’eau depuis les coteaux et les routes.
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    • Eviter une trop grande fermeture visuelle des versants sur de longs linéaires. Maitriser l’impact de l’exploitation forestière des coteaux.
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    • Encourager les ouvertures visuelles en crête, sur les pentes et dans les fonds.
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    • Mettre en scène les sites d’implantation villageoise dans la vallée. Maitriser les extensions urbaines sur les crêtes et les coteaux.
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    • Mettre en valeur les sites historiques, notamment urbains, liés au relief de la vallée et au passage de la rivière.
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    • Gérer et entretenir la ripisylve qui signale le passage de l’eau.
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    • Gérer la végétation pour voir l’eau, notamment aux abords des ponts, des routes et des villages.
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    • Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles. Eviter les plantations  de peuplier à proximité des confluences, des bourgs et des ponts.
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    • Conserver un cordon de prairies qui ouvre le paysage en fond de vallée le long de l’eau.
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    • Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des accès et des emprises publiques le long des cours d’eau  à proximité des villages. Créer des aires de stationnement sobres et discrètes.
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    • Mettre en valeur les petits ouvrages et le patrimoine lié à l’eau : pont, lavoir, fontaine…
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    • Mettre en scène ou aménager les façades urbaines sur la rivière. Aménager des espaces publics en bord d’eau dans les villages et les bourgs : cheminement, jardin, place…
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    • Gérer avec soin tous les circuits de l’eau traversant les cultures ou les bourgs.
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    Porter une attention aux hangars et aux silos

    De nombreux hangars, mais aussi des silos, de toutes les tailles, ponctuent les grandes étendues cultivées. Le regroupement des exploitations, l’intensification des moyens de production ont entrainé une évolution des structures d’exploitations. Les hangars et les silos plus modernes, utilisant des matériaux métalliques clairs, voire réfléchissant, ont vu ainsi le jour. Ces installations, très visibles dans le paysage, forment des repères importants. Elles prennent place de façon isolée ou en accompagnant les fermes. Le bocage intermittent compose avec elles pour en moduler la perception. Ces bâtiments participent à l’image de l’activité agricole et de son dynamisme. Les préoccupations actuelles tendent à promouvoir une meilleure harmonie concernant leur inclusion dans le paysage. Leur qualité architecturale (volumes, matériaux, couleurs…), ainsi que le soin apporté à l’aménagement de leurs abords (plantations, clôtures...), participent à une meilleure intégration de ces bâtiments.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Eviter les implantations trop visibles des nouveaux bâtiments, en entrée de village ou en bord de route par exemple.
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    • Réfléchir à l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes des bâtiments.
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    • Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
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    • Aménager avec soin l’entrée des installations. Planter des arbres d’essences locales isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
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    • Planter aux abords des bâtiments et des silos pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte. L’objectif n’est pas de cacher mais d’accompagner.
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    • Planter les limites de parcelles environnantes pour créer une trame qui permet de mieux inclure les constructions.
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    • Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.
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    • Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti ancien. Maintenir un espace entre le bâti ancien des fermes et les nouveaux hangars. Prendre garde à la concurrence visuelle des hangars avec le bâti ancien.
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    Valoriser les itinéraires routiers et les chemins

    Plusieurs axes majeurs aux tracés rectilignes traversent les Terres Rouges Bocagères. Les itinéraires routiers sont les premiers vecteurs de découverte et de perception du paysage. Ils constituent également le quotidien des habitants au fil de leurs déplacements, incluant les itinéraires secondaires. Pour les axes importants, la perception depuis l’axe (perception du paysage depuis la route) mais aussi depuis l’extérieur (perception de l’axe dans le paysage) mérite une réflexion pour mieux les qualifier. Toutes les connexions (carrefour, entrée de bourg) demandent une mise en valeur paysagère. Les accotements des voies et leur gestion (talus, végétation) conditionnent les vues et constituent ainsi un enjeu important. La présence arborée le long des routes (haies, châtaigniers isolés, bosquets) module et anime la perception des paysages depuis ces axes. La maitrise des développements urbains le long des routes (zones d’activités, urbanisation résidentielle…) conditionne également la qualité des itinéraires et l’image des communes traversées. Les chemins qui parcourent ce territoire, parfois accompagnés de haies, sont un atout à préserver pour se promener. Aux abords des villages, les itinéraires doux sont à promouvoir pour la qualité du cadre de vie des habitants.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Mettre en place des chartes d’itinéraires. Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes (séquences paysagères, abords directs, contraste, point focal…). 
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    • Valoriser les événements jalonnant les parcours : carrefour, pont, arbre remarquable…
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    • Maintenir et replanter des haies vives le long des routes. Remailler les bouts de haies encore en place.
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    • Conforter ou aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
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    • Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
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    • Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours.
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    • Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
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    • Poursuivre la politique d’installation de voies vertes. Accompagner les voies d’une mise en valeur paysagère.
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    • Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage : accès à l’eau, forêt… 
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    • Préserver un maillage de chemins publics autour des villages et des bourgs.
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    Valoriser le patrimoine bâti et les formes urbaines historiques

    Concernant la spécificité des implantations urbaines anciennes, il est à remarquer, dans cette unité paysagère, les villages et bourgs liés aux vallées. En effet, la pente et les situations en belvédère créent des situations remarquables. Il en est de même le long des rivières avec les façades bâties ou les jardins donnant sur l’eau. Il est intéressant de protéger et restaurer ces compositions et de mieux révéler leurs particularités.

    A cela s’ajoute à travers l’unité la présence d’un patrimoine bâti, parfois monumental. Enceinte fortifiée, donjon, château, église, porche ornementé, viaduc et ponts… font partie des découvertes. A l’échelle du bourg, des alignements, ou des ensembles de façades, parfois avec des fenêtres à meneaux ou des dessus des portes aux décors sculptés sont présents.  Ces nombreux attraits architecturaux méritent donc une grande attention pour les préserver et les valoriser. Ils constituent autant de points qui, par touches successives, participent au charme de la découverte de cette unité paysagère. Les éléments patrimoniaux sont également bien souvent des clés incontournables d’une attractivité touristique.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Inventorier, préserver et réhabiliter le patrimoine ancien : calvaires, fermes, bâti villageois, religieux, moulins, château...
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    • Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique. 
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    • Maintenir la visibilité du bâti patrimonial en évitant l’enfrichement ou des plantations trop denses aux abords.
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    • Valoriser le patrimoine bâti du village, sa singularité, son histoire. Prendre en compte et valoriser la diversité du patrimoine bâti, sans hiérarchie en fonction de l’ancienneté.
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    • Veiller à la cohérence des lots en cas de divisions de propriétés pour favoriser l’intégrité du bâti et son avenir.
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    • Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti et à la spécificité de son implantation. Prendre en compte la variété des modes de construction ; repérer les spécificités pour éviter l’uniformisation. Impliquer les professionnels du bâtiment pour sauvegarder et valoriser cette diversité.
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    • Alimenter les sites d’information sur toutes les données patrimoniales. Restituer aux habitants la connaissance sur la valeur patrimoniale de leur village.
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    • Dans les bourgs, réhabiliter et transformer le bâti ancien mitoyen pour répondre aux usages actuels : regroupement de maisons, création de jardin ou de garage, recomposition du bâtiment derrière une façade préservée, restructuration d’îlots…
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    • Respecter l’échelle du village et sa silhouette dans son développement. Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs ainsi que leur densité. Prendre en compte la forme urbaine du village et son site dans les projets d’extension.
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    • Maitriser la qualité des développements bâtis qui s’étendent en périphérie et constituent la première image du bourg. 
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    Maitriser le développement urbain

    Les vallées et leurs abords concentrent l’essentiel des villages et des bourgs des Terres Rouges Bocagères. Il existe cependant quelques bourgs implantés sur le plateau (Rouillé, St-Sauvant) aux silhouettes bien perceptibles de loin. La présence d’axes de communication importants et la proximité de l’agglomération de Poitiers entrainent par endroits une certaine pression d’urbanisation. Le développement de l’urbanisation est souvent irréversible et mérite de nombreuses réflexions en amont pour induire un paysage de qualité.

    Autour des centres anciens et des hameaux, les extensions urbaines peuvent s’ajouter au fil du temps, parfois en s’étirant le long des routes (développement linéaire), ou par extensions périphériques. Ces évolutions souvent peu qualitatives donnent une image du territoire moins spécifique, banalisant les paysages. La vigilance doit donc rester forte quant à la localisation des développements sur les périphéries et les entrées et tout particulièrement sur les versants des vallées où ils peuvent être plus visibles. Il est intéressant de réfléchir à la forme et à l’implantation des nouvelles constructions, aux connexions avec le centre-bourg et à un développement harmonieux avec le site d’implantation. La réflexion doit également porter sur la dynamisation du centre-bourg, en restaurant et en redonnant vie aux habitations anciennes ou aux commerces délaissés, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg. La qualité et le positionnement de l’urbanisme commercial ne doivent pas être oubliés également compte tenu de leur impact sur les paysages urbains.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire l’urbanisation linéaire et le mitage. Adapter le développement du bourg à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols.
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    • Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine. Eviter la fragmentation des espaces agricoles.
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    • Affirmer les entrées de bourg et requalifier les voies d’accès.
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    • Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg. Accompagner les mutations du bâti pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui.
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    • Prévoir des espaces publics structurants ou de liaisons. Requalifier les extensions urbaines en faisant appel à l’urbanisme végétal en lien avec le réchauffement climatique.
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    • Travailler sur la densité et maitriser les formes urbaines. Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement au profit de quartiers reliés avec le centre bourg. Créer de nouvelles voies et un maillage viaire.
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    • Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations. Favoriser l’alignement des façades et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs.
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    • Aménager les périphéries des villages sur les plateaux : plantations, chemin de tour de village.
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    • Requalifier les abords des zones d’activités le long des axes et des entrées de villes.
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    Mettre en valeur les espaces publics

    Les Terres Rouges Bocagères proposent une certaine variété des espaces publics, compte tenu d’une diversité d’implantation des bourgs, en plateau ou en vallée. Il y a bien sûr les places, symbole d’une centralité, parfois de simples croisements devant l’église. On y retrouve fréquemment des tilleuls qui se déclinent en mail ou alignement, formant un patrimoine arboré dans le village. Dans les bourgs de vallée, l’urbanisation compose des espaces publics au contact de l’eau, avec des passerelles ou des ponts. Certains lieux offrent également des positions en belvédère sur la vallée. Plus globalement, un centre bourg animé joue un grand rôle pour l’image de la commune. Des espaces publics de qualité, constituent le cadre quotidien des habitants, conditionnent l’attractivité des communes et participent à l’envie de s’y installer. Cette perception débute dès l’aménagement de l’entrée du bourg, où la route se transforme en boulevard ou en rue. Les rues, les places, les mails, les promenades au bord de l’eau, les jardins, les champs de foire et les parcs publics sont autant d’éléments qualitatifs pour créer des centralités, relier les différentes parties du bourg ou encore créer des transitions bienvenues notamment avec les espaces agricoles. Dans les villages, leur charme réside aussi dans leur simplicité «  rurale  » utilisant des matériaux et des techniques locales, bien loin du «  tout bitume  ».

    Pistes d’actions envisageables :

    • Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village ou le bourg.
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    • Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
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    • Porter une attention particulière aux espaces publics en lien avec la rivière : promenade, terrasse, parapet, berges plus naturelles…
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    • Mettre en valeur les espaces publics en belvédère sur les vallées. Gérer la végétation pour conserver les vues.
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    • Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
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    • Utiliser l’arbre pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail). Planter pour éviter les îlots de chaleur.
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    • Eviter l’imperméabilisation systématique des sols. Favoriser l’infiltration directe dès que cela est possible.
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    • Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
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    • Utiliser des matériaux simples mais de qualité pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, pelouse, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité.
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    • Aménager des cheminements autour des villages en complément du centre ancien en transition avec la campagne.
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    • Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants en lien avec le centre bourg : place, avenue, mail, jardin public...
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    • Donner une place aux circulations douces.
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    • Préserver un maillage de chemins autour des villages. Instaurer des transitions avec les espaces forestiers ou agricoles.
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    Valoriser la présence des boisements et l’accès aux forêts

    De nombreux petits boisements viennent s’intercaler avec les cultures dans les Terres Rouges Bocagères. Ils marquent le paysage de leur présence avec leur silhouette, leur composition floristique et leur lisière, apportant ainsi une certaine diversité. Certains forment des cordons ou de petites nappes. D’autre part, les vallées sont pour partie accompagnées de boisements à leurs abords, qui forment un filtre avant le basculement vers les fonds. Les coteaux, en fonction de la pente sont également boisés. La gestion, voire l’exploitation de ces bois des versants peuvent devenir très prégnantes avec les covisibilités dues au relief.

    Deux massifs forestiers domaniaux plus étendus (St-Sauvant, Vouillé-St-Hilaire) dont un très proche de Poitiers comportent d’autres types d’enjeux au regard de leur fréquentation publique. Cela concerne leur accessibilité (aire d’arrêt, voie douce, chemin), la gestion et le choix des plantations le long des routes et des chemins (futaie jardinée), la qualité et la diversité des lisières entre autres.

    Pistes d’actions envisageables : 

    • Préserver les boisements au sein des cultures.
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    • Aménager avec soin les aires d’accès aux parties publiques de la forêt.
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    • Maintenir le petit parcellaire et la présence des haies aux abords des grands massifs forestiers. 
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    • Concilier propriété privée et accès public aux forêts.
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    • Animer les lisières le long des axes routiers et des chemins. Moduler les lisières pour apporter une diversité. Maintenir quelques arbres le long des routes lors des coupes. Mettre en valeur des arbres remarquables.
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    • Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière.
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    • Favoriser une gestion forestière en futaie jardinée avec la conservation de sujets âgés sur les parcelles communales ou domaniales.
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    • Limiter les coupes à blanc. Préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée.
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    • Dans les vallées, éviter de refermer ou de cloisonner le fond de vallée par les boisements.
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    • Sur les coteaux des vallées, éviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes. Eviter l’irruption de la géométrie des lignes de plantations ou du parcellaire sur les versants. Eviter les plages d’exploitation en tranche verticale au profit de parcelles d’intervention horizontales sur les coteaux. Etre vigilant sur les effets paysagers de la gestion forestière des crêtes. Faire attention à “l’effet créneau” des coupes sur les crêtes.
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    Maitriser le déploiement des parcs éoliens

    De nombreux parcs éoliens ont été implantés dans les Terres Rouges Bocagères, constituant le territoire de la Vienne le plus sollicité pour le moment sur ce point. Ces développements permettent ainsi un retour d’expérience sur l’impact visuel des parcs dans le paysage. Ainsi des effets de dominance ou de covisibilité par rapport aux silhouettes des villages, des fermes ou des châteaux sont présents par endroit. La répétition des parcs et leur concentration sont également à interroger.

    La hauteur, la couleur claire, la rotation des pales ou encore l’éclairage nocturne rendent les éoliennes très visibles. Il n’est pas possible de chercher à les masquer, il faut donc rechercher à composer un nouveau paysage où les éoliennes seront un élément à part entière.

    Il est donc important de préfigurer la capacité et la sensibilité des Terres Rouges Bocagères à accueillir les éoliennes. La répartition à travers l’unité paysagère, la densité des parcs, la taille et l’agencement des parcs entre eux sont par exemple à étudier finement. Les effets de dominance et de covisibilité aussi. On pourra ainsi éviter les effets de saturation et le mitage récurrent, mais aussi déterminer les secteurs à privilégier et ceux plus intimes à éviter comme par exemple les vallées et leur proximité. A l’échelle des projets, l’implantation des éoliennes au sein d’un même parc et leur composition avec le paysage, la position des parcs par rapport aux axes routiers, constituent autant de points à investiguer pour la réussite d’implantation de parcs éoliens au regard du paysage.

    Pistes d’actions envisageables :

    • Etablir des schémas départementaux et intercommunaux, étudiant les conditions d’implantations des parcs et leur conséquence dans le paysage. Définir la sensibilité de l’unité au regard de l’éolien et les bases de réflexions à avoir.
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    • Inclure dans les documents d’urbanisme les choix résultant de la réflexion et de l’étude.
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    • Prévoir les conséquences du choix d’implantation des postes sources qui conditionnent l’implantation des futurs parcs.
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    • Réfléchir aux discontinuités des parcs pour éviter l’effet de masse. A l’inverse, veiller aux effets de mitage trop important par de nombreux petits parcs.
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    • Prévoir pour les parcs : les densités, les tailles, la répartition dans l’unité, la composition…
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    • Bien étudier l’impact paysager ou patrimonial des parcs. Composer avec les lignes de forces.
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    • Adapter le projet au site pour une implantation harmonieuse. Réfléchir à toutes les échelles, des vues les plus lointaines aux abords directs, pour caler au mieux le projet.
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    • Evaluer l’impact visuel des projets, notamment vis à vis des sites touristiques ou des sites et monuments bénéficiant d’une protection.
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    • Observer une grande vigilance vis à vis des covisibilités et des effets de dominance par rapport aux villages et aux bourgs.
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    • Intégrer les équipements connexes : transformateur, chemin d’accès…
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    • Recomposer les trames du paysage une fois le parc implanté.
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    • Effectuer des retours d’expériences sur des cas concrets de parcs installés.
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