Le bâti sur cour, un leitmotiv des paysages de la Vienne
L’organisation du bâti autour d’une cour se rencontre dans tout le département. Le modèle de base se décline en fonction des matériaux, des usages, des époques de construction et des moyens du propriétaire. En effet, le modèle peut se décliner à des échelles très différentes, tout en conservant une proportionnalité entre la taille de la cour, celle de l’habitation et celle des dépendances.
Il y a également des variations selon la situation des bâtiments, c’est-à-dire selon s’ils sont isolés ou bien inclus dans une forme urbaine, hameau ou village. Dans le bâti isolé, il arrive que la cour soit clôturée par un mur bahut surmonté d’une grille mais cette transparence est rare. En général, côté espace public, la clôture de la cour est constituée par les dépendances ou les bâtiments agricoles, ce qui donne des façades quasiment aveugles, alors que l’habitation s’ouvre sur la cour. Il ne semble pas y avoir de composition systématique : chaque volume correspond à une fonction sur l’exploitation, si bien que les bâtiments de taille différente sont juxtaposés les uns et les autres sur le pourtour de la cour. L’invisibilité des cours, cachées derrière ces hauts murs, qui renvoie le promeneur à sa curiosité naturelle, est compensée par la qualité des maçonneries. Pourtant, même si on ne voit pas ou peu ce qui se passe dans la cour, cette organisation du bâti marque beaucoup les paysages, y compris les paysages bâtis.
Comme une oasis au milieu des grandes cultures
La pratique de l’organisation des bâtiments autour d’une cour quadrangulaire se retrouve dans les corps de ferme isolés. Comme dans les autres situations, les bâtiments ne sont pas forcément de la même époque de construction, ils peuvent correspondre à des phases de transformation de l’outil agricole ou bien à la modernisation de la maison. Dans les paysages de grandes cultures, ces enclos carrés se repèrent par leur géométrie et par l’élévation des bâtiments, également par la présence d’arbres autour de la maison ou dans la cour.
Les villages ou les hameaux
Le département comprend beaucoup de communes constituées par un village et de nombreux hameaux qui peuvent être de tailles importantes. Ces ensembles sont majoritairement constitués par des corps de ferme organisés autour d’une cour fermée. Dans ces situations, l’organisation relativement orthogonale de l’unité de base, soit la cour fermée et ses bâtiments, se multiplie et s’agrège autour d’un carrefour de routes, ce qui produit une forme bâtie compacte et dense, pour qui la perçoit depuis l’espace public.
Les faubourgs, un paysage de murs
Dans les faubourgs, cette implantation sur cour façonne des paysages très particuliers. L’enfilade des murs en pierre calcaire seulement interrompus, en partie basse par les portails d’entrée peut border la rue sur plus d’une centaine de mètres et cela sur les deux côtés. Quelquefois la maison d’habitation dispose de fenêtres sur la rue à l’étage, mais son entrée reste dans la cour. Le gabarit relativement étroit de la voie, ajoutée à l’élévation des murs donne une impression de densité, voire un caractère urbain. Pourtant dans la plupart des situations, derrière chaque ensemble construit autour d’une cour, se trouve un jardin, puis commencent les champs. Le tracé des rues peut être souple, les façades s’adaptent à la sinuosité, ce qui raccourcit la perspective mais rajoute du charme à ces longues façades peu percées. Il semble que ce bâti traditionnel en entrée de ville ou de bourg tende à muter, pour preuve le changement de portail observé de temps en temps.
Les entrées, une ouverture dans les murs
Ces architectures refermées sur elles-mêmes doivent tout de même offrir un accès depuis la voie publique, rue ou route. Ces entrées se déclinent selon un vocabulaire varié de portails de grandes dimensions autorisant le passage des engins agricoles. Certains sont monumentaux et ornés, d’autres sont tout aussi grands mais restent sobres. En général, les vantaux sont opaques et ne permettent pas de voir l’intérieur de la cour.